Samedi dernier,
18 courant, le Comice agricole de Tamatave a tenu séance pour discuter
diverses questions importantes qui lui avaient été soumises.
En premier lieu, il a été
appelé à donner son avis sur les incidents si profondément regrettables qui se
sont déroulés sur les chantiers de la Cie Lyonnaise à Mananjary, et que
tous ici connaissent, mais que nos lecteurs d’Europe auront bien de la peine à
croire véridiques.
Dans la nuit du 26 au
27 mai dernier, des miliciens en armes, sous les ordres d’un caporal, ont
fait irruption dans les habitations des indigènes travaillant sur les
plantations de cette Cie, et ont forcé ces derniers à sortir d’une façon si
brutale qu’un enfant en bas âge a été écrasé et est mort. Cette opération a
duré toute la nuit et ne s’est terminée qu’à l’heure où les ouvriers
commençaient à se rendre au travail.
Le prétexte de cette inqualifiable agression a été de rechercher des
« sans carte », c’est-à-dire des ouvriers en retard dans le paiement
de leur impôt de capitation.
Or, sur
553 ouvriers, il n’en a été trouvé que 11 réellement en retard, arrivés
depuis peu sur les chantiers pour y gagner l’argent nécessaire à payer leur
impôt. Les autres étaient en règle avec le fisc, et beaucoup étaient même en
avance dans le paiement de leur capitation.
Le motif réel n’a été autre que l’animosité que professait
l’Administrateur Talvas, chef de la Province, contre M. Hardelet,
directeur des plantations de la Cie Lyonnaise à Ampangarinamaro, où les
faits se sont produits.
La cause première de
cette animosité ?…
L’enquête officielle à
laquelle il a été procédé par M. Vally, administrateur en chef, assisté d’un
colon, M. Paris, n’a pu arriver à l’établir. Il semble que la tête de M. Hardelet ne plaisait pas
à l’administrateur Talvas, et c’est tout, car à l’origine ils étaient en
excellents termes.
Les suites de cette
odieuse agression se sont immédiatement fait sentir. Les 553 ouvriers pris
de panique se sont enfuis immédiatement dans la brousse ou pays voisins, et
seulement 127 ont accepté de reprendre le travail ; les autres, à aucun
prix, n’ont voulu y consentir.
(À suivre.)
Le Tamatave
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