(Suite.)
Ils sont donc des frères
en état de minorité complète, ignorants et incapables de se conduire par
eux-mêmes. Il nous incombe dès lors le devoir absolu de les éduquer et de les
diriger.
Est-il permis à nos
jeunes frères d’échapper aux devoirs que, dans leur propre intérêt, nous avons
cru devoir leur imposer ? Personne ne l’admettra.
Même parmi ceux qui
travaillent, à de rares exceptions près, le sans façon, on ne peut plus
irrespectueux, avec lequel ils traitent leur patron, surtout lorsque celui-ci
est un Européen, est à peine croyable. Entre eux, ils ne désignent ce dernier
que par un sobriquet qui caractérise le défaut culminant qu’ils ont découvert
en lui.
Qu’une observation faite
par lui ne leur convienne pas, quelque justifiée qu’elle soit, ils le plantent
là, quelque pressé que soit le travail, quelque dommage qui puisse en résulter
pour leur patron, sans terminer le mois pour lequel ils se sont engagés, ni
même quelquefois la journée commencée.
Bien mieux, si le bruit
d’une fête arrive jusqu’à eux, ou si un enterrement passe dans le voisinage, –
car un enterrement est pour eux une très grande fête où l’on se soûle et où
l’on fait ripaille, – ils n’hésitent pas à planter là leur travail, sans crier
gare et sans même avertir leur employeur.
Cela ne les empêche pas
de venir aussitôt après réclamer insolemment le montant de ce qui leur est dû.
Et vite de vous exécuter,
car sans cela le conseil d’arbitrage
vous attend.
Le conseil d’arbitrage !!! Ah ! quel bon boulet nous a légué
là le socialiste Augagneur. Ce n’est pas qu’en elle-même cette institution ne
soit pas une admirable chose. Dans l’Émyrne et le Betsileo elle donne peut-être
de bons résultats. Mais, appliquée dans le reste de la colonie, notamment sur
la côte Est, où l’indigène n’a pas de domicile fixe, et change de nom plus
souvent que de chemise, cette institution n’est plus qu’un déplorable
anachronisme.
À ce sujet, il est à
remarquer que l’administration centrale prend souvent des mesures englobant la
colonie entière sans tenir compte des milieux, des différences de zones, de la
mentalité malgache, et surtout sans consulter les intéressés. C’est une sorte
de lit de Procuste, auquel tous doivent s’ajuster.
(À suivre.)
Le Tamatave
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