21 juin 2017

Il y a 100 ans : L’avenir de Madagascar (7)

(Suite.)
M. Augagneur, aussitôt avisé, trancha la question dans les 24 heures.
Mais le force d’inertie de M. Lebureau n’a pas de limites. Forcé de s’exécuter, il répond : « Vos plans sont incomplets. »
L’industriel demande en quoi.
« Pas d’explications à vous donner. Ils sont incomplets ; refaites-les. »
Refaits, vous les présentez à nouveau.
« Vos plans ne sauraient être approuvés, tant ils sont absurdes. »
?…
« Comment, vous le demandez ? Vous mettez dans votre usine des chambres d’eau… C’est pour prendre des bains ? »
Le malheureux ignorait que ces chambres d’eau étaient destinées à recevoir des turbines.
Un autre demande :
« Combien d’eau prendrez-vous à la rivière ? »
« Mais, le cas échéant, tout ce qu’elle pourra donner. »
« Cela, jamais nous ne pourrions le permettre ! Y pensez-vous ? Que deviendraient les populations situées au-dessous de votre usine ? » (Les expressions amont et aval lui étaient inconnues.) « Elles n’auraient plus d’eau pour boire et leurs animaux mourraient de soif. »
L’homme à l’omniscience, « Zaptatout », ignorait que cette eau, toute cette eau, devrait être restituée sur l’heure à la rivière, en la forçant à passer par les auges des turbines et fournir ainsi la force motrice désirée.
Tout ce que dessus est authentique et nous pouvons donner les noms des fonctionnaires et industriels qui y sont visés. Pour abréger, nous passons sur d’autres incidents tout aussi édifiants.
Et c’est à de tels… personnages que la législation confie la direction et le contrôle de l’utilisation de la houille blanche à Madagascar.
Ce n’est pas tout.
Nous ne saurions assez insister sur la situation, pour le moins singulière, dans laquelle la législation sur la matière met l’industriel. Ce dernier apporte ses capitaux, sa science, son expérience, mais c’est un agent n’ayant aucune préparation pour cela, et qui, d’ailleurs, n’aspire qu’à une chose, faire le moindre effort possible, c’est, dis-je, cet agent qui lui imposera sa manière de voir et sa volonté sur la nature, la forme et la dimension des travaux à exécuter, heureux si par ses exigences et ses vexations il peut déterminer l’industriel à aller se faire pendre ailleurs.
 (À suivre.)

Le Tamatave

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