26 juin 2018

Il y a 100 ans : Exagérations


On nous écrit :
Monsieur le Directeur,
Je veux croire que tous les journaux de la colonie reflétant dans leur ensemble l’opinion publique protesteront contre le maintien dans la colonie d’un nombre inusité de fonctionnaires de haut rang.
Il n’est pas admissible en effet que le nombre des administrateurs en chef aille sans cesse croissant alors qu’un certain nombre d’entre eux occupent des emplois que d’autres, moins hautement soldés, pourraient tenir avec tout autant de distinction. Ces charges lourdes qui pèsent sur la colonie sont presque choquantes si l’on tient compte que des agents du cadre inférieur ne reçoivent pas d’augmentation sous prétexte qu’il n’y a pas de disponibilités.
Sans doute l’avancement ne doit pas être retardé pour ceux qui stationnent depuis un certain temps déjà dans un même grade, mais dans ce cas qu’on dégage par en haut. Qu’est-ce qu’on penserait, en France, si tout d’un coup le ministre de l’Intérieur élevait un lot de préfets à la première classe, sans mettre à la retraite ceux qui y ont droit. Jusqu’ici nous n’avons vu qu’un seul fonctionnaire mis à la retraite : M. Pradon. N’y aurait-il pas d’autres droits auxquels il conviendrait de donner satisfaction ?
Je suis contribuable, Monsieur, et suis très heureux de savoir que mon argent est bien employé ; mais en ce moment il n’en est pas tout à fait de même. Le Ministère dispose d’un cœur léger, sans doute, de nos ressources budgétaires, sans profit pour la collectivité. Je me demande si, cette situation se perpétuant, je n’aurais pas le droit de refuser le paiement de mes impôts.
On vient d’augmenter nos charges parce que, sans doute, on a besoin d’argent pour notre pays lointain mais en même temps on alourdit notre budget de dépenses somptuaires. Je proteste et demande que l’on rétablisse l’équilibre.
M. Merlin voudra certainement transmettre nos doléances au ministre, elles seront justifiées.
Je vous parlerai un de ces jours des dépenses « superfétatoires » que nous causent encore quelques « pistonnés » qui ne doivent pas grand-chose à leurs mérites, mais beaucoup à la faveur.
Veuillez agréer ? etc.
C. Dupont-Durant,
Colon.
Le Tamatave


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