14 décembre 2017

21 - La peste à Madagascar (1921)


La peste (2)

(Suite et fin.)
Tel est bien loin d’être notre cas, car on a pu remarquer que, parmi plusieurs individus habitant une même maison, un ou deux seulement étaient atteints, et que tous les autres étaient indemnes, et ils le sont encore d’ailleurs. On a vu aussi que, parmi des indigènes logeant dans un même local, plusieurs présentaient les symptômes de la maladie, mais qu’ils ne continuaient à se manifester que chez l’un d’eux, les autres n’éprouvant plus rien dans la suite.
Tout cela porte à croire que les bacilles de la maladie sont bien répandus dans toute la ville, mais que par suite d’une longue incubation sans doute, ils ont perdu beaucoup de leur virulence, de sorte qu’ils ne déterminent la maladie que dans les terrains propices, c’est-à-dire chez les gens qui y sont sujets, et qu’ils n’ont qu’une action très faible ou nulle chez les autres.
Malgré le peu de violence de l’épidémie, on n’en prend pas moins des mesures énergiques. Tous les bâtiments où des cas se sont produits sont désinfectés, plusieurs ont été ou seront brûlés. Une commission d’évaluation déterminera auparavant le prix de l’immeuble et des objets détruits.
Il y a lieu de remarquer que c’est dans des cases d’Indiens que le fléau s’est déclaré, tout comme en 1898. Seulement, à cette époque, les Indiens étaient cent fois moins nombreux qu’à présent, et n’occupaient pas la formidable quantité d’immeubles qu’ils détiennent à l’heure actuelle. Or il est à remarquer quelle prise facile ces gens offrent aux épidémies de peste comme cela a pu se constater dans l’Inde même, à Maurice et ailleurs. En 1898, en effet, les Indiens furent les premiers contaminés ; il en mourut une très forte proportion, et à la suite de cela, toutes leurs marchandises furent jetées à la mer, car c’était bien là que le bacille de la peste pouvait se développer à son aise. D’après de vieux Tamataviens, nous serions de la sorte menacés d’avoir comme à Maurice la peste à l’état latent. Mais si on voulait à l’heure actuelle procéder à semblable opération, se doute-t-on du travail monstre et de la dépense fantastique que cela occasionnerait ? Il n’y aurait pas d’autre ressource que de se contenter de désinfectants. C’est à la science médicale de se prononcer sur leur efficacité.
Le Tamatave

Mercredi 16 mars 1921.

Extrait de La peste à Madagascar 1898-1931, un livre numérique de la Bibliothèque malgache disponible dans toutes librairies proposant un rayon ebooks (2,99 €) et, à Antananarivo, à la Librairie Lecture & Loisirs (9.000 ariary).

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