M. Schrameck, arrivé à Marseille le 5 août, a été
interviewé par un de nos confrères au Petit
Parisien, à qui il a fait par une description assez peu enthousiaste de
Madagascar.
Est-ce le gouverneur général de la Grande Île qui est
pessimiste ? Est-ce notre confrère ? Quoi qu’il en soit, le tableau
qui est fait de notre grande colonie de l’Océan Indien paraît bien poussé au
noir.
M. Schrameck a reconnu que Madagascar est un pays admirable,
dont les ressources agricoles et minières sont merveilleuses, mais où l’hygiène
est ignorée des indigènes et l’assistance médicale très insuffisante. Faute de
soins, la grippe a causé dans l’île trente mille décès et, souvent, les corps
ont pourri sans pouvoir être enterrés !
Les enfants, qui vont tout nus, déclare le gouverneur
général, disparaissent par insuffisance de nourriture ou succombent au
paludisme. Sur les hauts plateaux, les indigènes sont décimés par la bronchite.
Les routes manquent, les voies ferrées sont en trop petit
nombre, la main-d’œuvre, difficile à recruter, est très défectueuse, aussi les
travaux avancent-ils lentement.
Les deux grandes ressources sont le bétail et les mines. Notre
confrère aurait pu y ajouter les immenses cultures, dues pour une large part à
nos colons, dont l’effort semble quelque peu méconnu dans cette interview où il
est question d’anciens marchands de cartes postales qui ont accaparé de riches
terrains houillers uniquement pour les revendre, mais où j’aurais aimé voir
rendre justice aux Français qui peinent depuis de longues années pour mettre en
valeur les régions fertiles de la Grande Île.
Certes, les mines n’ont pas toujours été exploitées comme il
le fallait, certes, les techniciens font souvent défaut, mais il y a à
Madagascar, quoi qu’on en dise, des colons instruits et sérieux dont la
spéculation n’est pas l’unique objectif.
Assurément, s’il y avait dans la Grande Île plus d’agriculteurs,
plus d’ingénieurs, plus de médecins, plus de gens de métier, moins d’incompétents,
la prospérité du pays s’en ressentirait fort et cette possession serait, comme
l’affirme M. Schrameck, un des plus beaux fleurons de notre domaine
colonial.
(À suivre.)
F. Mury
Le Courrier colonial
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