Dernièrement, l’Académie des sciences a entendu le rapport
de M. H. Lacroix sur quelques pierres précieuses de la Grande Île.
Parmi les faits intéressants mis en évidence par l’étude de
la minéralogie de Madagascar, il en est peu, dit M. Lacroix, qui soient
plus imprévus que la découverte de plusieurs minéraux, communs ou rares, entrant
dans la constitution de roches granitiques et qui, au lieu de se présenter avec
l’opacité plus ou moins grande qu’ils possèdent partout ailleurs, se trouvent
dans la Grande Île en cristaux transparents et tellement limpides qu’ils
peuvent être utilisés comme gemmes quand, par ailleurs, leur dureté est
suffisante.
Voilà une nouvelle tout à fait de nature à réjouir nos
élégantes. La rivière de diamants et le collier de pertes sont aussi communs
aujourd’hui que les colliers de verre, et les marchandes des quatre saisons
poussent leur brouette avec des mains ruisselantes de brillants.
La perle et le diamant se sont encanaillés, si l’on peut
dire. Le rapport de M. Lacroix vient à son heure, pour révéler au noble faubourg
toute une série de gemmes inconnues. Nous avons l’orthose jaune d’or foncé, et
le diopside vert sombre qui feront merveille sur votre col ivoirin, Madame la
marquise. Et que vous semblerait d’une « esclave » semée de
kernerupines d’un vert olivâtre clair d’Itrongahy ? (Ça, ce doit être
rupin !)
La Grande Île nous offre encore la danburite jaune topaze de
Maharitra et d’Imale… autant de gemmes d’une exceptionnelle pureté qui feront
des bijoux rares, auprès desquels le « Régent » ne sera plus que de l’eau
de… charbon.
Mais M. Lacroix est un savant et il ne s’arrête pas à
ces considérations frivoles.
Comme il avait trouvé une nouvelle pierre malgache d’un
jaune limpide et d’une pureté exceptionnelle, l’idée ne lui est point venue de
rechercher si elle serait mieux montée en épingle ou enchâssée dans un bloc de
platine, ni si cette pierre devait être portée au printemps plutôt qu’en été, ni
si elle conviendrait aux blondes plutôt qu’aux rousses ou aux brunes.
(À suivre.)
Le Courrier colonial
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