(Suite et fin.)
La spéculation ne serait
nullement à craindre puisque les prix seraient fixés d’avance. En tout cas, ce
serait la liberté rendue à une branche de commerce qui a pâti énormément de
cette réquisition inconsidérée ; ce serait surtout le retour au bon sens.
D’aucuns ont pensé un
moment que l’Intendance, comme toute émanation des pouvoirs irresponsables, ne
voulait pas reconnaître s’être trompée et qu’elle persistait dans son erreur
pour démontrer que cette erreur était la vérité.
On se trompait,
l’Intendance a daigné répondre.
Devant les protestations
successives des chambres consultatives de Tananarive, de Majunga, d’Ananalave,
de Tuléar et autres, l’Intendance a ordonné une enquête dans la Grande Île,
enquête qui dure depuis plusieurs mois, mais si l’on connaît la date de son
ouverture, on ne pourra peut-être pas préciser aussi bien celle de la clôture.
Le commerce malgache attend un remède à ses maux. C’est d’ailleurs le conseil
que lui a donné l’Intendance elle-même. Attendez le résultat…
Pendant ce temps, les
moyens de transport sont entrés dans une crise dont la gravité est connue de
tous, et commerçants et éleveurs voient avec terreur leur situation empirer.
Quant aux indigènes plus malins, ils ont trouvé le moyen de ne pas voir leurs
cuirs réquisitionnés : au Zoma, ils débitent la viande de leurs animaux
avec la peau attenant après.
Le mal est grand ;
la Chambre consultative d’Ananalave l’a concrétisé en quelques chiffres dont
l’éloquence devrait ouvrir les yeux avant qu’il ne soit trop tard. Au
31 juillet 1916, il y avait dans la région une production mensuelle
de 2 850 cuirs environ ; cette moyenne est tombée à 360 en 1917,
soit une diminution de 87 %.
Si l’Intendance a
véritablement ouvert une enquête dans le but d’aboutir et d’enrayer la crise
qui menace l’élevage malgache, qu’elle se hâte de conclure, les commerçants de
la Grande Île ne peuvent attendre plus longtemps.
Le Courrier colonial
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