2 juin 2018

Il y a 100 ans : Qu’est-ce que Tamatave ? (2)


(Suite.)
Les documents dont M. Carle regrette avec raison l’injustifiable enterrement relatent les qualités à la fois de souplesse, d’énergie, de robuste santé que devaient réunir les colons de ce temps pour s’implanter au milieu des indigènes, se maintenir en ce pays de côtes, alors que les sels de quinine n’étaient pas répandus comme de nos jours.
Le ravitaillement des colons était chose difficile. Rien de plus poignant que la lecture des innombrables rapports de mer des capitaines des voiliers réunionnais. La Réunion gisant à l’est de Tamatave, le trajet normal ayant pour terminus Fort-Dauphin au sud-ouest de l’alizé de sud-est (le suète comme disent les marins) soufflant presque toute l’année, il fallait « souquer de la toile » sous un angle de navigation de plus en plus fermé, avec la terrible côte malgache sous la hanche tribord.
Les traitants étaient unanimes à signaler comme les plus riches les pays Betanimena et de Farafangana, avec le puissant arrière-pays des hauts-plateaux. Mais il y avait la « barre », la terrible barre qui interdit l’accès de la terre tout le long de l’immense côté, et qui avait le sinistre pouvoir de happer, pour ainsi dire, au passage les carcasses de bois.
Un jour, fuyant devant la tempête, désemparé, ne pouvant plus tenir la mer, un capitaine aperçut un intervalle où les récifs ne « blanchissaient » pas. Il « bourra » dedans, jeta l’ancre en eau relativement calme. Sous tribord, un arc de sable blanc. Les indigènes de l’habitaient pas, mais ils s’y rendaient quelquefois pour célébrer des consécrations de rite : Toamasina, qui devint Tamatave dans le langage des matelots créoles.
Par la suite, il fut reconnu que tous les autres refuges de la côte Est étaient décidément précaires ; c’est ainsi que Tamatave devint la Métropole maritime de l’Est malgache.
On avait espéré que l’occupation française donnerait à Tamatave une organisation digne de sa destination.
Hélas ! nous savons qu’on n’a abouti qu’à des projets purement bureaucratiques, autour desquels on s’est disputé fort inutilement.
 (À suivre.)
Le Tamatave


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