21 juin 2018

Il y a 100 ans : Les lieutenances (2)


(Suite et fin.)
Le fonctionnaire échappe ainsi à la hantise d’une responsabilité moins lourde, étant partagée, et ils retrouvent peu à peu leur personnalité. Celle-ci s’épanouira davantage au contact de la fréquentation plus élargie des administrés. Voilà ce qu’est, voilà ce que nous voulons, Messieurs : c’est pourquoi je décide dans tel ou tel sens. Aucun colon ne sera plus fondé à soupçonner le fonctionnaire de parti pris ou d’indifférence.
Et alors, le Gouvernement Général sera libéré de ces mille et une questions locales, énervantes par leur diversité, dont le règlement absorbe tout son temps ; il pourra hausser son rôle d’un point de vue plus efficace ; il pourra gouverner véritablement.
L’apaisement des esprits viendra de là. Actuellement, nous en sommes vraiment à l’Administration secrète, analogue à cette diplomatie secrète que tous les peuples réprouvent, lui attribuant la responsabilité de la calamité universelle qui sévit depuis trois ans passés.
Enfin, reste l’objection que les groupements importants tels que ceux de Maroantsetra au nord, de Mananjary au sud pourront difficilement se rendre à Tamatave pour administrer les affaires de leurs régions. Mais, actuellement, les Chambres consultatives et les Comices peuvent encore moins se rendre à Tananarive, qui est tout à fait hors de portée ; ils arrivent cependant à faire entendre leurs doléances.
Tous les colons de l’Est, au-delà de Mananjary au sud et de Maroantsetra au nord, dépendent commercialement de Tamatave ; la plupart y ont en permanence des agents ou des représentants d’affaires et ils s’y rendent de leur personne à époques à peu près régulières de l’année ; c’est ce système que la force des choses a établi pour les affaires particulières qu’il s’agit de consacrer officiellement pour les affaires publiques.
Napoléon avait besoin de la centralisation pour soutenir son autorité précaire, d’aucuns disent usurpée.
L’immense Chine est ensevelie dans sa centralisation outrée ; au contraire, les États-Unis connaissent la plus grande prospérité parce que les États fédérés jouissent de la plus large autonomie.
Jean d’Ivondro.
Le Tamatave


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