5 juin 2016

Il y a 100 ans : Les « Sakelika » en balade

Dans la journée de mercredi dernier, les habitants de Tamatave ont pu voir défiler sur nos boulevards, se rendant au quai d’embarquement, les 221 indigènes condamnés à l’internement dans l’île de Nosy-Lava.
En les voyant passer en rangs serrés encadrés par des miliciens baïonnette au canon, l’œil morne, le corps affaissé et généralement grêle et de petite taille, on se demandait si c’étaient là les terribles cons-pi-ra-teurs qui avaient fait trrrembler des cœurs si vaillants.
La curiosité nous a fait rechercher à quelles classes sociales appartenaient ces grrrands criminels. Voici, par importance, le résultat obtenu :
38 élèves des écoles supérieures, principalement de l’école Le Myre de Vilers.
37 étudiants en médecine.
31 commerçants ou employés de commerce.
24 cultivateurs.
Puis viennent, mais en chiffres très réduits, les représentants de toutes les classes sociales, peut-on dire : 1 propriétaire, 1 marchand de bestiaux, 6 bouchers, 1 cuisinier, 1 boulanger, 1 pâtissier, 2 médecins, 2 infirmiers, 1 pharmacien, 1 dentiste, 1 gardien de léproserie, 6 tailleurs, 2 cordonniers, 2 coiffeurs, 1 blanchisseur-jockey, 4 photographes, 6 instituteurs, 1 artiste, 3 menuisiers, 2 charpentiers, 1 ferblantier, 4 forgerons, 1 dactylographe, 1 secrétaire, 1 planton, 1 professeur de musique, 1 peintre, 3 jockeys, 1 caissier, 1 porteur, 5 écrivains interprètes, 1 commis topographe, 3 surveillants de travaux, 3 contremaîtres, 1 chef cantonnier, 1 chauffeur, 1 conducteur d’autobus, 1 percepteur de marché, 1 chef de canton, 1 mpiadidy et, enfin, représentant le spirituel, 1 pasteur protestant. De quoi former une colonie complète.
Ce qui frappe particulièrement à méditer sur cette liste, c’est que ce sont les intellectuels qui y occupent la plus grande part, c’est-à-dire ceux qui ont reçu le plus de libéralités du gouvernement français.
C’est en vain que la presse, se faisant l’écho des colons, ne cessait de crier que les Malgaches étaient bien loin encore de mériter les faveurs dont ils étaient l’objet. L’administration n’en a tenu aucun compte.
Parmi les condamnés à l’internement au Pénitencier d’Anjanamasina, on compte, sur 42 internés, trente-huit élèves, en grande partie de l’école Le Myre de Vilers.
Pauvre enseignement officiel !… Quelle désillusion !…

Le Tamatave

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 48 titres parus à ce jour.

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