(Suite.)
Suivant les dernières
statistiques que nous avons consultées, il entre encore annuellement en France
plus de 5 000 kilogrammes de cette mixture chimique au prix de
150 francs le kilogramme.
C’est donc
750 000 francs d’or qui sortent pour que la malfaisante vanilline
puisse entrer.
Est-ce admissible ?
Alors que tant de choses dont l’utilité ne saurait être contestée ne peuvent
plus être achetées à l’étranger, parce qu’il faut ménager nos ressources en or,
la vanilline continue à jouir d’un régime de faveur.
Il faut croire que les
rois de la chocolaterie sont bien puissants !
Cependant, ce n’est pas
un secret pour personne que la vanilline nous vient d’Allemagne par des voies
plus ou moins indirectes. Même en temps de guerre, les usines boches
réussissent à introduire chez nous cette drogue dont les effets nocifs ne sont
même plus discutés !
Nous demandons avec
insistance aux Pouvoirs Publics de mettre fin à ce scandale, de réserver l’or
de la France pour un meilleur usage, d’interdire rigoureusement l’importation
de la vanilline.
En même temps, ils
rendraient service à nos colons dont la vanille trouverait des débouchés à des
prix qui ne seraient pas tout à fait des prix de famine.
D’autre part, ne doit-on
pas interdire l’introduction en France des vanilles du Mexique ? À vrai
dire, nous savons qu’il en est question, mais il faudrait se hâter de prendre
cette mesure, car ici encore, c’est notre or qui s’en va à l’étranger sans
aucune nécessité, puisque les vanilles de nos colonies sont d’assez bonne
qualité pour que les consommateurs puissent se passer des vanilles du Mexique.
Celles de la Réunion notamment peuvent rivaliser avec elles.
Et puis, quand bien même
nos vanilles coloniales seraient un peu moins finement parfumées que leurs
concurrentes du Mexique, les nez les plus délicats ne doivent pas oublier que
nous sommes en temps de guerre et qu’ils peuvent bien faire quelques sacrifices
aux dépens de leur nerf olfactif !
Précisément, la récolte de
la vanille a été très abondante l’an dernier, elle fut même au-dessus de la
normale tant à Bourbon qu’à Madagascar et aux Comores.
(À suivre.)
Jean Peyraud.
Le Courrier colonial
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