Samedi dernier, la dépouille mortelle du
R. P. Freydier, Supérieur de la Mission catholique de Tamatave, dont
la mort si rapide a si péniblement surpris tout le monde, a été accompagnée à
sa dernière demeure par la population entière de Tamatave. La population entière n’est point ici une
hyperbole, car protestants et libre-penseurs se pressaient autour de son
cercueil conjointement avec les catholiques. C’est que le défunt était un de
ces hommes rares que la France seule produit, et dont elle fait ses apôtres
pour son expansion dans le monde.
Esprit large autant que cultivé, de vues très élevées, très
tolérant, libéral même, planant au-dessus de toutes divergences politiques ou
religieuses, il se souvenait qu’à l’exemple du Christ, il se devait tout à
tous. Pour ce motif, accueillant avec tout le monde, riches ou pauvres, petits
ou grands, – petits surtout, – il se donnait sans compter.
Mais en cela même, la lame a usé le fourreau, et comme les
soldats au front, il est mort sur la brèche. En effet, n’ayant pas voulu
ménager sa santé, ni prendre le repos et les soins nécessaires, son excès de
zèle a hâté sa fin, car, avec des ménagements, sa robuste constitution lui
aurait permis de vivre encore de longs jours, étant de cette race forte du
centre de la France qui, généralement, défie les ans et les maladies.
En même temps qu’une noble figure, c’est un homme de grande
valeur qui disparaît et qui sera difficilement remplacé. Possédant une voix
puissante, harmonieuse, d’une diction pure, doué en un mot d’un véritable
talent oratoire, il ne prononçait jamais, cependant, que des allocutions aux
idées claires, précises, pratiques, – telles que l’explication et le
commentaire des évangiles, – à la portée de tout le monde, et que les plus
simples pouvaient facilement comprendre. Ces allocutions, il les prodiguait et
les improvisait avec la plus grande facilité. Il était donc un missionnaire, un
apôtre dans toute l’acception du mot, ce qui ne l’empêchait pas d’être en même
temps un homme du monde, un gentleman accompli, de relations très agréables.
Cela explique la considération et la respectueuse sympathie dont tout le monde
l’entourait.
(À suivre.)
Le Tamatave
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