5 mai 2018

Il y a 100 ans : On se fréquente


Le Gouverneur Général Merlin paraît être résolu à faire une réalisation du vœu ancien et unanime des colons.
L’autre jour, il a invité les particuliers européens à se rendre à la Mairie, pour délibérer avec le Maire et Chef de la Province de Tananarive l’opportunité et les conditions pratiques de la réquisition du riz de la récolte pendante de cette province.
Nous trouvons que M. Merlin a bien fait. Il procède ainsi à une sorte d’inauguration de très grande portée.
Il est juste de reconnaître que, jusqu’ici, le fin mot des « accrochages » trop souvent constatés dans la marche normale de la colonisation est que l’élément colon était quelque chose comme une sorte de plèbe par rapport à l’élément officiel.
Ne serait-ce que pour les indigènes, rien n’est mieux fait pour relever à leurs yeux le prestige des vazaha en général.
Et, surtout, nous n’aurons plus lieu de nous plaindre de cet état d’ignorance des « possibilités » qui expliquait, jusqu’à un certain point, notre nervosité. Mis en présence des réalités au jour le jour, chacun comprendra combien il est vain de perdre le temps en récriminations sans portée et que le mieux est de chercher les solutions.
Enfin, à se fréquenter assidûment, on se connaît mieux ; il se crée ainsi une espèce d’intimité d’idées qui rend plus fort le lien de solidarité.
L’opposition, qui est un devoir contre le despotisme, n’a plus sa raison d’être contre des dirigeants qui vous ouvrent tout grands leurs cartons et leurs tiroirs. L’opposition ne peut plus être alors qu’un système, et, dans cette colonie, nous n’avons que faire de doctrines : nous voulons des affaires.
Il ne nous reste plus qu’à souhaiter que le chef de notre province entre lui aussi dans cette voie large. Il ne faudra pas voir que la province, mais toute la Côte Est.
L’objection que les colons sont dispersés sur une grande étendue de côtes ne tient pas, puisque tous ont des correspondants d’affaires à Tamatave.
Persévérons. Dans quelque temps, et si nous opérons avec sagesse, la Métropole se trouvera en présence d’un fait accompli qu’il ne s’agira ensuite que de consacrer par un texte. Ainsi nous approchons du Gouvernement de la colonie par les colons.
Le Tamatave


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