20 décembre 2017

25 - La peste à Madagascar (1930)


Une idée sur la peste (2)

(Suite et fin.)
Des notables idiots (il faut remarquer d’ailleurs qu’on ne choisit ces notables qu’à cause de leur idiotie) m’ont confié : « Les Malgaches ne doivent pas se plaindre de ces vaccinations et passeports, car cette mesure, ont-ils ajouté, prouve, une fois de plus, l’amour qui anime les corps constitués, les pouvoirs publics et tout ce qu’il peut y avoir de haute ou de basse autorité dans le pays à l’égard des Malgaches, en veillant sur leur santé, tandis qu’ils dédaignent les vazahas, les Chinois, les Indiens, etc., dont la santé est le cadet de leur souci. Ceux-ci sont des grands enfants maditra (méchants) que le Fanjakana ne protège pas comme les petits enfants indigènes, sujets français, bien doux, bien soumis. »
Et voilà les imbécillités que nous sortent ces nullités lamentables de notables, choisies par le Gouvernement Général de Madagascar.
À la suite de raisonnements de ce degré de crétinisme, Le Malagasy – Sûreté Générale se permet de nous traiter de plus dangereux que la peste !
Nous sommes certainement pour les mauvais fonctionnaires et les mauvais colons plus dangereux que la peste officielle ne l’est pour la santé publique.
Jules Ranaivo.

Où les Européens et assimilés sont officiellement considérés comme réfractaires à la peste (1)

[Extrait de « Notre voyage à Manakara », partie IV.]
Notre auto stoppa sur l’injonction des miliciens du cordon sanitaire, lesquels nous firent la déclaration suivante : « Les Européens et les chauffeurs peuvent passer, mais les autres voyageurs doivent nous présenter au préalable des certificats médicaux, sinon ils seront reconduits à Ambositra (c’est-à-dire à 100 kilomètres de là).
Un des membres de la mission, qui voulut savoir si les indigènes citoyens français n’étaient pas dispensés de cette formalité sanitaire absurde, leur répliqua : « Nous sommes tous des Français, est-ce que nous pouvons passer ? — Montrez-nous alors vos papiers d’identité, rétorquèrent les miliciens, pour que nous puissions savoir que vous êtes bien des citoyens français, car nous avons tout simplement reçu la consigne formelle de n’empêcher de passer que les sujets français non munis de certificats médicaux. »
(À suivre.)
Ravoahangy.
L’Aurore malgache

Vendredi 28 novembre 1930.

Extrait de La peste à Madagascar 1898-1931, un livre numérique de la Bibliothèque malgache disponible dans toutes librairies proposant un rayon ebooks (2,99 €) et, à Antananarivo, à la Librairie Lecture & Loisirs (9.000 ariary).

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