Après les longs et
fastidieux débats qui se sont déroulés au Palais de l’ex-premier ministre, le
Tribunal Indigène du 2e degré a reconnu la culpabilité du plus
grand nombre des adeptes appartenant à la société V. V. S. – les sakelika.
Que fallait-il
alors ?
Des têtes !…
Puisqu’il y a eu complot
contre la sûreté de l’État et que les vazahas
devaient être impitoyablement sacrifiés, ce n’était pas un moyen terme, une
demi-mesure qu’on devait prendre en jetant au public justement outré – et pour
cause – quelques condamnations à perpétuité.
Qu’adviendra-t-il ?
Dans quelques années
d’ici, ne nous étonnons pas de voir revenir parmi nous à la suite de grâces
successives ces conspirateurs qui ne méritaient que la Mort.
Voilà où nous conduit,
aujourd’hui, notre faiblesse, notre trop grande bienveillance à l’égard de
l’indigène qui, sous le couvert de patriotisme, de loyalisme, a voulu se
débarrasser de notre gouvernement par trop libéral.
Tous ceux qui se
sentaient coupables, prévoyant le châtiment qu’ils méritaient, ne demandaient
qu’une chose, la vie sauve.
Cette vie sauve leur a
été accordée.
Peu leur importe le
bagne ! Pour eux mille fois mieux une honte éternelle que le poteau
d’exécution.
Si le tribunal appelé à
juger les coupables ne devait pas appliquer le code des 305 articles qui,
net, clair et précis, prévoit une seule peine : la mort pour tout
conspirateur, pourquoi l’avoir brandi si inutilement.
Rainilaiarivony, dont le
spectre devait planer dans son ex-palais qui lui était si cher, a dû frémir
devant notre indulgence, lui qui faisait tomber des têtes pour des riens.
En présence d’une
conspiration établie contre la sûreté de son gouvernement, que n’aurait-il
fait ?
C’est une sanction
exemplaire et juste qu’il fallait appliquer pour frapper l’esprit du Malgache,
comme on l’a fait au Tonkin.
Si nous sommes bons et
généreux à l’égard de nos fidèles sujets, nous devons aussi montrer ce que nous
savons être à l’égard des révoltés et des traîtres.
Que va penser l’indigène
qui, lui, est resté loyal et fidèle à la France, lui qui attendait la peine de
mort pour les coupables ? – Comprendra-t-il notre geste ? –
Certainement non. – Nous serons amoindris dans son esprit et nous ne lui
inspirerons plus cette crainte si salutaire aux peuples primitifs que nous
dominons.
Charlert.
La Dépêche malgache
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