(Suite et fin.)
Mais, à toutes ces qualités, il en joignait une autre non
moins appréciable aux heures tragiques que nous vivons ; c’est celle du
plus pur et du plus ardent patriotisme.
Ainsi que le Delenda
Carthago de l’antique roman, pas une de ses allocutions ne se terminait, si
même elle ne traitait exclusivement cette question, sans rappeler les malheurs
et les souffrances de la France, le dévouement et la vaillance de nos soldats
qui sacrifient héroïquement leur vie pour le salut de la mère-patrie,
c’est-à-dire pour notre salut à tous. Il insistait toujours auprès des mères de
famille pour leur rappeler que leur devoir le plus sacré était d’envoyer leur
fils au front, ajoutant qu’elles n’avaient point à se désoler puisque Dieu le
voulait ainsi.
En même temps, il rappelait avec insistance à ses auditeurs
qu’ils avaient tous le devoir sacré de joindre leurs efforts à l’effort commun,
soit en aidant de leur obole les œuvres de guerre, soit surtout en ne cassant
de prier pour la France, pour la victoire finale. À cet effet, tous les jours,
y compris fêtes et dimanches, le R. P. Freydier convoquait les
fidèles à l’église paroissiale afin d’y prier en commun pour la mère-patrie,
notamment par la récitation du chapelet qu’il ne laissait à personne d’autre
que lui le soin de présider, à de rares exceptions près.
C’est donc un ardent patriote en même temps qu’un saint
missionnaire que Madagascar a perdu. Nos regrets n’en sont que doublement
amers.
En souvenir de lui, nous tâcherons de ne pas oublier les
paroles par lesquelles il a terminé sa dernière allocution prononcée le
dimanche même qui a précédé sa mort et qui sont comme son testament
mystique : « Aimez-vous les uns et les autres. Aimez surtout les enfants
et élevez-les avec soin, afin d’en faire de bons citoyens utiles à la
France ! »
Le R. P. Freydier était né le
30 janvier 1845 à Mont, canton de Tence (Haute-Loire). En
octobre 1863, il est entré à la Cie de Jésus, où il a consacré une grande
partie de sa vie au professorat, préparant les candidats aux écoles de
Saint-Cyr et Polytechnique. Ordonné prêtre en 1877, il est venu à Tamatave en
avril 1903, et y est resté jusqu’à sa mort, sauf un séjour de 3 ans à
l’Île Bourbon.
Le Tamatave
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