On a beaucoup plaisanté le formalisme des Anglais qui se
présentent l’un à l’autre avant d’engager la moindre conversation. Ce
formalisme semble puéril, assurément, mais combien utile ! Si nous autres Français
nous l’observions un peu plus, ce formalisme nous éviterait quelques gaffes
dans le genre de celle qu’a perpétrée dernièrement un brave colon malgache
débarquant dans un gîte d’étape du nord-ouest de la Grande Île.
Notre homme trouve là un compagnon qui arrive, lui, du sud.
Pas de présentations, bien entendu, mais des lieux communs,
uniquement « pour causer », car on aime à causer encore plus aux
colonies qu’en France.
— J’arrive d’Ambiky, où j’étais allé faire une tournée,
dit le premier.
— Ah ! moi, j’arrive de Besakafo.
— Tiens, mais je connais Besakafo.
— Comme ça se rencontre… Et il y a longtemps que vous
avez quitté Besakafo ?
— Il y a au moins dix ans. Je m’y serais bien plu, mais
figurez-vous, j’y ai rencontré un sale type, une fripouille pour tout dire.
— Oh ! vous savez, il y en a partout.
— Oui, mais celui-là ne valait pas la corde pour le
pendre. Et, tenez, puisque vous arrivez de Besakafo, vous devez le connaître et
vous serez de mon avis quand je vous aurai dit son nom.
Là-dessus, tout en offrant une cigarette à son auditeur, le
voyageur qui venait d’Ambiky révèle le nom de la « fripouille »,
cependant que le voyageur venant de Besakafo blêmît, rugit et clame :
— Mais dites donc, fripouille vous-même ; c’est
moi… et maintenant je vous reconnais aussi…
Un pugilat en règle suivit cette cordiale entrevue de deux
voyageurs dont l’un venait du nord et l’autre du sud et qui probablement
auraient évité de remuer les cendres éteintes s’ils s’étaient tout d’abord
présentés l’un à l’autre.
Contre la crise de l’essence à Madagascar
La Tribune de
Madagascar émet une idée qui, selon elle, solutionnerait la question de la
crise de l’essence dans la Grande Île.
« Que le budget de Madagascar inscrive la forte somme
pour : 1° une mission vraiment technique qui en finisse avec la
question de l’existence des gisements pétrolifères dans la Grande Île ;
2° ou pour prime à un concours en vue de l’utilisation pratique du moteur
à alcool, Madagascar pouvant produire l’alcool industriel en grande quantité et
à vil prix. La colonie doit s’efforcer de vivre sur son propre fonds. »
Le Courrier colonial
Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 75 titres parus à ce jour.
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