(Suite et fin.)
La réunion de tous ces présidents, qui ne sauraient être que
des commerçants, étant donné l’énorme supériorité numérique de ces derniers sur
les colons, industriels et agriculteurs, deviendra en réalité une sorte de
petit Parlement, où ne seront défendus que les intérêts du commerce, où seront
négligés, voire même sacrifiés, les intérêts de l’industrie et de
l’agriculture.
Quelle pourrait être, en effet, la compétence des
commerçants en matière agricole ou industrielle ; quelles pourraient être
les raisons qui les inciteraient à s’en occuper ?
Au lieu de vouloir vraiment s’éclairer, il semble que
l’Administration supérieure ait le désir de tout confondre, afin de pouvoir
agir, sans contrôle effectif, comme par le passé.
Le motif inavoué de ce semblant de réforme paraît être
l’inquiétude qu’inspire un nouvel organisme, le Syndicat des agriculteurs de
Madagascar, qui vient de se constituer et qui groupe déjà presque toutes les
forces agricoles de l’île. Or, cet organisme paraît à l’administration devoir
être très remuant, très agissant, et elle se préoccupe déjà de lui opposer un
autre organisme capable de contrecarrer son action.
Il est vraisemblable que la peur des responsabilités, l’envie
de s’abriter derrière un avis émis par des gens incompétents et en même temps
irresponsables, le désir de n’avoir pas à se prononcer entre des avis opposés,
émanant des représentants qualifiés des divers intérêts en présence, ne soient
pas non plus étrangers au projet de l’administration.
Nous voulons cependant espérer que les agriculteurs de
Madagascar obtiendront que l’on améliore le statut des Comices agricoles,
perfectibles évidemment, comme toute conception humaine. Il y a beaucoup mieux
à faire que de les laisser purement et simplement absorber par les Chambres
consultatives du commerce et de l’industrie.
Si, contrairement à ce vœu, le projet de l’administration se
réalisait, il ne resterait plus aux agriculteurs qu’à refuser de prendre une
part, si petite soit-elle, à la création et au fonctionnement de ce nouvel
organisme, et à se consacrer uniquement au perfectionnement et à l’extension de
leur syndicat.
A. Paris,
Membre du Comice agricole de Mananjary
Le Courrier colonial
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