La peste à Madagascar (2)
(Suite.)
Au début de l’apparition
de la peste, les villes déclarées contaminées étaient mises en quarantaine
immédiatement. Européens, Asiatiques, Africains, Malgaches, marchandises,
animaux étaient soumis au même régime de mesures sanitaires contre la peste.
Ceux qui étaient à l’intérieur de la zone contaminée ne pouvaient sortir ;
ceux qui se trouvaient à l’extérieur de cette zone ne pouvaient y entrer. Bref,
personne n’avait le droit de franchir le cordon sanitaire. En même temps, la
vaccination antipesteuse était obligatoire pour tout le monde.
Mais, bientôt, on trouva
que ces mesures étaient trop sévères, gênaient les Européens et les assimilés
ainsi que le commerce, et vite un changement s’opéra dans les règlements
sanitaires, au grand ébahissement des indigènes. Voici quelques exemples.
Quand une région est
déclarée contaminée, il est bien établi un cordon sanitaire, mais uniquement
pour les Malgaches non encore naturalisés. À ces indigènes, il faut un
certificat de vaccination antipesteuse et toutes sortes de formalités
administratives pour sortir de la zone contaminée. Quant aux Européens,
Asiatiques, Arabes, etc., absolument aucune formalité n’est exigée d’eux.
Actuellement, à la gare
de Tananarive, par exemple, aucun indigène non naturalisé ne peut se faire délivrer
un billet de chemin de fer sans être muni d’un certificat de vaccination
antipesteuse et de passeports administratifs.
Un Malgache et un Chinois
voyagent dans le même wagon, le contrôleur demande au Malgache ses passeports
et ne demande absolument rien au Chinois, à plus forte raison à un Européen.
Très souvent, on expédie
des bœufs et des porcs dans des wagons à la gare de Tananarive sur d’autres
destinations. On n’exige aucun passeport sanitaire pour le transport des bœufs
et des porcs. Il est donc certain que ces animaux sont mieux considérés que les
indigènes. On les considère comme les Européens et les assimilés ou encore les
Malgaches naturalisés.
Les Malgaches, toujours
dociles, s’empressent d’obéir aux prescriptions administratives.
Auguste.
(À suivre.)
L’Aurore malgache
Vendredi 18 septembre 1931.
Extrait de La peste à Madagascar 1898-1931, un livre numérique de la Bibliothèque malgache disponible dans toutes librairies proposant un rayon ebooks (2,99 €) et, à Antananarivo, à la Librairie Lecture & Loisirs (9.000 ariary).
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