On nous écrit :
Monsieur le Directeur,
Je veux croire que tous les journaux de la colonie
reflétant dans leur ensemble l’opinion publique protesteront
contre le maintien dans la colonie d’un nombre inusité de
fonctionnaires de haut rang.
Il n’est pas admissible en effet que le nombre
des administrateurs en chef aille sans cesse croissant alors qu’un
certain nombre d’entre eux occupent des emplois que d’autres,
moins hautement soldés, pourraient tenir avec tout autant de
distinction. Ces charges lourdes qui pèsent sur la colonie sont
presque choquantes si l’on tient compte que des agents du cadre
inférieur ne reçoivent pas d’augmentation sous prétexte qu’il
n’y a pas de disponibilités.
Sans doute l’avancement ne doit pas être
retardé pour ceux qui stationnent depuis un certain temps déjà
dans un même grade, mais dans ce cas qu’on dégage par en haut.
Qu’est-ce qu’on penserait, en France, si tout d’un coup le
ministre de l’Intérieur élevait un lot de préfets à la première
classe, sans mettre à la retraite ceux qui y ont droit. Jusqu’ici
nous n’avons vu qu’un seul fonctionnaire mis à la retraite :
M. Pradon. N’y aurait-il pas d’autres droits auxquels il
conviendrait de donner satisfaction ?
Je suis contribuable, Monsieur, et suis très
heureux de savoir que mon argent est bien employé ; mais en ce
moment il n’en est pas tout à fait de même. Le Ministère dispose
d’un cœur léger, sans doute, de nos ressources budgétaires, sans
profit pour la collectivité. Je me demande si, cette situation se
perpétuant, je n’aurais pas le droit de refuser le paiement de mes
impôts.
On vient d’augmenter nos charges parce que, sans
doute, on a besoin d’argent pour notre pays lointain mais en même
temps on alourdit notre budget de dépenses somptuaires. Je proteste
et demande que l’on rétablisse l’équilibre.
M. Merlin voudra certainement transmettre nos
doléances au ministre, elles seront justifiées.
Je vous parlerai un de ces jours des dépenses
« superfétatoires » que nous causent encore quelques
« pistonnés » qui ne doivent pas grand-chose à leurs
mérites, mais beaucoup à la faveur.
Veuillez agréer ? etc.
C. Dupont-Durant,
Colon.
Le Tamatave
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