Je n’ai jamais eu jusqu’à
présent l’occasion de parler de la guerre et des opérations militaires. Ce
n’est pas aujourd’hui que je vais commencer, j’aurais peur de dire des bêtises
et j’estime qu’il vaut mieux admirer nos troupes et nos généraux sans restriction
que de se lancer dans des discussions fatalement idiotes. Il y a beaucoup de
gens à Tamatave qui devraient suivre ce conseil ; c’est insensé ce que
j’ai entendu dire d’âneries depuis l’attaque des Allemands sur Verdun. C’est au
moment où toutes les lettres, tous les journaux qui arrivent de France
respirent la plus grande confiance dans la victoire, que nos stratèges en
chambre jettent sans s’en douter le découragement ; les gens intelligents
haussent les épaules, mais d’autres malheureusement s’y laissent prendre et
j’ai entendu soutenir très sérieusement que les Boches avaient fait un bond de
17 kilomètres à travers nos tranchées et nos forts. C’est bête à faire
pleurer au point que les Malgaches eux-mêmes y ajoutent si peu foi qu’un des
derniers contingents à destination de France s’est embarqué en chantant la
Marseillaise.
Sarah B.
La Dépêche malgache
Ça continue
Deux élèves indigènes se
retirent volontairement de l’École « Le Myre de Vilers » – qui, on le
sait, est l’école préparatoire aux diverses carrières « libérales »
réservées aux Malgaches.
Bien entendu, leurs
parents auront à rembourser au gouvernement la portion consommée de la bourse
dont ils jouissaient.
On le voit, le mouvement
d’épuration était utile puisque l’on y constate de la spontanéité. Deux futurs
fonctionnaires de moins : deux unités de plus pour la rizière, le
graphite, le commerce, l’industrie. – La logique finit toujours par triompher.
En route
Il nous revient qu’un des
Sakelika déportés par mesure
administrative n’a pas pu aller plus loin, sur la route de l’exil, qu’à
Diégo-Suarez. Miné par la nostalgie, le chagrin, à défaut du remords, il a été
débarqué malade et y est décédé.
Pauvre race houve,
falote, travaillée de tares, incapable de s’aventurer hors de l’ambiance mitigée
des hauts plateaux, et qui a pourtant rêvé de mordre en sourdine le bras de la
France venue ici pour la soutenir, la réconforter, refaire physiologiquement sa
physiologie défaillante !
Le Tamatave
Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 48 titres parus à ce jour.
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