23 juin 2017

Il y a 100 ans : L’avenir de Madagascar (8)

(Suite.)
Et si, malgré tout, ce dernier finit par installer son industrie, il n’est jamais qu’un étranger, un intrus dans son usine que le moindre caprice peut arrêter et, mieux que cela, faire démolir et disparaître. Voyez ce qu’édicte, dans son troisième alinéa, l’article 19 du décret du 3 juin 1913 : « Les ouvrages, terrains, bâtiments et engins de toute sorte déterminés au cahier des charges comme constituant des dépendances immobilières de la concession FONT PARTIE DU DOMAINE PUBLIC » !!!
Donc, c’est bien dans une sorte de socialisme d’État que vient s’annihiler l’industriel conduit à Madagascar par sa mauvaise étoile.
Il serait trop long de relever une par une toutes les entraves dont on l’entoure, nous ne pouvons que demander avec la plus grande énergie que ces entraves soient supprimées avant que de songer à développer à Madagascar les industries aussi diverses que nombreuses auxquelles, par ailleurs, notre colonie offre tant de facilités.
Le sucre. – Dans son câblo du 21, Havas nous annonce que le ministre du ravitaillement a invité les préfets à mettre en vigueur la carte-sucre. Cette denrée si nécessaire à l’alimentation est donc rationnée en France et constitue une question de la plus grande actualité qui préoccupe autant les consommateurs que les pouvoirs publics. À l’heure actuelle, la France ne fabrique plus assez de sucre pour sa consommation, et au cours de l’année qui vient de s’écouler, elle a dû en importer 532 751 tonnes contre une exportation de 134 935 tonnes, soit un déficit de 397 786 tonnes, ou en chiffres ronds 400 000 tonnes.
Or, tout le monde sait avec quelle facilité et quelle richesse pousse la canne à sucre à Madagascar. À l’époque de notre conquête, plusieurs fabriques de sucre étaient en pleine prospérité tant sur l’Ivondro que sur l’Ivoloina. Mais des convenances politiques ou personnelles les ont tuées, et on peut en contempler encore les ruines imposantes. Cependant quels services ne rendraient-elles pas à la France actuellement, si elles fonctionnaient encore !…
Allons, M. Lebureau, un bon mouvement ; lâchez les liens qui entravent cette industrie qu’un peu plus de liberté rendrait sous peu des plus florissantes, et encouragez les initiatives qui se manifestent.
(À suivre.)

Le Tamatave

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