11 novembre 2016

Il y a 100 ans : Séance des corps constitués au Gouvernement Général (3)

(Suite.)
M. le Gouverneur général ne voit pas très bien la nécessité du prolongement de cette route ainsi qu’il est dit ci-dessus. Le but principal de cette voie de communication était de permettre aux gens de Tamatave l’accès du fleuve de l’Ivondro, et réciproquement.
Or ce but est atteint dès le moment qu’elle débouche à Melville sur le fleuve. Du reste l’utilité pratique de cette route est très limitée et nullement en proportion avec les frais d’entretien qu’elle exigera. Elle ne pourra réellement servir qu’à quelques colons qui se trouvent sur son parcours. C’est déjà beaucoup. Mais elle est absolument inutile à l’immense majorité des colons et indigènes qui peuplent tant la vallée de l’Ivondro que celle du Fanandrana, et nous sommes heureux de voir M. le Gouverneur général se rendre enfin à cette évidence.
La route de Tamatave à Melville n’a été demandée et construite que 1° pour … et 2° pour, en fin de compte, obliger les colons de l’Ivondro et du Fanandrana à se servir de la voie ferrée pour terminer leur trajet du fleuve à Tamatave. C’est là une erreur économique phénoménale que jamais nous ne cesserons de dénoncer. Priver les producteurs des voies faciles et économiques qu’ils ont sous la main sous prétexte de progrès !!!
Et dire que les rois barbares de l’Émyrne qui ont fait mettre en état le canal d’Ivondro à Tamatave se sont montrés plus partisans du progrès que nous, conquérants prétendus civilisateurs.
À l’époque de notre conquête, le canal d’Ivondro à Tamatave, par le Tapakala et le Manangareza, était l’unique voie de communication entre ces deux points. C’est même par ce canal que la Cie des Messageries fluviales a transporté son matériel à Ivondro. Par ce fait, ce canal faisait partie du domaine public et, aucune loi ne l’ayant désaffecté, il en fait encore partie. Il était donc et il est encore inaliénable et imprescriptible.
On a allégué que, par son contrat, la colonie l’avait cédé à la Cie des Messageries fluviales. Faux ! archi-faux !
Les jurisconsultes qui ont rédigé le contrat se sont bien gardés de commettre pareille… imprudence. Sur cette question, on a joué sur les mots.
(À suivre.)

Le Tamatave

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