15 juin 2018

Il y a 100 ans : Le graphite (2)


(Suite et fin.)
En Angleterre, où l’individualisme est encore plus intense que chez nous, les négociants anglais ayant horreur de l’intervention de l’État dans leurs affaires, en Angleterre on envisage très sérieusement l’établissement de trusts, de cartels.
Il ne faut pas perdre de vue que les institutions organisées dans un but de défense d’intérêts économiques considérables joueront plus efficacement encore après la guerre que maintenant. Cette considération devrait suffire à stimuler le zèle des intéressés.

Le prix du riz

L’Officiel du 2 février contient un arrêté détaillant les prix du riz dans les provinces de Tamatave, de Tananarive et d’Antsirabe.
Nous ne voulons voir là qu’une entrée en matière, l’indication de la volonté du Gouvernement de faire une guerre méthodique aux ignobles procédés de la Spéculation.
Nous croyons utile de calmer les alarmes de quelques-uns, qui s’écrient : Ah ! la campagne du riz s’ouvre sur des prix hauts, consacrés officiellement !
Il y a erreur.
La vraie récolte ne vient qu’en mai, et même juin.
En ce moment, il ne s’agit que du riz de « première récolte ». Les Sakalaves du Nord-Ouest précisent bien : « vary madinika », le petit riz.
C’est une coutume – erronée d’ailleurs – dans tous les pays où l’agriculture n’est pas bien avancée, de cultiver en avance des variétés de blé (ou de riz) « hâtives », c’est-à-dire végétant en 12 ou 15 semaines, mais donnant peu de rendement comparativement aux variétés de grande végétation. C’est bien encore du « petit riz » qu’il s’agit, ces prémisses qui sont utiles pour calmer la faim du paysan producteur mais ne peuvent véritablement régulariser la situation du marché des consommateurs achetant.
L’Administration est bien obligée, pour les prix, de se conformer à l’état réel du stockage.
Mais nous l’attendons pour le règlement de la prochaine vraie récolte. Elle aura eu tout le temps de s’organiser, de préparer son artillerie lourde contre les profiteurs. Dût-elle mettre complètement la main sur toute la récolte, elle serait alors coupable, ayant pu s’y préparer avec toute la marge souhaitable, de ne pas obtenir le retour à la normale du marché des riz malgaches.
Le Tamatave


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