Notre correspondant de Tananarive nous
écrit :
La guerre n’a pas troublé
le développement de Madagascar. Le calme qui n’a cessé de régner d’une
extrémité à l’autre de l’île depuis le début de la lutte justifie à lui seul le
régime instauré par la France. Ici, d’ailleurs, comme dans les autres parties
de notre domaine colonial, l’administration s’est appliquée à ne pas
interrompre la politique de réformes commencée dans le temps de paix.
Les mesures les plus
intéressantes prises depuis la guerre sont peut-être celles qui concernent la
situation politique et économique des indigènes.
D’abord dans les
municipalités. Comme en Indochine, comme dans l’Afrique du nord, mais avec les
tempéraments que comporte une civilisation indigène moins avancée,
l’administration de la colonie s’efforce d’associer plus étroitement les
indigènes à la gestion des intérêts locaux. De là les arrêtés des
23 décembre 1914 et 9 janvier 1915 qui ont porté de 1 à 3
le nombre des membres indigènes des commissions municipales à Tananarive,
Tamatave, Majunga, et de 1 à 2 à Nossi-Bé. Le même régime sera appliqué aux
villes de Diégo-Suarez et de Fianarantsoa dès que les élections, suspendues
pendant la guerre, pourront avoir lieu.
Seconde réforme :
adoucissement du régime de l’indigénat. L’arrêté du 19 juillet 1914
avait déjà dispensé de peines spéciales certaines catégories d’indigènes. Un
autre arrêté du 15 février 1915 dispense des mêmes peines les titulaires
du brevet de douze honneurs et au-dessus. Il s’agit là d’une distinction très
appréciée des Malgaches et dont il était utile de relever le prestige.
Troisième réforme. Un
arrêté du 28 mai 1915 a constitué des zones territoriales réservées
aux besoins des indigènes et ne pouvant être concédées aux Européens. On saisit
sans peine l’importance de cette mesure. Dans les régions où se développe la
colonisation européenne, il était devenu nécessaire de constituer dans les
terres domaniales des réserves pour assurer la subsistance des autochtones. On
prévenait ainsi tout conflit futur entre les colons et la population indigène.
On rendait du même coup un service indéniable aux colons, en facilitant
l’immatriculation des terres désormais mises à leur disposition.
(À suivre.)
Le Temps
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