15 juin 2016

Il y a 100 ans : Le carnet d’un boto de pousse-pousse

Il y a quelques jours, mon patron m’avait donné une lettre à destination de Tananarive que je devais déposer à la gare à l’heure du départ du train. Pourquoi cette fantaisie ? Je l’ignore ; sans doute qu’il avait ses raisons. À la gare, le wagon-poste se trouvait juste face à l’entrée. Je n’avais qu’à tendre le bras pour donner mon pli. Un cerbère se dresse devant moi et me demande deux sous, je ne possédais pas cette somme ; il a fallu me débrouiller pour faire ma commission, c’était du reste facile, il n’y a qu’à faire le tour du hall pour se trouver sur le quai sans délier les cordons de sa bourse. Ma commission faite, j’ai attendu le départ du train. J’ai vu des Malgaches bourrer les wagons de colis hétéroclites passé par-dessus les barrières, j’ai vu le cerbère faire payer 2 sous à un malheureux colon, pour le boto qui portait la soubique contenant son repas, je l’ai vu, par contre, s’effacer poliment devant quatre autres, chargés des nombreux bagages de main d’un monsieur fortement galonné. Je l’ai vu refouler une petite caisse portée par un voyageur malgache sous prétexte que les caisses ne comptent pas comme bagage de main et aider le passage d’une énorme valise appartenant à un voyageur de 1ère classe, un fonctionnaire cela va de soi.
Pendant ce temps, le personnel de la gare est sur les dents et n’y peut rien. La faute n’en est pas à lui, mais à ceux qui nous ont construit l’ignoble édifice qualifié de gare.
Il est vrai que ce n’est que du provisoire… c’est justement ce qui m’inquiète.
Sarah B.

État sanitaire

L’état sanitaire laisse à désirer, il y a actuellement de nombreux malades en ville.
Plusieurs cas de dysenterie cholériforme se sont terminés fatalement.
Un père de famille a perdu trois jeunes enfants de cette maladie en l’espace de quinze jours.
N’y aurait-il pas lieu de prendre des mesures sérieuses pour enrayer ce mal qui est, dit-on, très contagieux ?

Empoisonnement

On nous signale de Diégo qu’un des internés boches, le nommé Webs, s’est empoisonné en absorbant du sublimé.
Comment cet interné s’est-il procuré ce poison ? La surveillance ferait-elle défaut ?

La Dépêche malgache

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 48 titres parus à ce jour.

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