September 29, 2016

100 mètres à Mexico avec Jean-Louis Ravelomanantsoa

Dur réveil ce matin, quand j'apprends la mort de Jean-Louis Ravelomanantsoa, 73 ans et athlète hors pair, le plus grand probablement que Madagascar a connu dans un sport planétaire, l'athlétisme - et sur une des distances reines, le cent mètres.Pendant un an, en 2007 et 2008, nous avons caressé ensemble l'idée de publier un livre qui relaterait sa fabuleuse carrière. Nos séances hebdomadaires ont été exaltantes. Jean-Louis savait raconter, et ses souvenirs nourrissaient un texte que nous voulions écrit à la première personne, avec ma collaboration - sous ma peau blanche, j'étais son nègre, pour reprendre le mot consacré dans l'édition. Finalement, pour diverses raisons, le projet n'a pas abouti. Mais il a donné de beaux restes. Je viens de relire le chapitre consacré à son aventure mexicaine, un des grands moments de sa vie d'athlète puisqu'il est entré en finale du cent mètres. En souvenir des nombreuses heures passées ensemble, lui et moi, et en hommage à ce grand homme, je vous l'offre aujourd'hui.
Entre la chambre d’appel et le stade, il y a ce qu’on appelle « le couloir de la mort »… Psychologiquement, tout se joue là. Et le mental est très important, surtout dans une course qui se joue au dixième de seconde. Avant même d’entrer sur la piste, on est dans sa bulle. Donc, je ne me suis pas occupé, au premier tour, de la série courue avant la mienne. C’est aussi un entraînement, d’arriver à se dire que personne ne me dérangera dans ma course, et certainement pas les autres concurrents.
Mexico a ceci de particulier que la ville se situe en altitude, à 2 200 mètres. Les réflexes ne sont pas les mêmes et il faut un temps d’adaptation, facilité bien entendu par le stage que j’avais effectué à Font-Romeu.
Nous y étions, à nouveau, une toute petite délégation malgache : Fernand Tovondray participait au 110 mètres haies et au saut en hauteur ; Dominique Rakotarahalahy était inscrit au saut à la perche et Solo Razafinarivo, en cyclisme.
J’avais Jacques Dudal comme entraîneur avec moi, ce qui est très important pour la préparation psychologique. Pendant l’échauffement, il surveille les gestes pour voir s’il n’y a pas un petit souci technique de dernière minute. Il a les mots nécessaires pour dire que ça va bien, que ça se passe bien et que ça se passera bien. Puisque, pendant la course, l’entraîneur ne peut plus rien dire. Mais il est là et il observe.
Il y a aussi, bien entendu, le côté physique, préparé avant la course par un échauffement sur la piste annexe. Cela prend une heure avant la compétition proprement dite. Mais la préparation commence bien plus tôt. Pour les séries du matin, il faut prendre le petit déjeuner trois heures avant. Et, trois heures avant le petit déjeuner, on effectue un réveil musculaire. Le corps doit retrouver ses habitudes. Certes, les Jeux olympiques, c’est spécial. Mais il faut se remettre dans ses repères, physiquement et mentalement. Il faut se sentir bien…
Idéalement, quand tout se passe normalement, la course est faite avant de la courir, si j’ose dire. Tous les détails sont importants. Je reviens à cette belle expression : « être dans sa bulle ». Elle correspond exactement à l’état d’esprit avant la course. On ne doit pas être perturbé, par quoi que ce soit. Ni par qui que ce soit. C’est souvent plus facile à dire qu’à faire. La perturbation peut survenir, alors qu’on est dans la chambre d’appel, dans le silence complet de sa bulle, au moment où on sort de cet isolement intérieur pour se retrouver sur le stade où il y a des dizaines de milliers de spectateurs… Mais il faut à tout prix rester concentré sur la course à faire.
Dès avant la première série, on connaît les performances des concurrents qui ont été placés dans la même course par tirage au sort. Le couloir a été déterminé de la même manière. Et la stratégie de course est toujours identique : partir de manière explosive, accélérer longtemps et finir vite.
Le premier tour avait lieu un dimanche, le 13 octobre. J’avais déjà un médaillé potentiel dans ma série, la deuxième de neuf courses, l’Américain James Hines, qui avait été le premier à franchir la barrière symbolique des 10” lors des championnats des États-Unis, lors des sélections pour Mexico. Et je termine immédiatement derrière lui, dans le même temps, en 10”2. Les autres concurrents étaient moins connus.
À ce niveau, déjà le meilleur niveau en principe, parce qu’on n’a pas le droit à l’erreur, surtout quand on a l’objectif d’aller jusqu’en finale, mon état d’esprit était surtout de me qualifier pour le tour suivant. Il fallait terminer dans les trois premiers pour aller en quarts de finale, et les cinq meilleurs quatrièmes étaient repêchés. Ma deuxième place était donc automatiquement qualificative.
En réalité, j’avais un statut d’outsider. Mais j’étais conscient d’avoir ma chance, d’avoir un coup à jouer, comme on dit. Ce que le premier tour me confirme, en réalité, puisque je suis très proche de Hines.
Le même jour, donc, je me présente au départ du deuxième tour, un quart de finale en réalité. C’est évidemment plus sérieux, puisqu’un écrémage a eu lieu. Il ne reste, il faut bien s’en rendre compte, que les trente-deux meilleurs, qui sont à peu près les meilleurs du monde. Mais j’avais confiance, et je croyais avoir de bonnes chances de franchir ce deuxième tour.
Entre les deux courses, celle du matin et celle de l’après-midi, le temps est court. Dès ma série terminée, je rentre pour préparer le quart de finale. Il faut faire une séance de massage, récupérer, se restaurer, recommencer l’échauffement. Tout cela constitue un enchaînement assez contraignant. Il est indispensable d’être très organisé, de penser à la circulation en ville, de tenir compte de tous les éléments, en réalité. On n’est pas à la merci d’une petite erreur : un embouteillage imprévu, un oubli d’équipement…
L’objectif, après avoir passé l’obstacle des séries, est de refaire la même course à l’étape suivante, et en mieux si possible. Retrouver sa bulle, à l’intérieur de laquelle rien ne peut m’arriver. Il n’était pas question pour moi, en tout cas, de revivre sans cesse la course précédente, de la ressasser si l’on peut dire, sinon pour comprendre les éventuelles erreurs que j’ai pu commettre et qui, corrigées, me permettent de regarder en face le prochain défi avec de meilleures chances de réussite. Le prochain défi, c’est donc le quart de finale.
Avec, puisque je parlais d’erreurs et des corrections à y apporter, la certitude que je pouvais mieux me relâcher. Il y a toujours un peu de crispation, parce que l’enjeu est important. Mais il faut lutter contre cette tentation naturelle. Lutter contre soi-même en se disant : ce n’est qu’une course, il faut la faire comme elle est déjà faite dans la tête, puisqu’il n’y a aucune raison de la faire autrement. Sinon que, peut-être, il est possible de gagner un peu de temps au départ ou sur le finish. En tout cas, les concurrents ne doivent pas impressionner, quand bien même on connaît leur niveau – un haut niveau, cela va de soi en quart de finale olympique, confirmé par leur propre qualification.
Je suis, à ce tour-là, dans la dernière course. Mais je ne m’intéresse pas aux trois premières, je me concentre sur la mienne. Toujours dans ma bulle. Je n’étais pas non plus très expansif, comme pouvaient l’être certains Américains. Et je m’installe dans les starting blocks avec la certitude que rien ne peut m’arriver. Avec, aussi, l’envie de gagner cette course pour montrer, aux autres autant qu’à moi-même, que j’ai franchi une étape. Parce que la journée se termine mais je sais qu’il y en aura une autre demain…
Je me souviens évidemment moins bien du quart de finale que des deux courses suivantes, parce que cette sorte d’entonnoir dans lequel on se trouve à force de sélections de plus en plus difficiles génère aussi une intensité qui va croissant.
En tout cas, je prends le départ pour gagner. Dans la même course, il y a un autre Américain, Charles Greene, autre candidat à un podium. Mais personne ne m’impressionnait vraiment. J’étais en train de me révéler comme un concurrent sérieux, comme un outsider. La confiance, toujours.
Je pense, et d’autres l’ont dit, que j’aurais pu gagner ce quart de finale. En fait, je termine deuxième, en 10”1, derrière précisément Charles Greene qui réalise 10”. Un Américain après un autre, mais j’avais quasiment fait jeu égal avec eux.
D’une certaine manière, après ces deux courses du dimanche 13 octobre 1968, j’étais devenu quelqu’un d’autre, en particulier aux yeux des spécialistes. J’avais confirmé mes performances antérieures, à propos desquelles quelques doutes avaient parfois été émis. Je devenais un concurrent sérieux puisque seuls deux athlètes, le Cubain Hermes Ramírez dans la deuxième série et l’Américain Charles Greene dans la mienne avaient réalisé un meilleur temps que moi en quart de finale. Potentiellement – en sachant que ce calcul est théorique et est très éloigné de la réalité de la compétition –, j’avais peut-être ma place sur le podium de la finale…
Mais, avant la finale, il y avait encore la demi-finale. Toujours est-il que, ce dimanche-là, je rentre au village olympique avec le désir d’être seul avec mon entraîneur, avec aussi le sentiment du devoir accompli, d’avoir fait ce qu’il fallait. J’éprouvais en même temps le besoin de m’éloigner pour quelques instants de la course, de la pression qui accompagne la compétition. Dans le Village olympique de Mexico, malgré la présence de 5 500 athlètes, l’art et la culture étaient vraiment mis en exergue, et il y avait de quoi se distraire. Je ne parle pas d’une distraction fatigante, bien sûr, puisqu’il y a avait la suite de la compétition le lendemain. Mais l’art aztèque m’intéressait. Je ne sais plus, honnêtement, si j’ai visité une exposition ce soir-là. Mais j’ai dû discuter avec Isabella, l’hôtesse qui s’occupait de la délégation malgache, une Mexicaine qui apprenait le français, et la conversation me décontractait psychologiquement.
J’en avais besoin : la tension était forte et j’avais du mal à me distraire. Je lisais, ça ne me plaisait pas. Je regardais la télévision, ça ne me plaisait pas. L’enjeu du lendemain me rendait nerveux.
Cet enjeu, c’est la demi-finale. Un niveau qui commence à faire peur… Avec, en outre, la perspective de la finale quelques heures seulement après, à condition de terminer dans les quatre premiers de la demie.
Dans cette course, il n’y a plus d’athlète inconnu. Dans la deuxième demi-finale, où je courais, le Français Gérard Fenouil était au premier couloir. Au deuxième, l’Allemand Hartmut Schelter, à côté de moi. Au couloir 4, à ma droite, l’Américain Charles Greene, puis le Chilien Ivan Moreno, le Jamaïcain Lennox Miller, le Cubain Pablo Montes et, au couloir 8, l’Ivoirien Gaoussou Koné, mon principal rival en Afrique puisqu’il était champion continental.
Avant le départ, j’ai l’impression que mon objectif est atteint. La demi-finale, c’est déjà très bien. Passer cette étape-là, ce serait vraiment énorme. Beaucoup de mes adversaires sont, sur papier, meilleurs que moi. Mais pourquoi pas ? J’avais battu Koné en série et en quart de finale, où j’avais terminé très près de Greene…
Bref, je sais que ça va être dur mais je garde confiance. Bref, un 100 mètres l’est. Et pourtant, il s’y passe tellement de choses, en 10 secondes et des poussières…
En tout cas, je connais mon point fort et mon point faible. Je sais donc que mon départ doit être parfait et que la fin doit être plutôt meilleure que d’habitude.
Après un faux départ, provoqué par je ne sais plus qui, la course démarre. Je sors très bien des starting blocks, je suis devant tout le monde, jusqu’aux soixante mètres environ. Mais la fin est pénible. Je me fais remonter par un, deux, trois autres coureurs. Greene, Miller et Montes, pour être précis. Sur la ligne, je ne sais même pas si un quatrième, Koné, n’est pas devant moi aussi. J’ignore si je suis qualifié pour la finale ou non. Il faut attendre la photo-finish…
La « glorieuse incertitude du sport », quand elle se situe après l’arrivée, est plutôt angoissante. Au lieu de quitter la piste tout de suite, comme je l’avais fait lors des deux premiers tours, j’attends le résultat définitif. Qui est enfin annoncé, après un temps qui semble interminable : je suis quatrième, en 10”2, dans le même chrono que Koné et à un dixième des trois premiers. Ouf !
Pendant cette attente, j’ai cru ne pas être qualifié. Mais je savais avoir fait de mon mieux. Et, quand mon nom s’affiche sur le tableau, à la quatrième ligne, il y a un mélange de soulagement et de bonheur. Qu’on ne peut pas vraiment goûter, puisqu’il y a la finale immédiatement après, ou presque, et qu’il faut s’y préparer.
L’inquiétude – le mot est faible – éprouvée avant de savoir que j’étais qualifié pour la finale n’est évidemment pas la meilleure préparation psychologique en vue de cette ultime course. Mais il y a aussi un sentiment de libération. Puisque le devoir a été accompli jusqu’au bout – cette qualification pour la finale –, il n’y a ensuite plus rien à perdre. Ce qui compense les moments difficiles.
J’espérais être finaliste olympique, mais je ne croyais pas que cela pouvait se réaliser, compte tenu du niveau très dense.
Je me retrouve donc dans ce que les journaux ont parfois appelé la finale des Noirs, puisque les huit coureurs l’étaient tous, même le Français Bambuck, qui était antillais. Nous étions trois Américains, un Jamaïcain, un Cubain, un Canadien, noir lui aussi, le Français et… un Malgache. Ma présence, il faut bien le dire, semblait un peu incongrue. Pour beaucoup, j’étais celui qui sortait de nulle part. Un outsider inattendu. Et peut-être, pour mes adversaires de la finale, celui qu’il fallait désormais battre.
À l’échauffement, je refais alors les gestes techniques qui sont la base du sprint. Le départ, le relâchement en course… Et cela revient très facilement, comme des automatismes déjà utilisés et qu’il suffit de répéter. Cela permet de n’avoir peur de personne. Chacun est dans sa bulle, qui peut prendre des formes différentes : l’exubérance des Américains, par exemple, une fausse désinvolture qui, bien entendu, n’en est pas du tout. Et chacun se dit qu’il peut être le meilleur.
Le moment de vérité ne correspond évidemment pas à ce qu’on pense mais au moment où on se retrouve sur la piste, au départ, au couloir 8 pour moi, avec tout le monde à ma gauche. Charles Greene, le recordman du monde, au premier couloir, puis Pablo Montes, James Hines, co-recordman du monde, Lennox Miller, Mel Pender, Roger Bambuck et, à côté de moi, Harry Jerome.
Peut-être ai-je voulu trop bien faire : je pars trop vite et je suis sanctionné par un faux départ. C’est la conséquence d’un mélange de nervosité et de relâchement. La conséquence, aussi, de ma volonté de jaillir avant les autres, de profiter de mon point fort, l’explosivité.
Je reçois donc un avertissement, après lequel je ne peux plus me permettre un deuxième faux départ, sous peine de disqualification. Du coup, ma mise en action, lors du deuxième départ, est plus prudente. Autant dire que mon meilleur atout a disparu. Et que je suis en état d’infériorité par rapport aux autres, qui pourraient encore se permettre un faux départ, ou tout au moins qui ont le droit de partir à l’extrême limite.
Donc, je n’exploite pas ma principale qualité et, au contraire de ce qui se passe habituellement, je ne pars pas devant. Aux soixante mètres, je suis avec tout le monde, au lieu d’être en tête. Dans cette situation, on sent les autres plutôt qu’on ne les voit vraiment. Ça m’a un peu crispé. Et j’ai mal fini la course, encore plus mal que les autres fois, si j’ose dire.
Objectivement, terminer trois dixièmes de seconde après le premier, ce n’est pas si mal, dans une finale olympique. Mais je n’avais pas fait la course telle que je l’avais rêvée avant. À cause du faux départ, bien sûr, à cause aussi de ce placement au huitième couloir.
À l’arrivée, je connais ma place. Tout le monde est devant moi. J’ai quand même le sentiment d’avoir fait ce qu’il fallait faire : atteindre la finale, être parmi les huit meilleurs coureurs de 100 mètres du monde. Il faut comprendre que les Jeux olympiques de Mexico ont été, sur ces distances, les plus relevés de l’histoire, même si on a amélioré les records depuis. Il y avait de quoi être fier d’avoir été parmi ceux-là, parmi les huit meilleurs des soixante-six engagés dans les séries du 100 mètres. À une époque où nous étions tous des amateurs et où la pratique du dopage n’était pas répandue comme elle l’est devenue ensuite.
Mes entraîneurs français, Jalabert et Dudal, étaient au même diapason que moi : la joie d’être en finale était plus forte qu’une éventuelle déception.
Bien sûr, on se dit toujours qu’on aurait pu mieux faire. Mais j’avais réussi mes Jeux, et je savais que ce n’était pas fini. À vingt-cinq ans, beaucoup de choses restaient possibles. J’étais entré dans l’élite sans avoir, peut-être, atteint mes limites. Il restait une marge de progression. Et du travail, aussi bien physique que, surtout, mental. Parce que la progression est là.
On croit parfois que la réussite dans le sport est purement physique. Mais, à partir d’un certain niveau, elle est essentiellement mentale. Sur le plan physique, tout de monde fait la même chose. Tandis que la préparation psychologique est individuelle. Et débouche sur une finale olympique. On ne se rend pas bien compte, souvent, de l’importance de cette préparation psychologique. Elle est pourtant à la base de bien des performances. Elle fait la différence, dans n’importe quel sport.
Il me reste à dire un mot du 200 mètres de Mexico, dont les séries se couraient le lendemain de la finale du 100 mètres. Mais, comme je l’ai déjà dit, cette épreuve n’a jamais eu pour moi l’importance de la distance inférieure. Et je n’arrive même pas à regretter d’avoir été éliminé dès les séries, en terminant cinquième de la mienne, crédité d’un temps de 21”5, à huit dixièmes de l’Américain Larry Questad qui serait sixième en finale.

September 28, 2016

Il y a 100 ans : Le carnet d’un boto de pousse-pousse

Avec un programme identique ou presque à celui des années précédentes, le 14 juillet 1916 s’est passé normalement ; j’ai cependant à signaler quelques innovations officielles ou privées qui ont remporté auprès du public un légitime succès.
Au premier plan, je citerai un cinéma nouveau qui fit courir après la retraite du 13 le tout Tamatave au Théâtre Municipal. Quelques centaines de personnes durent rester à la porte mais elles n’y perdront rien car l’impresario nous a promis une seconde prochainement en ayant soin, cette fois, d’éclairer sa lanterne.
Je préfère de beaucoup la soirée du lendemain au même théâtre coquettement décoré et au cours de laquelle nos meilleurs artistes recueillirent de chaleureux applaudissements. M. Prevel, toujours aimable et dévoué, fut l’âme de cette soirée dont un incident de coulisse, un simple malentendu sans doute, ne put ternir l’éclat.
Sarah B.
La Dépêche malgache

Çà et là

Ceux qui ont connu le général Gallieni savent qu’il méprisait l’élégance dans sa tenue civile. Il avait cependant un superbe parapluie dont le manche était un objet d’art et de luxe.
À Madagascar, le port du parapluie était réservé aux plus hauts dignitaires de la Cour de la Reine. Le général supprima cette règle absurde et permit à tous les Malgaches de se préserver de la pluie. D’où fortune des marchands de parapluies, qui envoyèrent de France tous les rossignols de leurs magasins.
L’un d’eux, sans doute, voulut témoigner sa reconnaissance au libéral gouverneur de notre colonie, mais il ne dit pas son nom, de crainte de froisser la susceptibilité d’un incorruptible.
Le Gaulois

Les lambamena

Un de nos lecteurs nous a demandé quelques détails complémentaires sur l’industrie des lambamena. Nous avons peu de chose à ajouter.
Cette industrie, après avoir traversé une crise aiguë en 1910, est à l’heure présente et malgré les circonstances actuelles en pleine prospérité, principalement dans le district d’Ambalavao.
Dans un hectare d’ambrevade, on récolte de 6 à 8 000 cocons qui, vendus deux par deux, valent de 5 francs à 5 fr. 60 le mille. La récolte du seul district d’Ambalavao donne, en moyenne, environ 3 millions de cocons, dont une bonne part a été exportée.
L’industrie du cocon et des lambamena porte sur un chiffre de près de 250 000 fr.

Le Courrier colonial

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 50 titres parus à ce jour.

September 26, 2016

Il y a 100 ans : À propos des graphites

On nous écrit :
La semaine dernière, à propos des graphites de Madagascar, je vous ai adressé une lettre que vous avez bien voulu publier, en tête de votre numéro 375 de mercredi dernier, et je vous en remercie. Mais, en même temps, permettez-moi de vous signaler une erreur qui s’y est glissée, qui dénature ma pensée et que je vous serais obligé de rectifier.
En effet, vous me faites dire : « … il y a des intérêts particuliers considérables qui peuvent échapper à la perspicacité de notre gouverneur général… »
Alors que j’avais dit : « … qui ne peuvent échapper à sa perspicacité… »
Cette rectification s’impose d’autant plus que je savais que cette question avait déjà été étudiée en haut lieu, et que, depuis, une solution satisfaisante avait dû intervenir puisque la baisse motivée par les causes que je vous ai dénoncées a été immédiatement arrêtée, et par suite n’a été que très passagère, ce qui fait qu’actuellement le graphite de Madagascar est de nouveau en hausse.
Malheureusement, la question du fret ne paraît pas encore avoir été solutionnée, pour notre plus grand préjudice.

M. le Gouverneur Général

M. Garbit qui, selon la tradition, doit venir passer quelques jours à Tamatave, sera dans nos murs probablement samedi matin.
Le Tamatave

Un monument à la mémoire de Galliéni

En apprenant la mort du général Galliéni, différentes personnalités de Madagascar ont pris l’initiative de faire revivre un projet dont il avait été déjà question il y a quelques années et dont la guerre avait empêché la réalisation.
Il s’agit d’élever à Tananarive un monument à la mémoire du chef éminent qui, avant de rendre à la France les derniers services que l’on sait, fut le véritable créateur de notre grande possession de l’océan Indien.
Un Comité, qui sera présidé par M. Alfred Grandidier, membre de l’Institut, est en voie de formation à Paris pour réaliser ce projet auquel le rôle joué en 1914-1915 par le général Galliéni donnera le caractère d’une manifestation nationale.
Nous ne saurions trop applaudir à cette touchante initiative.

Le Courrier colonial

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September 24, 2016

Il y a 100 ans : Les chevaux de Madagascar

Un de nos correspondants nous envoie quelques détails complémentaires au sujet de notre article sur l’exposition chevaline de Tananarive.
Au point de vue production générale, on peut être assuré que l’élevage du cheval a pris, en Imerina, une place vraiment importante dans l’activité économique de l’île.
Je puis vous dire que 1 850 chevaux ont été visités par la commission de recensement au cours de sa tournée et qu’il y a eu malgré cela de nombreuses abstentions, si bien que le Service vétérinaire estime à 2 200 au moins le nombre total des chevaux existant entre Tananarive et Antsirabe ou dans les environs.
Comme vous le voyez, nous sommes loin des premiers temps de l’occupation, où l’habitant sortait curieusement sur sa vérandah, en entendant le pas d’un cheval dans sa rue.
D’ailleurs, il paraît que, depuis un an ou deux, la production s’étend à des régions jusqu’ici négligées telles que l’ouest de l’Ankaratra, dans les districts de Faratsiho et Mandrarivo ; en un mot, l’élevage ne se cantonne plus en Imerina.
L’indigène commence, d’autre part, à se rendre compte de l’importance des bons soins donnés à ses chevaux et il faut bien qu’il en soit ainsi pour que 250 animaux aient pu être rassemblés à Mahamasina, dans un aussi parfait état d’entretien.
Enfin, le type s’est très sensiblement amélioré.
Il nous a été donné de voir, à cette exposition, dans la catégorie des juments poulinières, dans celles des chevaux de trois ans et au-dessus, des spécimens de bonne taille (1 m. 50, 1 m. 52, 1 m. 54 et même 1 m. 63), fort élégants, très suffisamment étoffés, capables de porter sans fatigue un cavalier déjà lourd.
Si vous voulez me permettre de confesser mon sentiment, qui est celui de beaucoup de colons, c’est que cette amélioration du cheval malgache est due à la race tarbe du Midi français, que quelques-uns disent anglo-arabe ; il paraît avoir été importé il y a une quinzaine d’années et ce serait un des bienfaits les plus tangibles des services des Haras dans la colonie, lesquels nous ont promis de poursuivre leurs essais jusqu’à l’obtention d’un type idéal.

Le Courrier colonial

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September 23, 2016

Il y a 100 ans : Morts au champ d’honneur

de Labrouhe de Laborderie (André-Marie-Joseph), colonel commandant une brigade d’infanterie. – « Commandant de brigade superbe, calme, réfléchi, résolu. S’est distingué à la bataille de Verdun, en tenant en échec, pendant plusieurs jours, une division ennemie dont l’artillerie battait d’écharpe et à revers l’aile droite de sa position. A été blessé mortellement à son poste de commandement. Avait été nommé commandeur de la Légion d’honneur pour prendre rang du 10 mars 1916. »
M. de Labrouhe de Laborderie était le frère de l’administrateur, chef de la province de Tamatave.
Imhaus (Théodore), chef de bataillon commandant le 3e bataillon du 163e régiment d’infanterie. Tué à l’ennemi. – A été cité deux fois à l’ordre du jour dans les termes suivants : « Officier supérieur animé des sentiments les plus élevés. Venu sur le front à 61 ans, a donné un exemple superbe de bravoure en se jetant, revolver au poing, suivi de ses agents de liaison, sur une troupe ennemie qui tentait un encerclement. A réussi par son action héroïque à arrêter le mouvement enveloppant. A été tué d’une balle au cœur. » (J. O. R. F. du 7 juin 1916.)
« Le 30 mars 1916, étant blessé à son poste après la relève de son régiment, a donné le plus bel exemple de courage et d’énergie en se portant à la tête d’une poignée de braves et, revolver au poing, à la contre-attaque de groupes ennemis qui avaient réussi à s’infiltrer dans nos lignes. A été tué. » (J. O. R. F. du 7 juin 1916.)
Le chef de bataillon Imhaus avait pris sa retraite à Diego-Suarez, où il avait créé avec ses fils d’importantes entreprises industrielles.
Journal officiel de Madagascar et dépendances

Pour la culture du ricin à Madagascar

La Chambre consultative de Tananarive s’est préoccupée tout dernièrement de l’exportation des graines de ricin, ce produit semblant trop négligé jusqu’à présent parmi les cultures locales.
Cependant, les exigences de la Défense nationale devraient provoquer l’attention du commerce et de l’industrie de la Grande Île. Aussi, la Chambre consultative a-t-elle demandé à M. Garbit d’inciter les indigènes à cultiver le ricin et d’en vendre toute la récolte à l’Administration.

Le Courrier colonial

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September 22, 2016

Il y a 100 ans : Les graphites, et encore les graphites (3)

(Suite et fin.)
Ainsi non seulement le gouvernement français n’envoie pas de bateaux, mais encore il réquisitionne ceux qui visitent notre colonie.
Or le producteur dont je cite l’exemple se trouve avoir dans ses magasins de Tamatave, – tous bondés jusqu’au toit, – 3 000 sacs de graphite pesant 240 tonnes, ce qui à 500 fr. au minimum la tonne représente la valeur respectable de 120 000 fr.
Or sur cette quantité, il a été fait des débours considérables ; tous les frais sont payés, main-d’œuvre, transport, magasins, etc. ; les sacs seuls y figurent pour une valeur de 6 000 fr. De plus ils vont se détériorer par leur long séjour en magasin, au point que beaucoup d’entre eux seront inutilisables au moment de l’embarquement.
Ce n’est pas tout : 150 autres tonnes sont en route de la mine vers Tamatave, ayant également payé tous leurs frais. Où faudra-t-il les mettre en dépôt ?…
D’un autre côté, serait-il possible de suspendre les travaux et d’arrêter la production ? Ce serait un véritable désastre.
Demander des avances à un établissement de crédit ? Il n’en existe pas à Madagascar !…
Si la Colonie voulait faire elle-même les avances nécessaires à maintenir l’exploitation des mines de graphite, il lui faudrait débourser plusieurs millions, que probablement elle n’a pas.
Le remède à une situation aussi angoissante ?
Il n’y en a qu’un seul… des bateaux, et encore des bateaux !
Le Tamatave

Mort au champ d’honneur

Fayard (Joseph-François), caporal à la 8e compagnie du 34e colonial. – Tué à Massiges le 6 octobre 1915, dans les conditions suivantes rapportées par son commandant de compagnie :
« Le caporal Fayard a été tué glorieusement le 6 octobre à la tête de son escouade. Il est mort très rapidement d’une balle à la tête. – Il était arrivé récemment à la compagnie et avait laissé bonne impression parmi ses camarades. »
M. Fayard, missionnaire de la Mission lazariste à Madagascar, avait été mobilisé à Betroka, comme soldat, le 3 avril 1915.

Journal officiel de Madagascar et dépendances

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 50 titres parus à ce jour.

September 21, 2016

Il y a 100 ans : Les graphites, et encore les graphites (2)

(Suite.)
Cependant, à l’appui de ce qui est dit ci-dessus, nous pouvons ajouter le fait suivant :
Le jour où a paru la décision du gouvernement français interdisant l’exportation en Amérique des graphites de Madagascar, ce produit sur le marché français a subi une baisse de 200 francs la tonne.
Comme aucun raisonnement ne vaut l’éloquence des chiffres, en voici quelques-uns qui éclaireront la situation d’un jour encore plus complet.
Le gouvernement français, par l’intermédiaire du gouverneur général, a fait inviter les producteurs de graphite à intensifier le plus possible leur production. Pour répondre à cette invitation, M. Garbit a été jusqu’à prendre des mesures administratives afin de pouvoir fournir aux producteurs de la main-d’œuvre prestataire, rétribuée à l’égal des autres ouvriers. La production, par suite, a plus que doublé.
Mais le gouvernement français, qui avait promis d’envoyer des bateaux pour enlever cette production lorsque celle-ci atteindrait 2 500 tonnes par mois, a oublié de tenir sa promesse.
Est-ce que la puissante société anglaise, dont plus haut il est fait mention, aurait aussi obtenu du gouvernement français le contrôle exclusif des graphites de Madagascar au risque de ruiner notre colonie ?… Mystères et pots de vin peut-être ! Todo puede ser !
En attendant, voici à titre d’exemple la situation plus que défavorable faite à un producteur de la province de Tamatave, situation qui lui est commune avec d’autres producteurs.
Il devait expédier par Sidney et Crimée, faute de place, seulement une partie de ses produits.
Voici la circulaire qu’il a reçue, en même temps que les autres négociants et industriels inscrits pour chargements sur ce même bateau :

Tamatave, le 8 juillet 1916.
J’ai l’honneur de vous informer qu’à la suite d’une nouvelle réquisition visant des transports de Tamatave à Marseille par Sidney, tout le tonnage disponible pour les envois du commerce se trouve utilisé. Je regrette qu’il ne soit plus possible dans ces conditions d’enlever, suivant nos prévisions, les expéditions que vous m’aviez offertes et que j’avais acceptées sous réserve de réquisitions.
Pour l’Agent Général p. i.,
Signé : Antoine.
 (À suivre.)

Le Tamatave

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September 20, 2016

Il y a 100 ans : Les graphites, et encore les graphites (1)

Nous avons reçu par lettre les renseignements ci-après avec prière de les publier, surtout d’en recommander spécialement la lecture à ceux qui nous gouvernent, – ce que nous faisons volontiers, espérant qu’un grand pas sera fait vers la solution de cette question si angoissante.
Dans son numéro du vendredi 30 juin dernier, La Tribune a publié un article sous le titre « Toujours les graphites », dans lequel pas un mot n’est à retrancher et aux conclusions duquel je m’associe pleinement.
Mais, par courrier, j’ai reçu des renseignements spéciaux qui jetteront un jour complet sur cette question palpitante.
Une puissante société anglaise qui fabrique des creusets, – pour ne pas la désigner autrement, – et qui approvisionne de numéraire une autre société créée à Paris, laquelle s’occupe exclusivement de graphites à Madagascar, a obtenu du gouvernement anglais le contrôle sur tous les graphites importés en Angleterre, ou exportés de ce pays.
Une fois cette situation bien établie, elle a obtenu, – nous ne savons comment, – que le Gouvernement français interdise totalement l’exportation des graphites de Madagascar, qui, tous, doivent être concentrés à Marseille.
Cela bien défini, deux alternatives peuvent se présenter : ou la production de Madagascar sera insuffisante pour approvisionner la France, et dans ce cas les prix se maintiendront, ou il y aura surproduction, et alors, seule, la société anglaise, ayant le contrôle, pourra acheter.
Dans ce dernier cas, elle achètera – et déjà elle a même achetéà la baisse, et ces graphites sont par elle réexpédiés en Amérique à un prix qui dépasse 2 000 francs la tonne, d’où baisse du louis français et hausse de la livre anglaise.
C’est là l’intérêt général. Mais en ce qui concerne la Colonie et les producteurs de graphite, il y a des intérêts particuliers considérables qui peuvent échapper à la perspicacité de notre gouverneur général, et qui réclament simplement qu’après surapprovisionnement de la France et de ses alliés, l’exportation des graphites en Amérique soit autorisée, pour être livrés uniquement aux fabriques travaillant pour la France et ses alliés et sous tel contrôle – celui de consuls, par exemple – que le gouvernement voudra bien instituer.
 (À suivre.)

Le Tamatave

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September 19, 2016

Il y a 100 ans : Le carnet d’un boto de pousse-pousse

En entretenant mes lecteurs dimanche dernier de la souscription pour le futur monument Galliéni, je leur rappelais ce fait connu, que notre regretté Gouverneur Général avait pour Tamatave une prédilection marquée. Eh bien ! depuis quelque temps, je remarque qu’il n’était pas seul dans ce cas. Nombre de Tananariviens sont heureux, dès qu’arrive la saison fraîche, de venir passer quelque temps parmi nous, se réconforter à notre bon soleil dont la chaleur actuellement est atténuée par des pluies… copieuses.
En dehors des colons, commerçants ou industriels, une catégorie de fonctionnaires semble ne plus pouvoir se passer de nous. Ce sont Messieurs les Chefs de Service qui, pour conserver à la Colonie leurs précieuses santés, viennent aux frais de la Princesse faire chaque année leur petite cure. C’est une bonne réclame pour nous et qu’ils croient bien que nous en sommes très flattés. Les services n’en marchent ni mieux ni plus mal ; nous aurions donc tort de nous plaindre.
C’est comme pour Antsirabe, lorsque des baignoires confortables et un hôtel somptueux y seront installés, je suis bien certain qu’à la saison chaude notre établissement thermal aura comme clients plus les Chefs de Service que de surveillants des Travaux Publics.
Sarah B.

Un nouveau bataillon

M. le Commandant d’Armes Mativat, qui devait rentrer en France par Ville de Marseille avec le bataillon de l’Émyrne, est affecté à Diégo-Suarez où il doit former le 6e bataillon de marche.
Cet officier supérieur part pour Diégo par le Sidon, il est accompagné de quelques officiers de la garnison.
M. le Commandant Muller lui succède comme commandant de la Place.
La Dépêche malgache

Départ de troupes

Sur la Ville d’Alger, qui est en instance de départ, et qui doit aller directement en France, s’embarquent demain 1 100 tirailleurs malgaches qui, splendidement équipés et superbement bâtis, présentent une belle tournure.
La musique du 2e malgaches doit les conduire jusque sur le quai.
Le Tamatave, tout en les accompagnant de sa sympathie, leur souhaite un heureux voyage, et surtout un prompt retour, car ce dernier signifiera que la guerre est terminée victorieusement pour nous.

Le Tamatave

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September 16, 2016

Il y a 100 ans : Quadruple exécution capitale à Tamatave

Dans la nuit du 29 au 30 octobre 1915, quatre indigènes ont pénétré dans l’habitation du nommé Batata, située à Ambodilaitra, gouvernement de Foulpointe, et l’ont assassiné ainsi que sa femme. Puis ils lui ont coupé la joue gauche pour fabriquer des médicaments (fanafotsy) comme ils l’ont déclaré plus tard.
Mais la femme a survécu assez de temps pour faire connaître les auteurs du crime.
Ce sont les nommés Tafika, Sampy, Toandro et Toto.
Accablés par les témoignages reçus, et ayant d’ailleurs reconnu les faits qui leur étaient reprochés, les quatre ont été condamnés à mort par jugement du 6 mars 1916, rendu par le tribunal indigène du 2e degré de Tamatave, jugement confirmé par la cour d’appel de Tananarive.
C’est pour expier leur double crime que ce matin, vers 6 heures, ces quatre condamnés ont été exécutés sur la plage d’Ivondro, payant ainsi leur dette à la société.
Cette exécution servira de leçon aux indigènes qui étaient venus y assister en foule. Les Européens étaient également très nombreux, malgré l’heure matinale.
La mort a été instantanée pour les quatre condamnés et il n’y a eu aucun incident à signaler.

Nouvelles de Sainte-Marie-de-Madagascar

Un progrès. – À la demande de notre Commission municipale, les bureaux de la Résidence sis à l’Îlot Madame seront prochainement reliés téléphoniquement avec les bureaux des postes et télégraphes à Ambodifototra. Pour faire face à cette dépense, il a été prévu un crédit de 900 francs. Il nous sera permis de signaler une lacune à cette prochaine installation, c’est de n’avoir pas compris la grande utilité d’y joindre le bureau du gardien chef de la maison de force et de correction qui se trouve à 80 mètres de distance du service postal. Mais M. Lebureau, qui siège à Tananarive, est tellement éloigné de cette dépendance qui a nom Sainte-Marie !…
Service des Domaines. – Les 72 courbes dont la vente avait été annoncée pour le 27 juin, à Ste-Marie, ont été adjugées à M. Sauvage, armateur, au prix de 5 fr. 25 centimes pièce. Ce lot de bois sera transporté à Tamatave par le voilier de l’acquéreur.

Le Tamatave

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September 15, 2016

Il y a 100 ans : Le mouvement du commerce

Le mouvement du commerce général de Madagascar et dépendances, pendant l’année 1915, s’est élevé (importation et exportation réunies) à une somme totale de 109 833 460 francs. C’est une augmentation de 15 793 542 francs sur l’année précédente et une plus-value de 14 253 274 francs sur la moyenne quinquennale de 1910-1914.
À l’importation, les valeurs ont atteint le chiffre de 43 767 345 francs. Elles ont été ainsi inférieures de 3 millions 589 353 francs à celles de l’année précédente, et inférieures de 300 617 francs à la moyenne quinquennale.
Les exportations ont atteint le chiffre de 66 066 115 francs en augmentation de 19 382 895 francs sur l’année précédente, et en diminution de 29 513 071 francs sur la moyenne quinquennale.
La part de la France dans ce mouvement commercial a été de 76 448 324 francs dont 24 766 286 francs à l’importation et 51 682 038 francs à l’exportation. C’est une augmentation totale de 7 927 963 francs sur l’année précédente ; une diminution de 12 720 720 francs à l’importation et une augmentation de 20 648 683 francs à l’exportation.
Le commerce avec les autres colonies françaises représente 8 462 227 fr. dont 5 164 083 francs à l’importation et 3 298 144 francs à l’exportation. C’est, par rapport à 1914, une augmentation totale de 4 189 383 francs, une augmentation de 2 988 586 francs à l’importation et une augmentation de 1 258 993 francs à l’exportation.
Les échanges avec les pays étrangers se sont élevés à 24 922 909 francs, dont 13 836 976 francs à l’importation et 11 085 933 francs à l’exportation. C’est, par rapport à l’année précédente, une augmentation totale de 19 630 000 fr., une augmentation de 4 487 821 francs à l’importation, une diminution de 2 524 781 francs à l’exportation.
Les Annales coloniales

La « Lucienne »

Ce voilier, de retour de Maurice, vient prendre un nouveau chargement de riz, pour cette même destination.
Comme marchandises, ce voilier a à bord pour notre port des sacs de jute et une automobile pour M. Dechamp.

La Dépêche malgache

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September 14, 2016

Il y a 100 ans : Les garanties présentées par les soumissionnaires

À la suite de l’obligation dans laquelle s’est trouvée l’administration de résilier un marché passé avec un entrepreneur avant que les travaux aient reçu un commencement d’exécution, le Gouverneur général de Madagascar a fait connaître au directeur des Travaux publics qu’il se verrait obligé de recourir à des sanctions disciplinaires contre les agents techniques, membres des commissions d’adjudication, qui n’auraient pas renseigné ces dernières sur les garanties que présentent les soumissionnaires.
À ce sujet, une circulaire a été signée, rappelant que :
« Les agents dont il s’agit doivent fournir aux commissions tous les renseignements qu’ils possèdent sur les garanties de moralité, de solvabilité et de capacités que présente chacun des concurrents à l’adjudication.
« C’est pour permettre au service des travaux publics de se renseigner au préalable à ce sujet que les conditions générales du 20 janvier 1899 prescrivent le dépôt par l’entrepreneur, un certain temps à l’avance, de ses références et de la déclaration de son intention de soumissionner.
« Il convient de ne pas perdre de vue également que l’agent technique, dans le cas où la Commission admettra un soumissionnaire malgré son opposition et où ce soumissionnaire sera déclaré adjudicataire, doit exiger qu’il soit fait mention de son opposition au procès-verbal d’adjudication.
« De plus, il doit faire connaître les motifs de son opposition dans un rapport spécial qui est soumis à M. le Gouverneur général en même temps que le procès-verbal d’adjudication. »

Graphite et main-d’œuvre

Le Gouverneur général de Madagascar a décidé, dans l’intérêt de la défense nationale, en vue de mettre à la disposition des exploitants du graphite, la main-d’œuvre qui leur est indispensable pour satisfaire aux besoins de la métropole, qu’il pourra être imposé, à titre provisoire et exceptionnel, aux indigènes, en dehors des prestations réglementaires, des prestations supplémentaires rémunérées.

Les Annales coloniales

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September 13, 2016

Il y a 100 ans : Madagascar et les exportations de Maurice

Une fois de plus, il est prouvé et bien prouvé que la face des choses varie selon le bout de la lorgnette avec laquelle on les regarde.
Nous avons plusieurs fois manifesté notre satisfaction en relatant les nombreuses exportations de la Grande Île sur Maurice et nous pensions que les colons madécasses devaient être aussi satisfaits que nous, sinon davantage. Il paraît que nous nous trompions étrangement.
Tout en félicitant leur colonie de produire certaines denrées en assez grande quantité pour en fournir aux voisins de l’ancienne Île-de-France, les colons tiennent à exprimer leur regret de voir que les Anglais n’usent pas de réciprocité à leur égard.
En effet, et le Courrier colonial s’est déjà fait l’écho de cette mesure, ils ont interdit, d’une façon absolue, l’exportation des produits de leurs colonies, quels qu’ils soient, même de la farine.
Or, la Grande Île, qui ne produit pas encore assez de blé pour sa consommation, recevait de la farine de l’Inde par l’intermédiaire de Maurice. Mais la dernière commande que le Yarra devait apporter à Tamatave n’est pas arrivée et les commerçants ont reçu la nouvelle que l’exportation de la farine était interdite.
Que diraient nos alliés si les colons malgaches gardaient à leur tour leur riz et leurs pommes de terre ? Comme le fait remarquer un de nos correspondants, « ces denrées pourront nous êtres nécessaires si la farine vient à manquer. »
Il faut espérer que cette mesure, prise certainement sans réflexion et dans un intérêt général par le gouvernement britannique, sera rapportée si elle ne l’est déjà quand paraîtront ces lignes.
Il y va aussi bien de l’intérêt que des relations de bon voisinage des deux colonies.

Une heureuse décision de M. Garbit

Le gouverneur général de Madagascar a pris une décision qui a reçu l’approbation unanime des colons : il s’agit de la création de deux bourses de 1 200 francs chacune qui seront attribuées à deux jeunes orphelins de la guerre, munis de leur baccalauréat et qui voudraient se consacrer aux études vétérinaires.
Toutefois, ces pupilles devront s’engager à servir dans la Grande Île pour une période de dix ans après leur sortie de l’École vétérinaire.

Le Courrier colonial

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