30 juin 2018

Il y a 100 ans : La crise du graphite


Notre excellent confrère P. Virelay nous donne, dans L’Action de dimanche 24 février, des détails fort intéressants susceptibles d’éclairer d’un jour tout nouveau la crise dont souffrent tous les producteurs de graphite et en particulier les petits.
À cette crise inexplicable, tout le monde se demandait comment on n’apportait pas le remède tout indiqué qui consistait à ouvrir librement le marché malgache aux Américains.
On avait cru d’abord à l’influence toute-puissante de la Morgan qui aurait trouvé le moyen de monopoliser à son profit les exportations de graphite sur l’Amérique.
Il est certain que cette société ne s’est pas privée de ce genre d’opérations et on ne peut lui en faire grief, mais il faut chercher autre part les raisons de l’interdit dont nous sommes frappés.
Il s’est formé à Paris, sous le nom d’« Union Coloniale », un consortium composé des principales maisons exportatrices de graphite de Madagascar. Ce consortium fait la pluie et le beau temps au ministère, prétendant représenter les intérêts des producteurs.
En réalité, cette association de « Caïmans » (comme les dénomme assez justement notre confrère) n’a jamais envisagé que l’intérêt particulier de ses membres qui, étant tous acheteurs, ont intérêt à prolonger le marasme pour acheter à vil prix.
Ce serait donc cette intéressante association qui aurait persuadé au ministère qu’il ne fallait pas accorder la libre exportation sur l’Amérique de nos graphites de Madagascar.
Leur jeu est bien clair. Il consiste tout simplement à acheter à un prix de famine et de revendre aux Américains avec 200 % de bénéfice. Car eux ils ont le droit d’exporter de France sur l’Amérique !
On se demande comment nos gouvernants peuvent prêter la main à de pareilles combinaisons.
Nous espérons que le gouvernement local saura prendre en main les intérêts des petits producteurs dont la ruine est imminente et que ces derniers sauront enfin se grouper pour faire entendre leurs justes revendications.
Le Tamatave


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