10 septembre 2019

Il y a 100 ans : Parlement malgache


Un grand indigénophile vit en songe son rêve réalisé. Le niveau intellectuel des Malgaches était arrivé au même degré que celui des Européens et même à un degré supérieur car ils constituaient une race neuve, toute jeune alors que la nôtre, affaiblie par les années et usée par le dur struggle for life, traînait l’aile péniblement comme un oiseau blessé. Aussi, un parlement malgache s’était-il constitué. On y voyait de toutes les races qui avaient envoyé chacune leurs représentants. Les types étaient tous plus beaux les uns que les autres. On pouvait juger d’autant mieux de la bonne proportion de leurs membres qu’ils n’étaient pas tous vêtus à la dernière mode.
Quelques-uns, rappelant par leur costume le paysan du Danube, donnaient à présumer qu’ils en auraient aussi la sagesse. D’autres, à l’instar des sénateurs romains, étaient drapés dans leur toge et leurs délibérations devaient au moins valoir celles des pères conscrits. Plusieurs questions, – dont quelques-unes d’un ordre très élevé, – furent débattues. Des interprètes traduisaient dans les différents dialectes, au fur et à mesure, tout ce qui se disait de façon à ce que tout le monde pût comprendre. À un moment donné, les députés (?) furent invités à formuler de vive voix, ou par écrit pour ceux qui connaissaient, les aspirations et les désirs de leurs tribus respectives. Il y eut d’abord quelques difficultés pour leur faire comprendre la question mais aussitôt qu’ils l’eurent comprise ils répondirent d’une seule voix : « En premier lieu nous voulons bien manger. » Désappointés par ce terre-à-terre, certains membres lettrés crurent bon d’insister pour obtenir une meilleure réponse ; ils demandèrent : « Et après ? »
« Et après ne rien f… »
Notre grand indigénophile en fut si stupéfait que du coup il se réveilla.

Une économie

Au moment où la France cherche à relever ses finances, il n’est pas de petite économie qui soit négligeable. C’est sans doute pour lui venir en aide que le coup de canon de 8 heures qui donnait tous les matins l’heure officielle à notre ville a été supprimé depuis le 26 courant ?
Nous ne saurions blâmer cette mesure, car elle peut être le commencement d’une série d’économies : les petits ruisseaux font les grandes rivières.
Le Tamatave


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