13 juin 2018

Il y a 100 ans : Le graphite (1)


La baisse survenue sur le graphite n’est pas sans avoir provoqué chez les industriels s’occupant de ce produit une légitime émotion.
D’un côté, on attribue cette modification des cours à la spéculation ; d’un autre côté, on estime que des stocks ayant été constitués en Europe, les achats ayant momentanément cessé, une baisse s’est produite.
Sera-t-elle momentanée ou de durée ? Toute la question est là.
Les uns disent qu’une hausse surviendra, essentiellement temporaire, un abaissement des prix devant s’ensuivre.
À l’appui de cette thèse, on cite des précédents qui se seraient constatés en d’autres colonies mais sur d’autres produits, le caoutchouc, par exemple.
Le procédé pour arriver à une sorte d’accaparement serait le suivant : intensifier les achats d’un produit, pendant une période déterminée, développement d’une industrie ou d’exploitations s’il s’agit de caoutchouc, puis arrêt brusque des achats.
Inévitablement, les cours subissent une dépression plus ou moins forte et de durée plus ou moins longue suivant le degré de résistance des vendeurs.
Tout le monde est d’accord sur ce point, qu’il est utile et équitable que les graphites de Madagascar soient vendus et livrés directement aux consommateurs américains.
On ne s’explique pas en effet pourquoi les marchandises de provenance malgache ne peuvent être vendues par les producteurs, alors que ces mêmes produits peuvent être vendus et livrés aux États-Unis ou en Angleterre après avoir transité par Marseille.
Pour arriver à un résultat dans ce sens, l’action individuelle est inopérante. Il faudra nécessairement que les producteurs de graphite, comme d’ailleurs les agriculteurs, s’organisent, se groupent soit en syndicat soit en association.
On a constitué un consortium en France, il eût été sage d’en constituer un à Madagascar. Il faut être organisé pour l’achat et pour la vente.
À l’heure qu’il est, les Boches ont groupé toutes leurs industries, elles font bloc.
Nous devons en faire autant chez nous.
(À suivre.)
Le Tamatave


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