Aujourd’hui que l’Europe
souffre d’une véritable « famine de bois », les peuples coloniaux
pouvaient se consoler en escomptant, devant que le reboisement fut un fait
accompli, se ravitailler dans les forêts de leurs possessions d’outre-mer.
Il leur faut déchanter.
C’est ainsi que les
belles forêts de la crête centrale de Madagascar n’existent pour ainsi dire
plus ; celles de Tsinjoarivo que le voisinage du Rova a conservées ne sont
plus que des bois vermoulus qui font, néanmoins, un joli décor aux chutes
pittoresques de l’Onivé ; c’est à l’est seulement qu’on peut encore
espérer rencontrer des forêts dignes de ce nom ; et pourtant si les
Européens n’y ont pas mis la hache, les chercheurs de miel y ont commis maints
dégâts.
Dans cette région fort
accidentée, c’est une suite de sommets atteignant jusqu’à 1 200 et
1 400 mètres d’altitude, sur une orientation générale nord-sud ;
la grande faille de Mangoro en est le plissement le plus important.
Le voyageur a le droit
d’espérer rencontrer là des forêts vierges abritant de nombreuses chutes d’eau,
mais si ces dernières ruissellent toujours, les arbres sont couchés sur le sol
où ils pourrissent au milieu des clairières ainsi créées ; ce sont naturellement
de beaux individus, des arbres géants ; les chasseurs de miel les ont
abattus uniquement pour cueillir le maigre essaim que les abeilles avaient
établi à 30 mètres au-dessus du sol, mettant ainsi bas une riche réserve
forestière qui aurait certes pu concourir à enrayer notre disette de bois
continental.
Il en est ainsi un peu
partout et les colons qui ne cherchent pas un profit immédiat mais songent à
l’avenir et à ses conséquences sont navrés de cette insouciance et désireraient
fort que l’Administration de la Grande Île s’inquiétât un peu plus de la
conservation des bois de la colonie.
Le Courrier colonial
Le riz, encore le riz, toujours le
riz
Le prix de cette denrée
monte sans s’arrêter, à mesure qu’elle se fait plus rare.
Les corps constitués de l’île
entière et la presse sans exception poussent à l’unisson le même cri d’alarme.
Sus aux accapareurs s’il
y en a, qu’ils soient européens ou
indigènes.
Le Tamatave
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