(Suite.)
Après avoir pris
connaissance des documents établissant, d’une façon péremptoire, les faits
énoncés ci-dessus, le Comice agricole de Tamatave, à l’unanimité, a joint sa
protestation indignée à celle des colons et des corps constitués de Mananjary,
regrettant que des sanctions plus efficaces et plus sévères ne fussent pas
appliquées aux auteurs de ces abus.
Car en somme, quel que
soit le dommage qu’en éprouvent les colons et la colonie, les auteurs de ces
abus, tenus pour irresponsables, jouissent de l’immunité la plus absolue.
De plus, dans la
circonstance, pour que les colons voisins se soient émus, pour que les corps
constitués se soient indignés et protestent, il a fallu que la victime des abus
dénoncés fût une riche et puissante compagnie telle que la Lyonnaise.
Car ils sont légion, les
modestes et malheureux colons victimes d’abus de toute nature, pour qui les
voisins n’osent prendre parti, dans la crainte de se voir eux-mêmes englobés
dans l’animosité des auteurs de ces abus.
Et quelles sanctions ont
jamais été prises contre ces derniers, bien que leurs exploits (?…) puissent
remplir des volumes ?
Pour ne citer qu’un
exemple pris dans la Province même de Tamatave, l’administrateur Lagriffoul,
ayant ruiné un colon, s’est vu condamné – par
les tribunaux civils – à dix mille francs de dommages-intérêts. Quelle
sanction a été prise contre lui par l’administration ?… On le donnerait en
mille qu’on ne devinerait pas.
La colonie a payé les
10 000 francs et Lagriffoul a été gratifié de la croix de la Légion
d’Honneur, et d’un poste d’avancement dans une colonie d’Afrique. Après cela,
il n’y a plus qu’à tirer le rideau ! Et ainsi de même pour les autres.
L’occasion se présentera,
sans doute plus tard, de relater d’autres abus, dont le récit ne peut trouver
place dans ce compte rendu déjà trop long.
La discussion sur les
incidents de Mananjary a amené sur le tapis la question de la main-d’œuvre, et
autres questions qui s’y rapportent.
(À suivre.)
Le Tamatave
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