Depuis quelques mois, une
commission municipale s’occupe de faire disparaître les excroissances laides ou
malsaines qui avaient poussé comme une végétation morbide sur Tamatave.
Nous souhaitons qu’elle
réussisse et surtout qu’elle persiste sous l’impulsion active du chef de la
province qu’assiste un sage conseil.
Mais le point de départ
de cette conception n’est-il point erroné ? Abattre quelques masures,
repousser l’invasion de Tanambao, racler les cours sales, quoi encore ?
Tout cela n’est que d’un
jour. La saleté reviendra, l’indigène insouciant est tenace à la façon des
parasites et des mollusques, la masure est la sanction des villes construites
sans plan général, au jour le jour, dans la hâte fiévreuse de l’improvisation.
Nous avons une seule rue
et des ruelles vite passées à l’état de simples venelles. La municipalité
épuise chaque année ses ressources à relever les caillasses mal accrochées à ce
sable mouvant ; il serait une meilleure affaire d’employer une fois pour
toutes des crédits suffisants à la constitution de solides chaussées
profondément empierrées, donnant ainsi un fond inébranlable, retenant mieux la
macadamisation de surface.
Il en est de même des
bâtisses.
Nous sommes embaraqués,
nous ne sommes pas logés.
En dehors du danger si
souvent renouvelé des cyclones, tout cela ne tient pas, tout cela est vieillot,
vétuste ; nous y traînons une existence recroquevillée, grillés ou
humidifiés alternativement, en contact avec la tellurie malsaine et il nous faut
ajouter à notre nourriture quotidienne toute une variété de produits
médicamenteux !
Or, la terre ferme n’est
pas loin ; un service public de decauvilles nous apporterait à bon compte
de bonnes pierres de fondation ; le gouvernement général, par une réduction
spéciale des tarifs des transports, devrait faire arriver en abondance à la
côte briques et tuiles de l’Émyrne ; nos forêts de l’Est sont remplies d’excellents bois pour des
pièces de charpente de tout repos et même des bardeaux qui sont tout indiqués
pour les toitures dans cette région très pluvieuse.
Tout cela est faisable.
Le fera-t-on ? Oui, si nous organisons une action municipale permanente,
exclusive de toutes préoccupations de personnes et de circonstances
particulières.
Tanio.
Le Tamatave
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