(De notre envoyé
spécial.)
Marseille, 5 août.
Le gouverneur général de Madagascar, qui avait pris passage
à bord de l’Orénoque, est arrivé
aujourd’hui, à 2 heures, à Marseille. J’ai eu le plaisir de trouver l’ancien
préfet des Bouches-du-Rhône en excellente santé. Il a bruni, il a maigri et, ma
parole, je crois bien qu’il a rajeuni.
— Madagascar est un pays admirable, qui possède, tant
au point de vue agricole que minier, des ressources merveilleuses. Seulement il
faudrait que ces ressources soient exploitées avec intelligence et méthode. Si
nous voulons qu’un jour notre grande colonie africaine donne à la métropole
tout le rendement que nous sommes en droit d’en attendre, il faut développer d’abord
l’assistance médicale, donner aux indigènes une idée pratique de l’hygiène, qu’ils
ignorent complètement. Il faut aussi pourvoir l’enseignement d’une direction
qui lui fait défaut.
« La grippe espagnole, faute de soins, fait des ravages
considérables. Nous avons compté près de 30 000 morts et les corps
pourrissaient sur la voie publique, dans l’impossibilité où nous nous trouvions
de pouvoir les faire enterrer. Des enfants vont encore tout nus par habitude et
aussi dans l’impossibilité où sont les parents de se procurer un tissu
convenable. Avec cela insuffisamment nourris, ils dépérissent et succombent
sous les effets néfastes du paludisme que propagent les marais encore non
asséchés. Sur les hauts plateaux, c’est la bronchite qui fait dans leurs rangs
des ravages considérables.
— Voilà un tableau bien sombre. Et l’industrie et l’agriculture ?
— Mal utilisées. Trop d’hommes sont affectés au port
qui pourraient travailler. Les routes ne sont encore, pour la plupart, que des
sentiers. Une seule ligne de chemin de fer relie Tananarive à Tamatave. Deux
autres sont en formation, l’une vers le sud, l’autre vers le nord, et la main-d’œuvre
étant difficile à recruter, et en général défectueuse, les travaux marchent
lentement, très lentement.
(À suivre.)
E. de Feuquières.
Le Petit Parisien
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