L’effondrement est complet. La ruine des nombreux
exploitants de graphite est maintenant consommée ; l’arrêt de tous les
toby devient obligatoire et 200 000 indigènes vont se trouver sans
travail du jour au lendemain.
Le commerce, déjà gêné considérablement par le manque de
bateaux, est dans le marasme le plus complet et les affaires, qui en grande
partie dépendaient de l’industrie du graphite, sont paralysées. En résumé,
après une ère de prospérité, c’est la misère et la ruine en perspective pour ce
pays.
Ainsi que nous l’avons établi dans une série d’articles
parus ici même, la haute administration a une large part de responsabilité dans
ce résultat lamentable.
Il y a un an – il y a même six mois –, l’ouverture du marché
américain aux exportations directes de Madagascar aurait sauvé la situation.
L’administration, pour des raisons qu’il est préférable de ne pas approfondir
en ce moment, s’est y toujours obstinément refusée.
Aujourd’hui encore, en pleine crise et à l’heure où la haute
administration peut se rendre un compte exact du résultat désastreux dû à son
incurie, la mesure sollicitée depuis si longtemps par tous les véritables
exploitants de graphite (nous mettons de côté les spéculateurs du consortium)
n’a pas encore été prise.
Il importerait cependant qu’elle le fût.
Nous prévoyons les objections qu’on ne manquera pas de nous
faire. Eh quoi ? nous dira-t-on, c’est au moment où l’Amérique nous ferme
ses portes que vous demandez une autorisation d’exporter le graphite
directement dans ce pays ?
Nous ferons remarquer à notre peu prévoyant contradicteur
que si l’Amérique nous a fermé ses portes, c’est à raison de la mauvaise
volonté et de l’ostracisme injustifié de nos gouvernants qui n’ont pas voulu
mettre notre nouvel allié sur le même pied que l’Angleterre.
Nous ferons remarquer encore que l’interdiction d’exporter
le graphite en Amérique n’existe que pour l’année 1918. Il est parfaitement
possible que des affaires puissent être conclues pour 1919, si Monsieur le
Gouverneur Général se décide enfin à prendre la mesure sollicitée par nous
depuis si longtemps.
(À suivre.)
Le Tamatave
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