La crise est complète. Les sociétés qui avaient passé des
contrats d’achat les ont résiliés ; le ministre persiste à interdire les
exportations sur l’Europe, et le marché américain est toujours fermé. Il n’y a
donc aucune possibilité de transaction.
La plupart des exploitants stockant leur production depuis
plus de six mois sont, faute de ressources, obligés de fermer leurs toby. La
main-d’œuvre se disperse, le matériel se perd et les installations non
entretenues auront bientôt complètement disparu.
Et cependant que d’argent et d’efforts ont été dépensés pour
l’établissement de ces installations en pleine brousse ! Que de
difficultés n’a-t-il pas fallu surmonter pour transporter dans des régions
dépourvues de routes et de tous moyens de communication les voies Decauville,
machines et matériel de toutes sortes !
Ces efforts et dépenses auront été faits en pure perte et
l’industrie des graphites sera irrémédiablement compromise si Monsieur le
Gouverneur Général ne se décide pas, sans aucun retard, à prendre les mesures
qui s’imposent.
Grâce à la très louable activité des producteurs de graphite
réunis en Syndicat, Monsieur le Gouverneur Général a été mis au courant de la
situation. Les mesures à prendre pour conjurer la crise lui ont été indiquées.
C’est d’abord une avance consentie par l’État sur les stocks
de graphite existants chez les
producteurs. Cette avance serait fixée à environ la moitié de la valeur de
la marchandise.
C’est ensuite – et c’est la question importante –
l’ouverture libre et immédiate du marché américain, mesure que nous sollicitons
vainement depuis plus d’un an.
Nous savons que le marché américain n’est pas perdu et que,
dès l’année prochaine, nos amis seraient disposés à venir prendre un tonnage
important de nos graphites de Madagascar.
Mais ils attendent, pour faire des offres, que paraisse à l’Officiel l’annonce de la mesure depuis
si longtemps sollicitée par eux et par nous-mêmes.
Nous avons pleine confiance que notre nouveau Gouverneur,
aujourd’hui pleinement éclairé sur la situation dont l’importance ne lui a pas
échappé, prendre de suite les mesures qui lui sont demandées et dont il a
certainement reconnu l’urgence.
Le Tamatave
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