Une idée sur la peste (2)
(Suite et fin.)
Des notables idiots (il
faut remarquer d’ailleurs qu’on ne choisit ces notables qu’à cause de leur
idiotie) m’ont confié : « Les Malgaches ne doivent pas se plaindre de
ces vaccinations et passeports, car cette mesure, ont-ils ajouté, prouve, une
fois de plus, l’amour qui anime les corps constitués, les pouvoirs publics et
tout ce qu’il peut y avoir de haute ou de basse autorité dans le pays à l’égard
des Malgaches, en veillant sur leur santé, tandis qu’ils dédaignent les
vazahas, les Chinois, les Indiens, etc., dont la santé est le cadet de leur
souci. Ceux-ci sont des grands enfants maditra (méchants) que le Fanjakana ne
protège pas comme les petits enfants indigènes, sujets français, bien doux,
bien soumis. »
Et voilà les imbécillités
que nous sortent ces nullités lamentables de notables, choisies par le
Gouvernement Général de Madagascar.
À la suite de
raisonnements de ce degré de crétinisme, Le
Malagasy – Sûreté Générale se permet de nous traiter de plus dangereux que
la peste !
Nous sommes certainement pour
les mauvais fonctionnaires et les mauvais colons plus dangereux que la peste
officielle ne l’est pour la santé publique.
Jules Ranaivo.
Où les Européens et assimilés sont
officiellement considérés comme réfractaires à la peste (1)
[Extrait de « Notre
voyage à Manakara », partie IV.]
Notre auto stoppa sur
l’injonction des miliciens du cordon sanitaire, lesquels nous firent la
déclaration suivante : « Les Européens et les chauffeurs peuvent
passer, mais les autres voyageurs doivent nous présenter au préalable des
certificats médicaux, sinon ils seront reconduits à Ambositra (c’est-à-dire à
100 kilomètres de là).
Un des membres de la
mission, qui voulut savoir si les indigènes citoyens français n’étaient pas
dispensés de cette formalité sanitaire absurde, leur répliqua :
« Nous sommes tous des Français, est-ce que nous pouvons passer ?
— Montrez-nous alors vos papiers d’identité, rétorquèrent les miliciens,
pour que nous puissions savoir que vous êtes bien des citoyens français, car nous
avons tout simplement reçu la consigne formelle de n’empêcher de passer que les
sujets français non munis de certificats médicaux. »
(À suivre.)
Ravoahangy.
L’Aurore malgache
Vendredi 28 novembre 1930.
Extrait de La peste à Madagascar 1898-1931, un livre numérique de la Bibliothèque malgache disponible dans toutes librairies proposant un rayon ebooks (2,99 €) et, à Antananarivo, à la Librairie Lecture & Loisirs (9.000 ariary).
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