(Suite.)
Couché, le ventre au
soleil, sur un monticule voisin, il regarde le feu accomplir son œuvre ;
puis, toujours étendu, il regarde ses femmes et ses enfants jeter le riz en
terre, sans autre travail de préparation. Cela fait, il dort sur les deux oreilles
jusqu’à l’époque où le grain commence à se former. C’est le moment le plus
intéressant pour lui, car alors commencent les fêtes et la bombance qui ne
durant, hélas ! que quelques semaines à peine, le temps de manger le riz
récolté, car il est excessivement rare que la récolte provenant des
« tavy » puisse assurer la provision de l’année, d’autant plus que
l’indigène ne cultive jamais qu’une infime partie de l’étendue brûlée par lui.
Après quoi, tenaillé par
la faim et débilité par les privations, il essaie quelquefois de revenir sur le
chantier qu’il a quitté au grand préjudice de son employeur, et où il est
toujours bien accueilli.
Mais, le plus souvent,
n’ayant pas payé ses impôts pendant tout le temps qu’a duré le
« tavy », et craignant d’être poursuivi pour ce retard, il gagne la
brousse, et voilà un homme perdu pour lui et la société ; c’est le plus
clair résultat des « tavy ». C’est ce que le Comice agricole rappelle
à l’unanimité.
À noter qu’il n’existe
pas de région où ne se trouvent des terres à riz, c’est-à-dire pouvant
s’irriguer comme dans les Hauts Plateaux pour donner une récolte intense. Mais
ces terres demandent à être travaillées soit à la bêche, soit à la charrue,
après que l’épaisse végétation qui les recouvre a été soigneusement extirpée.
Et c’est là un travail auquel l’indigène ne veut s’assujettir à aucun prix,
malgré tous les encouragements et tous les conseils que l’administration peut
lui donner, car il y a des fonctionnaires – rari
nantes – qui s’occupent, sérieusement et avec intelligence, des progrès et
du bien-être des indigènes.
Voilà les diverses
raisons pour lesquelles les « tavy » avaient été interdits, et voilà
pourquoi aussi cette interdiction doit être rigoureusement maintenue. Sans
doute les « tavy » sont une vieille coutume ancestrale qu’il est,
pour cela, difficile de faire perdre. Mais, dans l’intérêt tant de la colonie
que de l’indigène lui-même, on doit y arriver.
(À suivre.)
Le Tamatave
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