Il n’est bruit, en ce moment, à Madagascar, que d’un projet
de réforme des assemblées élues de la Grande Île, qui se composent de Chambres
consultatives du commerce et de l’industrie, de Comices agricoles, d’une
Chambre d’agriculture.
D’après ce que nous croyons savoir, ce projet consacrerait
une innovation vraiment singulière. Actuellement, les Chambres consultatives de
commerce et d’industrie s’occupent des intérêts du commerce et de
l’industrie ; les Comices agricoles, de tout ce qui touche à
l’agriculture. Cette organisation, pour être parfaite, nécessiterait une
séparation entre le commerce et l’industrie, mais dans l’état actuel, elle
correspond déjà à une certaine division du travail, à une certaine spécialisation,
et la compétence professionnelle des membres de chaque corps peut se manifester
utilement.
Si quelques changements devaient être apportés à
l’organisation actuelle, il semblerait tout naturel qu’ils soient orientés dans
le sens de la division qui vient d’être indiquée. Or, au lieu de séparer le
commerce de l’industrie, et de créer pour cette dernière un organe de
représentation professionnelle, le projet en question se propose, au contraire,
de grouper en un seul corps élu, comprenant commerçants, industriels, mineurs,
agriculteurs, les représentants de ces diverses professions dont les intérêts,
pour être connexes, n’en sont pas moins différents les uns des autres, voire
même quelquefois en opposition.
En raison des conditions requises pour faire partie du corps
électoral, et sur lesquelles il est inutile de s’étendre, le projet en question
aura pour inévitable effet de sacrifier, pour le plus grand bénéfice du
commerce, les intérêts des professions réellement productives, mines et surtout
industrie, agriculture.
Cependant, le commerce ne peut exister et se développer que
si les autres branches sont florissantes.
Les inquiétudes des agriculteurs sont tout à fait
justifiées. En effet, l’assemblée unique, ainsi constituée au chef-lieu de
chaque province, déléguera chaque année son président auprès du gouverneur
général.
(À suivre.)
A. Paris,
Membre du Comice agricole de Mananjary
Le Courrier colonial
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