Dans son dernier numéro,
ce journal s’est fait l’écho des doléances de nos colons, invités à surproduire
par l’administration, alors que les rares navires envoyés par la métropole ne
peuvent même pas enlever une production normale.
Produits du sol et
produits du sous-sol sont comme sœur Anne : ils ne voient jamais rien
venir !
Le ministre du
ravitaillement, M. Maurice Long, – nom qui semblait le prédestiner à ce
poste ingrat, – annonçant à la Chambre qu’il réduisait le nombre des bateaux
assurant les transports entre Madagascar et la France, ajoutait qu’il comptait
sur le patriotisme de nos colons pour les empêcher de se plaindre d’une
pareille mesure.
Nos compatriotes auraient
tort de se lamenter, car leurs lamentations seraient sans résultat. Ils le
savent et ne perdront pas leur temps en jérémiades quand bien même ils ne
sauraient que faire de leurs loisirs.
Mais ils ne s’attendaient
vraiment pas à voir leur patriotisme mis à l’épreuve de cette manière. Ils
étaient décidés à venir par tous les moyens possibles en aide à la
métropole ; leur activité, leur dévouement, leur expérience étaient à son
service, et alors qu’ils étaient si bien disposés, on leur dit de rester
inactifs par patriotisme !
Ne faites rien, ne
produisez rien, voilà l’effort qui est demandé à nos possessions d’outre-mer
quand tous les coloniaux et nombre de métropolitains sont d’accord pour
affirmer que la métropole ne pourra subsister qu’avec l’existence de ces
lointains territoires. Le blé, l’orge, le riz, le maïs, le manioc, le sucre
qu’ils doivent produire en abondance pour suppléer à l’insuffisance de la
production de la mère patrie semblent devenus quantité négligeable, si l’on en
croit M. Maurice Long.
Voilà qui est bien fait
pour encourager nos colons et attirer vers nos possessions les immigrants et
les capitaux qui leur seront indispensables après la guerre.
Les bateaux se font
rares. Soit. Que l’on se hâte alors d’en construire dans toutes nos colonies
possédant le bois et la main-d’œuvre nécessaires.
(À suivre.)
Jean Peyraud.
Le Courrier colonial
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