(Suite.)
Même les 250 femmes
employées à la cueillette du café ont refusé de travailler, craignant tous de
voir d’un moment à l’autre se renouveler de pareils faits. D’où il résulte un
dommage considérable pour la Cie Lyonnaise.
Il convient d’ajouter
qu’en envoyant des miliciens perquisitionner sur le domaine de cette Compagnie,
l’administrateur Talvas est sorti de ses attributions, car ce domaine faisait
partie d’un district ayant à sa tête un Administrateur chargé, lui, de la
perception des impôts dans son district.
Les colons voisins, de
même que la Chambre consultative et le Comice agricole de la Province, alarmés
par de pareils agissements, ont protesté en
termes très modérés auprès de l’administration supérieure, et demandé
qu’une sanction prompte et efficace intervînt, non seulement pour que de
pareils faits ne se renouvelassent pas, mais aussi pour rassurer les
populations ouvrières qui, deux mois après, étaient encore sous l’impression de
la panique de la première heure. Ils ont demandé que, d’abord, fussent éloignés
de la Province les auteurs de ces faits. D’autant plus que, quelques jours
avant l’attentat du 26 mai, l’administrateur Talvas avait tenu un
« Kabary » aux indigènes voisins du domaine de la Cie Lyonnaise
leur disant qu’il ne comprenait pas comment ils pouvaient aller travailler pour
le compte de cette compagnie.
Tardivement, le caporal
qui avait dirigé les perquisitions s’est vu infliger un mois de prison – qu’il n’a point fait. C’est un ancien
ouvrier de la Compagnie, renvoyé pour indélicatesse.
L’administrateur Talvas,
lui, l’auteur principal, pour toute sanction, a été envoyé, sur sa demande, à Nosy-Bé, comme
Administrateur-Maire, en remplacement de l’administrateur Sylvie, un autre phénomène.
Quels crimes ont donc
commis les Nosy-Béens pour qu’ils soient successivement gratifiés de pareils
administrateurs ?
Sur sa demande !… quel délicieux euphémisme, et comme on sent là
les trésors d’indulgence que réserve l’administration aux enfants terribles –
j’allais dire tarés – qu’elle abrite dans son sein !…
(À
suivre.)
Le Tamatave
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