21 septembre 2016

Il y a 100 ans : Les graphites, et encore les graphites (2)

(Suite.)
Cependant, à l’appui de ce qui est dit ci-dessus, nous pouvons ajouter le fait suivant :
Le jour où a paru la décision du gouvernement français interdisant l’exportation en Amérique des graphites de Madagascar, ce produit sur le marché français a subi une baisse de 200 francs la tonne.
Comme aucun raisonnement ne vaut l’éloquence des chiffres, en voici quelques-uns qui éclaireront la situation d’un jour encore plus complet.
Le gouvernement français, par l’intermédiaire du gouverneur général, a fait inviter les producteurs de graphite à intensifier le plus possible leur production. Pour répondre à cette invitation, M. Garbit a été jusqu’à prendre des mesures administratives afin de pouvoir fournir aux producteurs de la main-d’œuvre prestataire, rétribuée à l’égal des autres ouvriers. La production, par suite, a plus que doublé.
Mais le gouvernement français, qui avait promis d’envoyer des bateaux pour enlever cette production lorsque celle-ci atteindrait 2 500 tonnes par mois, a oublié de tenir sa promesse.
Est-ce que la puissante société anglaise, dont plus haut il est fait mention, aurait aussi obtenu du gouvernement français le contrôle exclusif des graphites de Madagascar au risque de ruiner notre colonie ?… Mystères et pots de vin peut-être ! Todo puede ser !
En attendant, voici à titre d’exemple la situation plus que défavorable faite à un producteur de la province de Tamatave, situation qui lui est commune avec d’autres producteurs.
Il devait expédier par Sidney et Crimée, faute de place, seulement une partie de ses produits.
Voici la circulaire qu’il a reçue, en même temps que les autres négociants et industriels inscrits pour chargements sur ce même bateau :

Tamatave, le 8 juillet 1916.
J’ai l’honneur de vous informer qu’à la suite d’une nouvelle réquisition visant des transports de Tamatave à Marseille par Sidney, tout le tonnage disponible pour les envois du commerce se trouve utilisé. Je regrette qu’il ne soit plus possible dans ces conditions d’enlever, suivant nos prévisions, les expéditions que vous m’aviez offertes et que j’avais acceptées sous réserve de réquisitions.
Pour l’Agent Général p. i.,
Signé : Antoine.
 (À suivre.)

Le Tamatave

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