Une idée sur la peste (1)
Les vaccinations
anti-pesteuses et les passeports sanitaires exigés des sujets français dits
indigènes, seulement, dénotent vraiment un régime esclavagiste. Le Malagasy – Sûreté Générale qui nous
qualifie de plus dangereux que la peste dont seuls les indigènes supportent
toutes les mesures vexatoires avoue implicitement par là que cette peste
n’existe pas, ou du moins n’existe pas telle qu’on veut bien nous le faire
croire.
La vraie peste, d’après
nous, pourrait bien exister, et dans ce cas, les mesures de protection ne
doivent pas frapper uniquement les sujets français autrement cela ne devient
plus qu’une mauvaise plaisanterie, et une arme de persécution entre les mains
d’une administration sans scrupules. Comme la véritable peste ne fait aucune
distinction de personnes, et frappe tout le monde, indigènes français, Indiens,
Chinois, créoles de toutes les colonies, etc., les mesures d’hygiène doivent
être générales et égales pour tous, vaccinations, passeports sanitaires, etc.
Une commission, qui réunirait des représentants de chaque catégorie de la
population, fonctionnerait en permanence pendant toute la durée de l’épidémie,
et désignerait les personnes que le manque de propreté rendrait susceptibles
des mesures d’hygiène d’exception.
Ainsi, il y aura plus
d’ordre, plus de discipline et surtout plus de justice pour tout le monde.
Les mesures prises
actuellement ne visent que les sujets français, dits indigènes, sans
distinction, en faisant supporter par cette seule catégorie de la population le
poids de la peste, sans que les corps constitués aient élevé, jusqu’ici, la
moindre protestation, alors que ces représentants des intérêts généraux (pour
rire) savent très bien que parmi les sujets français dits indigènes, il y en a
qui sont certainement plus propres que certains vazahas, principalement les
Asiatiques, lesquels sont exempts, de droit, de toutes les vexations engendrées
par cette fameuse peste.
Naturellement, les sujets
français, dits indigènes, en présence de l’odieux indigénat, n’ont qu’un seul
droit, celui de se taire… ou d’aller en prison.
(À suivre.)
Jules Ranaivo.
L’Aurore malgache
Vendredi 28 novembre 1930.
Extrait de La peste à Madagascar 1898-1931, un livre numérique de la Bibliothèque malgache disponible dans toutes librairies proposant un rayon ebooks (2,99 €) et, à Antananarivo, à la Librairie Lecture & Loisirs (9.000 ariary).
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