(Suite.)
Les documents dont
M. Carle regrette avec raison l’injustifiable enterrement relatent les qualités à la fois de souplesse,
d’énergie, de robuste santé que devaient réunir les colons de ce temps pour
s’implanter au milieu des indigènes, se maintenir en ce pays de côtes, alors
que les sels de quinine n’étaient pas répandus comme de nos jours.
Le ravitaillement des
colons était chose difficile. Rien de plus poignant que la lecture des
innombrables rapports de mer des capitaines des voiliers réunionnais. La
Réunion gisant à l’est de Tamatave, le trajet normal ayant pour terminus Fort-Dauphin
au sud-ouest de l’alizé de sud-est (le suète
comme disent les marins) soufflant presque toute l’année, il fallait
« souquer de la toile » sous un angle de navigation de plus en plus
fermé, avec la terrible côte malgache sous la hanche tribord.
Les traitants étaient
unanimes à signaler comme les plus riches les pays Betanimena et de
Farafangana, avec le puissant arrière-pays des hauts-plateaux. Mais il y avait
la « barre », la terrible barre qui interdit l’accès de la terre tout
le long de l’immense côté, et qui avait le sinistre pouvoir de happer, pour
ainsi dire, au passage les carcasses de bois.
Un jour, fuyant devant la
tempête, désemparé, ne pouvant plus tenir la mer, un capitaine aperçut un
intervalle où les récifs ne « blanchissaient » pas. Il « bourra »
dedans, jeta l’ancre en eau relativement calme. Sous tribord, un arc de sable
blanc. Les indigènes de l’habitaient pas, mais ils s’y rendaient quelquefois
pour célébrer des consécrations de rite : Toamasina, qui devint Tamatave
dans le langage des matelots créoles.
Par la suite, il fut
reconnu que tous les autres refuges de la côte Est étaient décidément
précaires ; c’est ainsi que Tamatave devint la Métropole maritime de l’Est
malgache.
On avait espéré que
l’occupation française donnerait à Tamatave une organisation digne de sa
destination.
Hélas ! nous savons
qu’on n’a abouti qu’à des projets purement bureaucratiques, autour desquels on
s’est disputé fort inutilement.
(À
suivre.)
Le Tamatave
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