Un grand indigénophile vit en songe son rêve réalisé. Le
niveau intellectuel des Malgaches était arrivé au même degré que celui des
Européens et même à un degré supérieur car ils constituaient une race neuve,
toute jeune alors que la nôtre, affaiblie par les années et usée par le dur struggle for life, traînait l’aile
péniblement comme un oiseau blessé. Aussi, un parlement malgache s’était-il
constitué. On y voyait de toutes les races qui avaient envoyé chacune leurs
représentants. Les types étaient tous plus beaux les uns que les autres. On
pouvait juger d’autant mieux de la bonne proportion de leurs membres qu’ils n’étaient
pas tous vêtus à la dernière mode.
Quelques-uns, rappelant par leur costume le paysan du Danube, donnaient à
présumer qu’ils en auraient aussi la sagesse. D’autres, à l’instar des
sénateurs romains, étaient drapés dans leur toge et leurs délibérations
devaient au moins valoir celles des pères conscrits. Plusieurs questions, – dont
quelques-unes d’un ordre très élevé, – furent débattues. Des interprètes
traduisaient dans les différents dialectes, au fur et à mesure, tout ce qui se
disait de façon à ce que tout le monde pût comprendre. À un moment donné, les
députés (?) furent invités à formuler de vive voix, ou par écrit pour ceux
qui connaissaient, les aspirations et les désirs de leurs tribus respectives. Il
y eut d’abord quelques difficultés pour leur faire comprendre la question mais
aussitôt qu’ils l’eurent comprise ils répondirent d’une seule voix :
« En premier lieu nous voulons bien manger. » Désappointés par ce
terre-à-terre, certains membres lettrés crurent bon d’insister pour obtenir une
meilleure réponse ; ils demandèrent : « Et après ? »
« Et après ne rien f… »
Notre grand indigénophile en fut si stupéfait que du coup il
se réveilla.
Une
économie
Au moment où la France cherche à relever ses finances, il n’est
pas de petite économie qui soit négligeable. C’est sans doute pour lui venir en
aide que le coup de canon de 8 heures qui donnait tous les matins l’heure
officielle à notre ville a été supprimé depuis le 26 courant ?
Nous ne saurions blâmer cette mesure, car elle peut être le
commencement d’une série d’économies : les petits ruisseaux font les
grandes rivières.
Le Tamatave
Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 82 titres parus à ce jour.
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