(Suite et fin.)
« Ce qu’il nous faut, c’est une compréhension meilleure
des intérêts généraux. Le bétail et les mines sont les deux grandes ressources
de l’île. Il y avait aussi les forêts, mais elles ont été en partie dévastées. On
a découvert des gisements de cuivre, de fer et de charbon, mais ce qui importe
est leur exploitation par des gens compétents. Il faut un personnel technique, un
cadre de colons instruits et sérieux au lieu de gens qui cherchent à faire de
la spéculation et des affaires. Il est pénible de voir d’anciens marchands de
cartes postales, par exemple, accaparer de riches terrains houillers et
attendre tranquillement l’offre du prix fort pour s’en dessaisir. La
spéculation est un microbe infectieux qui a pénétré partout, là-bas comme ici. En
Europe on résiste tant bien que mal, là-bas on en meurt.
« On en meurt, car elle annihile les meilleures
volontés, elle paralyse tous les efforts. Il y a beaucoup à faire à Madagascar,
mais il nous manque des agriculteurs, des ingénieurs, des médecins et des
instituteurs. En un mot, des gens de métiers qui savent quelque chose, des
éducateurs d’hommes capables de conduire des hommes et de les initier à ce qu’ils
savent et d’en tirer le meilleur rendement possible. Il y a des maîtres d’école
qui ne savent pas un mot de français et qui, naturellement, ont la prétention
de l’enseigner. Il en est, malheureusement, de tout ainsi. Que l’on balaie les
spéculateurs d’abord et les incompétents ensuite, et Madagascar sera ce qu’elle
doit être, ce qu’il faut qu’elle soit : un des plus beaux fleurons de
notre domaine colonial. »
Cette situation, M. Schrameck va aller à Paris l’exposer
au ministre. C’est un grand cri d’alarme qu’il va pousser, et il a l’espoir qu’il
sera entendu. Ensuite, il ira se reposer à Vichy. Retournera-t-il à Madagascar ?
Pour le moment, il est en congé régulier, et, s’il a des projets, c’est son
secret. L’avenir nous le dira.
E. de Feuquières.
Le Petit Parisien
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