4 octobre 2018

Il y a 100 ans : La crise du graphite (1)


L’effondrement est complet. La ruine des nombreux exploitants de graphite est maintenant consommée ; l’arrêt de tous les toby devient obligatoire et 200 000 indigènes vont se trouver sans travail du jour au lendemain.
Le commerce, déjà gêné considérablement par le manque de bateaux, est dans le marasme le plus complet et les affaires, qui en grande partie dépendaient de l’industrie du graphite, sont paralysées. En résumé, après une ère de prospérité, c’est la misère et la ruine en perspective pour ce pays.
Ainsi que nous l’avons établi dans une série d’articles parus ici même, la haute administration a une large part de responsabilité dans ce résultat lamentable.
Il y a un an – il y a même six mois –, l’ouverture du marché américain aux exportations directes de Madagascar aurait sauvé la situation. L’administration, pour des raisons qu’il est préférable de ne pas approfondir en ce moment, s’est y toujours obstinément refusée.
Aujourd’hui encore, en pleine crise et à l’heure où la haute administration peut se rendre un compte exact du résultat désastreux dû à son incurie, la mesure sollicitée depuis si longtemps par tous les véritables exploitants de graphite (nous mettons de côté les spéculateurs du consortium) n’a pas encore été prise.
Il importerait cependant qu’elle le fût.
Nous prévoyons les objections qu’on ne manquera pas de nous faire. Eh quoi ? nous dira-t-on, c’est au moment où l’Amérique nous ferme ses portes que vous demandez une autorisation d’exporter le graphite directement dans ce pays ?
Nous ferons remarquer à notre peu prévoyant contradicteur que si l’Amérique nous a fermé ses portes, c’est à raison de la mauvaise volonté et de l’ostracisme injustifié de nos gouvernants qui n’ont pas voulu mettre notre nouvel allié sur le même pied que l’Angleterre.
Nous ferons remarquer encore que l’interdiction d’exporter le graphite en Amérique n’existe que pour l’année 1918. Il est parfaitement possible que des affaires puissent être conclues pour 1919, si Monsieur le Gouverneur Général se décide enfin à prendre la mesure sollicitée par nous depuis si longtemps.
(À suivre.)
Le Tamatave


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