On en parlera,
grand’mère, sous le chaume bien longtemps, disaient les enfants en contemplant
la redingote et le petit chapeau de l’« Autre ». La question des
cuirs à la Grande Île semble ambitionner la même renommée car depuis près de
deux ans que la Commission de l’Intendance effectue ses réquisitions, le
mécontentement des colons et des commerçants de Madagascar ne fait que croître
et embellir.
Nous avons tenu nos
lecteurs au courant des diverses phases de cette question, et nous avons même
publié ici la lettre d’une des hautes personnalités de la colonie qui, n’ayant
à prendre parti ni pour l’Intendance ni pour les commerçants, était bien placée
pour en connaître et en parler avec impartialité. Le témoignage de notre
distingué correspondant ne fut pas, d’ailleurs, favorable à l’Intendance, parce
que les réquisitions étaient faites sans méthode et surtout sans économie. Nous
nous sommes également fait l’écho du commerce local, indisposé par la façon
dont on voulait méconnaître ses intérêts les plus légitimes, et qui ne
demandait, somme toute, rien qui ne fut admissible.
Une fois de plus, nous
allons rapporter ici ses desiderata ; peut-être finira-t-on par les
prendre en considération dans la métropole puisqu’à la colonie, il n’en est
tenu aucun compte.
Tout d’abord, les
commerçants demandent la liberté, comme avant, des transactions locales, et que
l’exportation des cuirs réquisitionnés soit limitée à la France. On se rappelle
qu’une bonne partie des cuirs recollés (n’ayant pu être exportés pour une
raison ou pour une autre) avait été envoyée à Maurice. De fait, il est
inadmissible qu’on prive de ses cuirs la Grande Île pour les envoyer dans l’île
voisine ; d’autre part, puisque le gouvernement réquisitionne tous les
cuirs susceptibles d’être utilisés pour les besoins de la Défense Nationale,
pourquoi ces cuirs ne sont-ils pas partis pour la France ?
Le commerce malgache
pense qu’il serait plus sage de ne réquisitionner que les cuirs reconnus
vraiment nécessaires – afin de ne pas encombrer comme on l’a fait les docks de
Majunga où ils s’avarient – et laisser les commerçants acheter les cuirs
rejetés qu’ils expédieraient eux-mêmes, comme autrefois, sur les marchés
anglais et italiens où on l’habitude de les travailler.
(À suivre.)
Le Courrier colonial
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