11 septembre 2019

Il y a 100 ans : Un tableau trop sombre de Madagascar (1)


M. Schrameck, arrivé à Marseille le 5 août, a été interviewé par un de nos confrères au Petit Parisien, à qui il a fait par une description assez peu enthousiaste de Madagascar.
Est-ce le gouverneur général de la Grande Île qui est pessimiste ? Est-ce notre confrère ? Quoi qu’il en soit, le tableau qui est fait de notre grande colonie de l’Océan Indien paraît bien poussé au noir.
M. Schrameck a reconnu que Madagascar est un pays admirable, dont les ressources agricoles et minières sont merveilleuses, mais où l’hygiène est ignorée des indigènes et l’assistance médicale très insuffisante. Faute de soins, la grippe a causé dans l’île trente mille décès et, souvent, les corps ont pourri sans pouvoir être enterrés !
Les enfants, qui vont tout nus, déclare le gouverneur général, disparaissent par insuffisance de nourriture ou succombent au paludisme. Sur les hauts plateaux, les indigènes sont décimés par la bronchite.
Les routes manquent, les voies ferrées sont en trop petit nombre, la main-d’œuvre, difficile à recruter, est très défectueuse, aussi les travaux avancent-ils lentement.
Les deux grandes ressources sont le bétail et les mines. Notre confrère aurait pu y ajouter les immenses cultures, dues pour une large part à nos colons, dont l’effort semble quelque peu méconnu dans cette interview où il est question d’anciens marchands de cartes postales qui ont accaparé de riches terrains houillers uniquement pour les revendre, mais où j’aurais aimé voir rendre justice aux Français qui peinent depuis de longues années pour mettre en valeur les régions fertiles de la Grande Île.
Certes, les mines n’ont pas toujours été exploitées comme il le fallait, certes, les techniciens font souvent défaut, mais il y a à Madagascar, quoi qu’on en dise, des colons instruits et sérieux dont la spéculation n’est pas l’unique objectif.
Assurément, s’il y avait dans la Grande Île plus d’agriculteurs, plus d’ingénieurs, plus de médecins, plus de gens de métier, moins d’incompétents, la prospérité du pays s’en ressentirait fort et cette possession serait, comme l’affirme M. Schrameck, un des plus beaux fleurons de notre domaine colonial.
(À suivre.)
F. Mury
Le Courrier colonial



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