Le départ de
M. Garbit a été l’occasion d’une manifestation telle qu’on ne se souvient
pas d’en avoir vu à Tamatave, même à l’époque du Général Galliéni.
Exprimer en chiffres le
nombre des manifestants est une besogne que nous n’entreprendrons pas. Il
suffira de dire, pour ceux qui connaissent notre ville, que la place se
trouvant entre les quais et les bureaux de la Douane, de même que les rues qui
y conduisent, étaient littéralement couvertes de monde, d’une façon tellement
dense qu’il était impossible de s’y frayer un passage. Le service d’ordre
lui-même a été débordé, et n’a pu maintenir un chemin libre pour l’auto du
Gouverneur Général qui a dû mettre pied à terre et se frayer un passage à
travers cette masse humaine. Celle-ci se refermant sur lui pour l’ovationner et
lui serrer la main, à mesure qu’il avançait, M. Garbit a mis plus d’une
demi-heure pour franchir l’espace qui sépare la Douane du quai.
En chemin il a dû écouter
les compliments débités par des élèves des écoles officielles que maîtres et
maîtresses avaient eu la délicate attention d’amener. Parmi ces jeunes
orateurs, s’est principalement distinguée la très charmante et toute gracieuse
Gisèle Sadreux, qui a rempli son rôle d’une façon parfaite. Ces petits
discours, fort bien tournés, n’ont pas laissé que d’émotionner profondément
M. Garbit.
En même temps ces élèves
lui ont remis, de même que les dames de la ville, des gerbes de fleurs, non
plus des bouquets, afin, sans doute, d’accréditer la réputation de Tamatave
comme étant par excellence la ville des fleurs.
Arrivé péniblement sur le
quai, M. Garbit y a trouvé, au grand complet, le personnel militaire,
administratif, judiciaire, les corps constitués, chambre consultative,
commission municipale, comice agricole, les représentants des puissances
étrangères, colons, commerçants et industriels de la région. Il a essayé, sans
y parvenir, en raison de la cohue, de serrer la main à tout ce monde, et enfin
il a pu s’embarquer, accompagné d’un grand nombre des assistants, pendant que
la musique du 2e Tirailleurs Malgaches faisait retentir l’air
des accents de la Marseillaise.
Cette grandiose
manifestation laissera un souvenir ineffaçable non seulement dans l’esprit de
celui qui en a été l’objet, mais encore dans celui de tous ceux qui en ont été
les témoins.
Le Tamatave
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