(Suite et fin.)
M. Schrameck n’a pas réussi davantage à changer la
mentalité des Malgaches sur ce point. Puisqu’il se plaint de la main-d’œuvre et
la déclare insuffisante et défectueuse, c’est qu’il n’a pu l’améliorer. Aussi
bien les circonstances s’y prêtaient-elles mal. Avant tout, il fallait enrôler
des indigènes pour la métropole et il eût été maladroit de mécontenter la
population, quand s’imposait l’envoi de milliers de Malgaches.
Mais aujourd’hui les conditions ne sont plus les mêmes. Nous
sommes les maîtres de la situation, nous ne redoutons plus d’insurrection, le
temps de l’oisiveté est passé, colons et sujets français doivent travailler
assidûment à la prospérité de la Grande Île. Ce n’est que par un effort
considérable et régulier que cette magnifique colonie peut être mise pleinement
en valeur.
Et si les indigènes protestent, que l’administration
supérieure leur dise ce que l’Allemagne aurait fait d’eux si le destin avait
fait tomber Madagascar entre ses mains. Tous les maîtres d’école de cette
colonie n’ignorent pas le français. Invitons ceux qui le connaissent à donner
lecture aux enfants des passages les plus saillants des rapports officiels sur
la manière dont les Allemands comprenaient la colonisation au Cameroun, par
exemple. Que les instituteurs invitent leurs élèves à répéter dans leurs
familles ce qu’ils auront entendu.
Nos sujets connaîtront ainsi le régime auquel la maison O’Swald
et tous les Allemands déjà fixés à Madagascar se proposaient de les soumettre. Ayant
fait la comparaison entre le sort qui les attendait et celui que nous leur
faisons, ils s’estimeront heureux de travailler avec nous.
Madagascar aura assez de main-d’œuvre et de bonne main-d’œuvre
quand l’administration supérieure empêchera celle-ci de se dérober à la loi du
travail.
Des techniciens, des ingénieurs, des médecins, des routes, des
chemins de fer, des ports, il y en aura quand les capitaux afflueront dans la
Grande Île. Mais pour qu’ils en prennent le chemin, il est maladroit de faire
au public métropolitain un tableau trop désenchanté de ce pays et de ceux qui le
colonisent.
Je reste persuadé que M. Schrameck a une meilleure
opinion de ces derniers et qu’il saisira la première occasion de rendre hommage
à leurs efforts.
F. Mury
Le Courrier colonial
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