December 28, 2011

Jean-Claude Mouyon, vu par Ben Arès

Jean-Claude Mouyon est mort, dit-on, il y a quelques jours à La Réunion. Il est toujours bien sûr. Pour ceux qui le portent dans leur cœur. Au-delà de l’écriture, au-delà de l’écrivain quelque peu reconnu ici à Madagascar, injustement méconnu en dehors.
On oublie trop souvent qu’écrire est un travail sérieux. De chaque heure, chaque minute. On oublie bien souvent qu’écrire n’est pas de tout repos et qu’écrire ce n’est pas qu’écrire mais avant tout vivre, éponger et s’imprégner, être sur le fil, jouer avec les feux et les diables, courant parfois les risques de dérives ou de noyades, avant de jeter son dévolu sur le métier. L’écriture c’est la vie, l’homme et l’écrivain ne font qu’un : une idée qu’on ne pourrait prêter mieux qu’à ce type qui s’est efforcé de rester authentique, proche de ces êtres qu’il aimait, dont il parlait, qu’il faisait parler dans ses écrits. Et ce n’est pas peu de le souligner, dans un contexte économique, un pays, où les moyens de nourrir son homme, sa famille, sont loin d’être aisés.
Il est de bon ton de rappeler le rituel de ce travailleur. Il était debout chaque jour à trois heures du matin pour véritablement composer ses phrases, rythmées, et créer une histoire truffée toujours de rires, de rebondissements. Plus tard dans la matinée, il faisait son petit tour Chez Baba, son bar favori. Il s’attablait, prenait son verre d’Ambilobe, écoutait, regardait, prenait des notes, celles dont il pouvait se servir le lendemain bien avant le chant du coq. Il se plaisait à capter des bribes de conversation, un riff de tsapiky, les variations de tons, les intonations. Il cherchait la couleur, le tempo et tentait de saisir la mentalité, l’esprit autant que possible de ces gens du sud de l’île. Par-delà les mots, entre les mots jetés sur la page dans un flux à nul autre pareil. Il avait une haute estime pour l’Imprévisible, une soif absolue pour toute situation déjantée. Ce qui le captivait c’était le climat, l’ambiance, l’atmosphère, une situation prise sur le vif. Il ne manquait pas de dire « On n’est auteur que grâce à la vie, aux autres, à ceux qui nous entourent. » Il n’est possible aujourd’hui de trouver langue plus actuelle sur le contexte qui est celui du sud malgache. À cheval sans doute, entre deux cultures sans doute. Je pourrais simplement dire qu’il avait su créer une langue bâtarde, digne de ce pays si métissé, sans s’assoir sur des vérités absolues ou des finalités mensongères.
J’ai eu la chance énorme de le rencontrer, l’écouter, le lire. Moi qui ai jeté mon dévolu sur Toliara, y résidant depuis près de trois ans à peine. Moi qui ai tout apprendre encore sur un terrain toujours déconcertant. Moi qui, rétif parfois, aux remontrances, aux sermons des « mieux expérimentés », étais probablement perçu par moments par lui comme un blanc-bec, un insolent. Il avait, certes, son autorité d’aîné, mais aussi des acquis, une longue vie déjà dans le pays, qui ne pouvait que me la boucler. Comme il était sain, en fin de compte, nous eûmes des accrocs, des engueulades, nous nous lançâmes des injures. Rien jamais n’était ruminé et, en finalité, après s’être séparés un jour bien fâchés, nous nous retrouvions le lendemain ou surlendemain en train de rire autour des verres de l’amitié. J’ai eu l’occasion, bien souvent, de repenser à ces propos, à ses visions qu’auparavant je ne pouvais entendre ou accepter.
Si Toliara est aujourd’hui la ville où je vis, c’est certes un peu grâce à son éditeur Pierre Maury, porteur d’eau de tous les liens, mais aussi grâce à lui. Moi, sans doute, parmi quelques autres. Sans Jean-Claude, il n’y eût point de Toliara plus longtemps, des Lalin, Patrice, Jacques, Bernard, Eric, Alain Jean Pierre ou Jean François, Moustou, Mamod, Baba, Riri ou Le Marin ou des farfelus, déboussolés, hauts en couleur, hors pistes, de tous les carrefours. Sans Jean-Claude, il n’y eût pour moi de souffle et d’avenir ici. Même si d’autres facteurs ont, certes, influé. Sans Jean-Claude, il n’y aurait pas eu mon amour du pays. Si le quotidien, ici, n’est pas du petit rhum toujours, il apporte aussi son lot de situations cocasses non négligeables. Pour moi, Toliara, c’est en somme du Mouyon de corps et d’esprit à chaque coin de rue.
En finalité, au-delà des frontières, bien au-delà des questions de terres et de cultures, des lopins qu’on n’est pas aptes à maîtriser, à comprendre, comme il le disait, cet homme reste pour moi un être doué d’un sens aigu de la réalité de l’instant. Bien au-delà de nos limites géographiques et idéologiques, il est et reste du pur bœuf ou du zébu de vraie vie, et l’Europe, la vieille, n’a qu’à bien se tenir ! Par-delà le foutre et la merde, et, bien au-delà de toute usure...
Ben Arès

December 25, 2011

Une page consacrée à Jean-Claude Mouyon

Dès lors que la Bibliothèque malgache est sortie de son premier champ d'activités, les ouvrages libres de droit, Jean-Claude Mouyon s'est trouvé au cœur de ce que j'ai appelé la Bibliothèque malgache contemporaine.
Les quatre romans dont je vous rappelais rapidement l'existence jeudi vont, à l'évidence, survivre à leur auteur. Il m'appartient de fournir au plus grand nombre possible de lecteurs le bonheur de les rencontrer.
J'ai donc ouvert une page spéciale du site de la Bibliothèque malgache, entièrement consacrée à l’œuvre de Jean-Claude Mouyon.
Vous trouverez là tous les liens susceptibles de vous faire découvrir ses livres, sous toutes leurs formes. En version papier, comme c'est le cas depuis le début et, c'est nouveau, en version EPub pour à peu près toutes les manières de lire sur écran.
Jusqu'au 31 janvier, Roman vrac est disponible gratuitement en livre électronique. Ensuite, il sera vendu, comme le sont déjà les trois autres romans de Jean-Claude, 4,99 €.
Et, puisque la nostalgie, contrairement à ce que disait Simone Signoret, est toujours ce qu'elle était, je republie ici une émouvante archive: l'affichette qui annonçait la présentation de Roman vrac il y a quatre ans, presque jour pour jour...



December 24, 2011

Hommages à Jean-Claude Mouyon

Décidément, tout le monde l'aimait, cet homme - et tout le monde avait bien raison.
Je reçois, de partout, des témoignages de celles et ceux qui l'ont connu, ou qui l'ont manqué. Aujourd'hui qu'il a été inhumé, j'aimerais vous faire partager quelques-unes de ces réactions.

Merci de me faire connaitre lui et ses œuvres. Surtout que je suis trop addicted du Sud de Mada. [...] Il est parti comme les abeilles en laissant de la douceur.
Rondro

Je viens d'en avaler la moitié d'une traite... [Il s'agit de Roman vrac.] Saisissant...
Jean-Marc

[A propos d'une vidéo partagée sur Facebook.] Très belle cette vidéo pierre, très touchante...
Laura

Monsieur de Malgachie, j'ai été faire un tour sur le blog. J'en ressors un peu triste. J'aurais vraiment aimé rencontrer Jean-Claude Mouyon :-(
Vahömbey

C'est un choc. Le personnel de la Médiathèque Ifm Madagascar se remémore avec émotion le Forum littéraire avec Jean-Claude le 8 mai de l'année dernière. Nous perdons non seulement une plume qui savait si bien parler de Madagascar, avec réalisme et sensibilité, mais aussi un homme d'une gentillesse extrême.
Médiathèque IFM Madagascar

J'ai beaucoup ri avec Roman vrac, également avec Beko, beaucoup appris ... Jean-Claude Mouyon va manquer à la littérature malgache d'expression française.
Johary

C'est bizarre, je parlais précisément de lui avec Mic hier. Et je lui disais combien je regrettais de ne pas l'avoir rencontré avant mon départ de Madagascar. C'est lui qui est parti maintenant. Je bois un verre à sa mémoire, et je pense bien fort à toi.
Alexis

J'en oublie certainement. Du moins sommes-nous tous réunis en pensant à Jean-Claude et à ses proches.
Il s'agit maintenant de lire ses livres. Je vous en reparle demain.

December 23, 2011

Une heure avec Jean-Claude Mouyon

Ceci n'est pas une véritable vidéo, mais le son d'un forum dont Jean-Claude Mouyon était l'invité, en mai 2010, au CCAC (actuellement IFM). Je réécoutais cela tout à l'heure et, même si certains d'entre vous l'ont déjà entendu, il me semble utile d'y revenir.


December 22, 2011

Jean-Claude Mouyon, mon héros, mon frère

D'apprendre, ce matin, la mort de Jean-Claude Mouyon, m'a donné un sacré coup de vieux. Un coup douloureux sur la tête, aussi. Je vais tenter, malgré tout, et sachant que je ne serai pas à la hauteur de son talent, de dire deux ou trois choses que je pense essentielles sur lui - l'homme et l'écrivain.
Quand je l'ai croisé pour la première fois, en 2001 ou 2002, c'était par hasard. Non, il n'y a pas de hasard. Il écrivait, je lisais - je ne savais pas encore que je monterais une maison d'édition -, il était assez naturel que nous ne soyons pas indifférents l'un à l'autre.
D'autant que j'avais eu l'occasion de me convaincre de son talent - en même temps que d'une propension certaine à le gâcher parfois, abandonnant un texte en cours de route alors qu'il était encore à l'état de brouillon. C'est dans cet état que j'avais lu pour la première fois Roman vrac, cette trilogie foutraque dont je me suis bien demandé alors ce qu'il allait pouvoir en tirer. Il y avait là de toute évidence un tempérament, et tout aussi évidemment un tempérament mal maîtrisé.

Puis, quand j'ai eu l'inconscience de me lancer (à Madagascar, faut-il être fou!) dans l'édition de livres papier, je me suis quand même, bien entendu, tourné vers Jean-Claude. Je me disais qu'il avait, entretemps, peut-être écrit autre chose. En effet. Mais, heureuse surprise, il avait aussi retravaillé Roman vrac, qui était devenu, mieux qu'un livre, un emblème. Quand, fin 2007, entre Noël et Nouvel An, lui et moi avons placardé un peu partout à Toliara des affichettes qui annonçaient la sortie du livre, je n'étais pas peu fier du slogan que j'avais imaginé - non parce qu'il était neuf, mais parce qu'il était vrai. "Le Sud comme vous ne l'avez jamais lu."
En effet. Il y a dans ces pages une manière d'envisager l'humain, et en particulier la part d'humain qu'il côtoyait, qui était la sienne, à mes yeux (de grand lecteur) totalement inédite. Jean-Claude était devenu précieux, non seulement pour moi mais aussi, comme j'allais le constater dans les endroits les plus improbables, pour tous ceux qui, découvrant sa trilogie romanesque, la feraient lire à leur tour, transmettant leur enthousiasme avec un coeur immense.
Jean-Claude n'était pas l'homme d'un seul livre. Il en avait écrit avant Roman vrac, il en écrirait dès lors d'autres. Depuis 2007, lui et moi, surtout lui bien sûr, n'avons pas cessé de travailler sur ses manuscrits. Mes séjours, une ou deux fois par an, à Toliara, n'avaient d'autre but que celui-là. Rectifier des fautes d'orthographe (il était fâché, une fois pour toutes, avec certains aspects de l'orthographe), redresser quelques phrases tout en gardant le savoureux déhanché de son écriture, son invention verbale, tout ce qui faisait, fait encore puisque ses livres sont là, un écrivain.

Il y a eu ensuite Beko ou La nuit du Grand Homme, un roman plus travaillé dans sa structure, dans lequel la voix des sahiry répondait à un récit plus classique, digne d'un polar contemporain - et du Sud, forcément du Sud. Il y fallait de la finesse. Jean-Claude la possédait à un degré qu'il ne montrait pas toujours, même si la lecture ne trompait pas. Il n'essayait pas de se faire passer pour un Malgache, il n'était pas le "décivilisé" (pour reprendre un mot de Charles Renel) que certains croyaient voir en lui. Il était le vazaha, avec ses antécédents et sa culture - immense, sa culture, car s'il ne lisait pas énormément, il assimilait ses lectures comme le fait un écrivain. Je me souviendrai toujours de nos conversations sur, par exemple, Antoine Blondin, qu'il me reprochait, en rigolant, d'avoir eu la chance de rencontrer (et d'avoir bu avec lui un ou deux coups de trop). Le vazaha, disais-je, mais acharné à comprendre le monde où il avait choisi d'être - et presque de mourir, mais cela, il ne le savait pas encore. Il en parlait parfois, cependant, comme Beko parle de la mort. Comme si c'était, pour les autres, toujours l'occasion d'une fête qui se superpose à la tristesse pour faire oublier celle-ci. On va la faire, Jean-Claude, la fête, on n'en sera pas moins triste pour autant!

Mais, pour gommer la tristesse, nous n'utiliserons pas que le rhum et la THB. Nous relirons Carrefour, ce moment inoubliable où un quartier de Toliara titube entre fête et folie à l'occasion de la rencontre entre un rastaman de renommée internationale et une campagne électorale comme il n'en existe que chez nous - non, bien entendu, il en existe ailleurs, d'aussi pittoresques et peu démocratiques, mais celle-ci nous appartient puisque Jean-Claude l'a racontée.
De tous ses livres publiés, il m'a semblé que c'était le plus abouti, le plus cohérent. J'ai cru, peut-être un peu naïvement, qu'il suffirait à imposer Jean-Claude auprès d'une grande maison d'édition française. Cet échevèlement si personnel devait marquer les esprits, trouver d'autres défenseurs que moi et se propager au-delà de nos rivages. Il s'en est fallu de peu, plusieurs fois. Mais chaque fois la décision a été négative. Excessif, Jean-Claude Mouyon? Probablement. D'un excès salutaire - sauf pour sa santé, bien sûr -, du genre qui balaie les clichés et remet les choses à leur place, c'est-à-dire cul par-dessus tête. Là où elles doivent être. Mieux: là où elles sont. Jean-Claude ne faisait pas de rangement (il fallait voir son bureau!), il racontait comment c'était, et tant pis si cela ne plaisait pas toujours.

Son dernier roman paru à la Bibliothèque malgache, L'Antoine, idiot du Sud, est, comme le premier, une trilogie. Je me flatte d'y faire une apparition - Pierrot, l'éditeur. Il y a aussi une voiture pourrie et des trous dans la rue du front de mer à Toliara, il y a des personnages hauts en couleurs (je ne parle pas de moi, là), il y a cet élan vital avec lequel Jean-Claude rencontrait les protagonistes de ses livres comme s'il leur tapait dessus jusqu'au moment où ils avoueraient même ce qu'ils n'avaient pas fait, parce que de toute manière la réalité dépasse la fiction et qu'elle est si invraisemblable qu'il vaut mieux en rester à la fiction.
Je crois que j'aimais Toliara avant de connaître Jean-Claude. Il y a quelque chose de tellement décalé dans cette ville qu'elle devait me plaire. Mais ses livres me l'ont fait découvrir encore d'une autre manière, ils m'ont fait rencontrer en chair et en os, autour de quelques verres, du genre que quand on aime on ne compte plus, ceux qui peuplaient ses pages. Ils les peuplaient si bien qu'ils en débordaient. Comme je déborde d'affection pour ce type à nul autre pareil, titubant certains jours sur ses jambes mais mieux campé sur le sol poussiéreux que personne.

Jean-Claude, mon héros, mon frère, je te déteste de nous avoir abandonnés. Mais je t'aimais et je t'aime. Et nous n'en avons pas fini, nous deux!

November 22, 2011

Madagascar : l'indispensable "Guide de survie" de Christodule

On le lisait dans le mensuel gratuit no comment. On riait déjà beaucoup, à petites doses. A présent, on entend s'esclaffer pendant des heures les lecteurs de Madagascar: Guide de survie.
Christodule, son auteur, est capable de rire de tout. Avec n'importe qui? Cela reste à vérifier. Avec moi, en tout cas, quand il veut.
Sa vision de Madagascar, bourrée d'ironie féroce, est aussi biaisée que celle des touristes qui vous expliquent le pays après trois semaines de séjour. Mais bien des choses le séparent de ces commentateurs puisant leur science dans les a priori qu'ils sont venus vérifier sur place.
Ceux-ci (les touristes) n'ont généralement aucun humour et vous assènent pesamment les conclusions de leur enquête menée dans les meilleurs restaurants. Christodule déborde d'une saine drôlerie, à prendre parfois au troisième ou quatrième degré.
Ceux-ci (les touristes) croient connaître - après tout, ils ne se sont pas contentés de débarquer à Madagascar avec leur spray anti-moustiques, ils ont aussi lu Le guide du routard et le Lonely Planet, qu'on ne vienne donc pas leur raconter d'histoires! Christodule, lui connaît vraiment, du bout des doigts, doigts qu'il est capable d'agiter les yeux fermés dans la plus sombre gargote pour balayer les morceaux d'os abandonnés par des mangeurs de pieds de poulets, avant d'y déposer sa bière.
Vous le comprendrez aisément: dès que j'aurai le droit de vote, j'exige Christodule pour président. On va enfin se marrer, retourner les cartes pour voir ce qu'il y avait dessous et dont personne ne voulait nous parler!
En attendant qu'il se présente aux élections, probablement vers 2053, j'ai décidé de ne plus parler à celles et ceux qui n'ont pas lu son livre. Pas sûr que cela me repose longtemps, car il devrait avoir du succès, s'il y a une justice.

November 8, 2011

Une autre bibliographie permanente sur Madagascar

J'ai déjà dû le dire plus de mille fois, mais je le confirme: les journées sont trop courtes et ce blog souffre de tout le temps que je passe à faire autre chose. (Des choses sérieuses, je vous rassure, au moins pour la plupart d'entre elles.)
Je compense un peu mon absence ici en utilisant le groupe Facebook de la Bibliothèque malgache, où j'introduis des informations au hasard de mes pêches miraculeuses. (Elles ne doivent pas qu'au hasard: je connais des zones poissonneuses.)
Comme j'ai l'intention de le faire plus systématiquement, en particulier pour les livres (mon domaine de prédilection, dont j'ai de plus en plus de mal à sortir, les activités évoquées plus haut m'en empêchant) à propos de Madagascar, je conseille à celles et ceux que cela intéresse de s'inscrire à ce groupe. Quelques ouvrages pourraient leur attirer l’œil.
Ici, je continuerai à donner des informations sur les nouveautés de la Bibliothèque malgache, quand il y en aura, sans m'interdire bien sûr d'intervenir de temps à autre sur des sujets culturels qui lui sont extérieurs - quoique... la culture est un vaste territoire dont aucune partie n'est vraiment étrangère aux autres.

September 27, 2011

Bibliothèque malgache électronique n° 61, "Un dieu de mes amis", par Joseph Méry

La Bibliothèque malgache a proposé bien peu de nouveautés ces derniers temps. En voici une quand même. Petite, mais elle marque une évolution plus importante qu'il y paraît.
Le soixante-et-unième numéro de la Bibliothèque malgache électronique ne compte en effet que 13 pages mais est proposé pour la première fois au format ePub, dont l'usage s'est généralisé sur les liseuses. Comme c'est la première fois que j'en réalise un, toutes les remarques seront les bienvenues, surtout si elles permettent de corriger d'éventuels défauts. Les formats habituels, Word et PDF, restent bien entendu présents.
Les plus attentifs d'entre vous auront déjà remarqué que le n° 61 paraît avant le n° 60, beaucoup plus épais et toujours sur l'établi. Patience, cela viendra...

Joseph Méry (1797-1866) est l'auteur d'une œuvre considérable et connut, en son temps, de jolis succès. Il a travaillé notamment avec Gérard de Nerval et pratiquait aussi bien le roman populaire que le drame et l'opéra, pour les livrets. Il était également journaliste.
La nouvelle Un dieu de mes amis, extraite des Contes et nouvelles, est un bref récit assez fantaisiste - une des caractéristiques de l'auteur. Cette fois, il est tombé sur Madagascar. Ses livres ont fait parcourir le monde à ses lecteurs, grâce à une imagination féconde qui ne se souciait pas toujours de réalisme.

Si vous visitez le site à l'occasion de cette édition, vous constaterez qu'il a été remodelé de fond en comble pour, je l'espère, une consultation plus aisée. (Là aussi, quelques imperfections se sont glissées dans les pages, mais je crois que tout fonctionne, en particulier les liens.)

July 17, 2011

Madagascar en crise 2001-2002

Madagascar en crise 2001-2002 est un nouveau livre papier de la Bibliothèque malgache (il y avait longtemps), dans lequel j'ai rassemblé les articles écrits sur la crise qui a suivi le premier tour de l'élection présidentielle de décembre 2001.


En voici l'introduction:

Depuis la crise malgache de 2009, de nombreux commentateurs font le parallèle avec celle de 2002. Dans les deux cas, des manifestations de rue se sont conclues par l’exil d’un président – Didier Ratsiraka en 2002, Marc Ravalomanana en 2009. Faute d’avoir vécu de précédents épisodes tout aussi agités, il m’est impossible de les évoquer.
En revanche, devenu, peu avant l’élection présidentielle du 16 décembre 2001, correspondant du magazine « L’Autre Afrique », j’ai été amené à suivre de près, jusqu’à la disparition de ce titre, l’évolution politique du pays. Un certain nombre d’articles ont donc été écrits de novembre 2001 à juillet 2002 pour en rendre compte dans « L’Autre Afrique ». À cela s’ajoutent quelques interventions dans « Le Soir » de Bruxelles (la plupart reprises par « Courrier international »), « Africultures », « France Culture » (au moment où Olivier Péguy, correspondant à Madagascar de RFI et collaborateur pour la circonstance de « France Culture », avait été contraint de plier bagages sous les menaces dont il faisait l’objet) et un message envoyé à quelques proches au lendemain de la première investiture de Marc Ravalomanana, le 22 février 2002, ainsi qu’un extrait de mon « Journal d’un lecteur ».
L’ensemble de ces textes replacés dans leur ordre chronologique (les dates fournies sont celles de l’écriture et non de la publication) comporte évidemment quelques redites. Mais il est aussi le reflet exact de l’état d’esprit qui était le mien au fil de ces mois difficiles pour Madagascar, et de la manière dont je percevais la situation. Je ne les ai donc pas retouchés – à l’exception de quelques virgules –, au risque de laisser apparaître des erreurs d’interprétation et des visions parfois un peu courtes. À les relire, ils ne me semblent néanmoins pas indignes.
Voici donc, pour mémoire, le récit de six mois de crise.

Et la table des matières:
  • Présidentielles malgaches : un duel au sommet
  • Élection présidentielle : droit dans le mur ?
  • Présidentielle : c’est reparti pour un tour !
  • 150 partis d’opposition… et un homme
  • Présidentielle : le bras de fer continue
  • Au cœur de la foule, les artistes malgaches
  • Présidentielle : la sortie au bout du deuxième tour ?
  • Deux présidents pour un pays en crise
  • Brickaville : la rupture entre la capitale et les provinces ?
  • État d’urgence
  • La foule défend son choix : rumeurs et conséquences
  • Affrontements dans la capitale : la fièvre monte
  • Premier tour dia vita !
  • Deux mois et demi plus tard…
  • Loi martiale : l’armée entre en scène
  • Un climat de pré-guerre civile
  • Un pays schizophrène : le blocage est total
  • Danse sur un volcan : week-end pascal en fête
  • L’île qui s’enfonce
  • Double ultimatum
  • Les questions que je n’ai pas posées à Marc Ravalomanana
  • L’inévitable affrontement : à l’écoute des provinces
  • D’une HCC l’autre
  • L’espoir renaît à Dakar
  • Élection revue et corrigée : Ravalomanana président
  • Un pays en voie d’éclatement
  • Toamasina, un autre pays ?
  • « Madagascar, l’île déchirée », sur Arte : l’enfer au paradis
  • Lectures à la bougie
  • On ne négocie plus !
  • Marc Ravalomanana gagne du terrain : derniers pillages avant liquidation
  • Dakar II : un douteux plan de sortie de crise
  • L’amiral quitte-t-il le navire ?
  • Les chemins tortueux du pouvoir
  • Didier Ratsiraka en fuite : la fin de six mois de crise
  • Le soulagement et l’espoir

June 16, 2011

Fianarantsoa - Côte Est : 75 ans


On célèbre cette année le 75e anniversaire de la mise en service de la ligne de chemin de fer reliant Fianarantsoa à Manakara, le F.-C.E. cher aux touristes et à toute une population éparpillée entre les deux villes.
L'occasion de se souvenir, grâce à un texte d'époque, de ce que fut l'inauguration de cette voie de pénétration vitale pour la région. Robert Boudry a publié en juillet 1936, dans La Revue de Madagascar, un long texte relatant l'événement. Il est possible de le trouver sur Internet, mais sur le site du Fonds Grandidier, page par page. Ce n'est pas très pratique. La Bibliothèque malgache ne reculant devant aucun effort pour vous rendre service, je mets les pages de cet article à la disposition de celles et ceux que cela intéresse. Fianarantsoa - Côte Est est donc téléchargeable (peut-être provisoirement, ne traînez pas). Soixante-six pages de texte et d'illustrations, d'où j'extrais les deux photographies illustrant cette note.


Pour une vision des chemins de fer malgaches mieux adaptée à notre vision contemporaine de l'Histoire, on lira avec profit l'article de Jean Frémigacci publié en 2006 dans Afrique & Histoire, Les chemins de fer de Madagascar (1901-1936): une modernisation manquée.

June 1, 2011

Flore de Madagascar et des Comores

Je suis davantage attiré par les textes littéraires, historiques ou sociologiques, mémoires et romans en tous genres que par les ouvrages scientifiques. Mais l'alerte liée aux numérisations atterrissant dans le catalogue d'Internet Archive (elle se trouve dans la colonne de droite) m'a conduit à me pencher sur la Flore de Madagascar et des Comores: plantes vasculaires, publiée sous les auspices du Gouvernement général de Madagascar et sous la direction de Jean-Henri Humbert à partir de 1936.
En voyant apparaître une longue succession de ses fascicules, je suis retourné à la source, vers la Biodiversity Heritage Library où j'avais déjà déniché, entre autres choses difficiles à trouver sur Internet, le Bulletin de l'Académie malgache de 1902 à 1925.
C'est là que se trouvent en effet les fascicules décrivant les 189 familles de ces plantes - certaines familles occupent plusieurs fascicules.
Je souhaite donc bien du plaisir à tous les lecteurs intéressés par la flore malgache...
D'autant que, dans le même registre, la Biodiversity Heritage Library propose aussi l'Histoire naturelle des plantes, de H. Baillon qui constitue les volumes 30 à 36 de l'Histoire physique, naturelle et politique de Madagascar. Le volume 39, par F. Renauld et J. Cardot, est consacré à l'Histoire naturelle des plantes mousses et le volume 20, par Henri de Saussure, à l'Histoire naturelle des hyménoptères.
Quelques autres volumes (16, 23, 25 et 27) apparaissent également, en ordre dispersés, sur cette page.
Toutes ces références, et beaucoup d'autres, se trouvent (ou se trouveront, pour celles qui n'y sont pas encore) dans le 54e numéro de la Bibliothèque malgache électronique ou, en attendant la prochaine édition, dans le supplément permanent.

April 7, 2011

Johary Ravaloson, récompensé et démultiplié

Deux éditeurs pour un premier roman, Géotropiques, et maintenant un prix littéraire, celui de La Réunion des Livres, catégorie roman.
Johary Ravaloson a peut-être mis du temps avant de trouver une place visible en librairie. Il y a combien d'années, déjà, cette conversation chez Jean-Luc Raharimanana, en banlieue parisienne, où nous parlions précisément de la manière dont cela arriverait? Jean-Luc et moi, Johary non plus probablement, n'envisagions que ce serait si long.
Mais l'écrivain s'est accroché et il est maintenant bien présent dans le paysage éditorial, à travers ses publications chez Dodo vole mais aussi ailleurs.

C'est chez Publie.net, coopérative d'auteurs pour la littérature numérique, que sort (sous forme de livre électronique, donc) Antananarivo, ainsi les jours, recueil de six textes que l'on peut appeler, au choix, chroniques ou nouvelles, ancrés dans le quotidien d'une capitale dont les habitants sont soumis à rude épreuve depuis plus de deux ans. (Ne parlons que d'une époque récente.)
Parues pour la plupart ici ou là, dans des ouvrages collectifs ou des revues, ces pages écrites à vif font entendre des voix souvent peu audibles, précieux éclats arrachés au jour ou à la nuit, moments situés avec précision dans le calendrier d'une crise ou posés à n'importe quel endroit de l'écoulement du temps.
Une ville vit et meurt à chaque instant, prise au piège de ses contradictions et des jeux de pouvoir qui en ponctuent l'histoire...

Détaché de ce recueil, remis en page et complété, à l'usage des adolescents, de références haïtiennes, D'Antananarivo à Fierté Haïti fait le pont entre deux îles. Ce pont a été et est encore une source d'enrichissement pour Johary qui m'expliquait, il y a quelques jours (et devant un fond de calvados, on est multiculturel ou on ne l'est pas) combien la littérature haïtienne l'avait porté au-delà des rivages dont Andrianampoinimerina avait fait les frontières de son royaume. Ce qui correspondait à une extension autant qu'à une fermeture.
Nous sommes au contraire ici, avec ce bref récit, dans l'ouverture. Audace (?) bienvenue pour faire savoir au monde qui sont aujourd'hui les Malgaches, et aux Malgaches ce qu'est le monde...

March 24, 2011

La Bibliothèque malgache chez Gallica

Un peu d'étonnement, hier, en constatant que l'alerte permanente sur les nouveaux titres disponibles chez Gallica à propos de Madagascar me signalait quantité d'ouvrages que je connais bien pour les avoir intégrés à la Bibliothèque malgache électronique.
Et pour cause: il s'agit des textes édités par mes soins pour la Bibliothèque malgache, et repris dans les collections d'Ebooks libres & gratuits.
Essayez : ouvrez Gallica et faites une recherche simple sur le mot "BME". Les 41 premiers résultats sont, précisément, des titres de la Bibliothèque malgache électronique.
Très bien, excellent, super! me dis-je donc dans un élan d'enthousiasme que les problèmes actuels d'Internet à Madagascar m'ont empêché de partager tout de suite avec vous.
Tant mieux, car j'ai entre-temps examiné cela de plus près. Franchement, mon enthousiasme s'en est trouvé quelque peu modéré.
Prenons un exemple concret, le premier ouvrage de la collection, dont je vous montre la couverture. Gallica propose d'y accéder par Izibook. Pourquoi pas?
Je clique, une autre page s'ouvre, qui propose de feuilleter le livre. Allons-y, on avance...
Cette fois, je suis sur un site marchand, pour ce qui est devenu un "produit" au prix, certes, modéré (0,00€).
Ensuite, pour l'obtenir, il faut suivre toute une procédure de commande et d'inscription (pas besoin cependant d'entrer un numéro de carte bleue, par exemple). A la fin, il est permis de charger (et non de feuilleter) La race inconnue, mais dans un seul format, celui du Sony Reader. Tant pis pour celles et ceux qui ne possèdent pas cet appareil (j'en suis).
Donc, la BME chez Gallica, c'est bien mais cela pourrait être beaucoup mieux.
J'ai donc proposé à Gallica de proposer à ses usagers des liens vers le site de la Bibliothèque malgache, sans passer par ces intermédiaires. J'attends la réponse...

March 22, 2011

100 briques pour Madagascar

Une belle idée de Charles Gassot, qui est à l'origine d'Écoles du monde - Madagascar et est toujours président de cette ONG. Si je résume bien sa pensée, telle que je la trouve exprimée sur une page du site et dans un article du Monde daté d'aujourd'hui: les briques étant le matériau de base avec lesquelles se construisent les écoles à Madagascar, transformons-les en œuvres d'art pour leur donner une plus grande valeur, et vendons-les au profit de l'ONG.
Au-delà des deux exemples qui illustrent cette note, l'ensemble du projet est présenté ainsi:

100 artistes de Soulages à Sempé, de Monory à Bilal, de Garouste à Moebius en passant par Bettina Rheims, Bernar Venet, Yann Kersalé… ont tous répondu à l'appel de Charles Gassot et de François Tajan. Ils n'ont pas simplement décroché un tableau de leur mur, ils ont chacun créé une œuvre à partir d'un support similaire: une brique en terre ocre de 30 x 15 cm pesant 5 kg.
Chaque brique révèle l'écriture personnelle de l'artiste et leur confrontation montre la richesse de la création contemporaine, mais toutes sont estimées au même prix de départ de 500€.
Comme on assemble des briques pour construire une maison, cette action rassemble des hommes et des femmes de tous horizons: les presses-à-brique sont réalisées par les détenus de la prison de Liancourt et envoyées à Madagascar où sont fabriquées les briques. Servant de support aux plus grands artistes contemporains, leur vente permettra de construire des écoles dans la brousse malgache où le manque de scolarisation est un frein constant au développement et à la sauvegarde des richesses naturelles du pays.
Avant la vente, une exposition des 100 briques pour Madagascar aura lieu pendant le week-end au Marteau , les 26 et 27 mars, chez Artcurial (Briest - Poulain - F.Tajan).

On peut voir l'ensemble du catalogue sur un site dédié. Et la vente, pour ceux que cela intéresse, se déroulera le lundi 28 mars à 20h30 à l'Hôtel Dassault (7, Rond-Point des Champs-Élysées, 75008 Paris).

March 20, 2011

Paris Match et ses approximations


J'avais lu, en différents endroits, que Paris Match venait de consacrer un reportage à l'exploitation du bois de rose malgache. J'étais, évidemment, curieux de voir ça. Sans être le National Geographic, l'hebdomadaire français cultive le goût de l'image. Les six pages d'illustrations réalisées par Pascal Maître sont à la hauteur de l'attente.
Malheureusement, elles sont suivies d'un article de deux pages signé par Pierre Delannoy où, à côté du choc des photos, le poids des mots semble avoir été apprécié avec une certaine légèreté, voire une légèreté certaine. Il n'y a plus de correcteurs à la rédaction de Paris Match?
Comment expliquer qu'on laisse paraître un texte dans lequel la "densité extraordinaire" du bois de rose est estimée "jusqu'à 1,4 kilo par mètre cube"? Je suppose que le journaliste voulait dire 1,4 tonne par mètre cube. Ce qui n'est, bien sûr, pas tout à fait la même chose.
Un peu plus loin, il fait, avec patience mais sans rigueur, la répartition des sommes générées par la vente en Chine d'un meuble fabriqué en bois de rose. Coût à l'achat: 20.000 euros, sur lesquels 19.200 reviennent à la chaîne chinoise (importation, transformation, distribution). Restent, le calcul n'est pas trop compliqué, 800 euros pour la partie malgache. Dont - accrochez-vous - "666 constituent le bénéfice de l'exportateur, 131 vont dans les caisses de l'État, 55 aux coupeurs et aux équipes qui ont sorti le bois de la forêt, 6 aux camionneurs, 2 aux dockers du port."
Ce qui fait, là ça se complique, 666 + 131 + 55 + 6 + 2 = (calculette à la main) 860 euros et non 800.
Ce n'est pas très grave, en soi. Sinon que, outre l'inquiétude légitime suscitée chez les lecteurs fidèles de Paris Match (comment, non seulement ils n'ont pas de correcteurs, mais ils n'ont même pas de calculette?), des erreurs aussi grossières font naître une sorte d'incrédulité par rapport à tout ce qui est dit dans ces pages.
Le sujet ne méritait vraiment pas un traitement aussi approximatif...

February 16, 2011

Un supplément bibliographique de plus en plus riche



Si la Bibliothèque malgache électronique est en mode pause - mais cela ne durera pas toujours, rassurez-vous -, je continue à veiller sur les ressources disponibles un peu partout. Des compléments bibliographiques arrivent donc régulièrement sur cette page.
Parmi les derniers ouvrages signalés, un ensemble de huit photographies qui accompagnent l'Arrêté donnant au parc d'Ambohijatovo, à Tananarive, le nom de Square Poincaré en 1913, trouvé sur le site Gallica.

January 16, 2011

Rabearivelo : une journée d'études à Paris

Il fallait s'y attendre, et c'est heureux: la parution du premier volume des Œuvres complètes de Jean Joseph Rabearivelo provoque une curiosité nouvelle. D'autant plus justifiée que la masse d'inédits présente dans ce tome 1 a de quoi susciter l'excitation des chercheurs et des simples curieux.
Le lundi 24 janvier se tiendra donc, à l'initiative de l'Agence universitaire de la Francophonie (ENS Ulm, salle Dussane, 45 rue d'Ulm, 75005, Paris), une journée d'études consacrée à l'écrivain malgache.

Programme
10h00 – 12h30 : Sauvegarder
10h00 – 10h45 : Bernard Cerquiglini, Pierre-Marc de Biasi, Marc Cheymol, Introduction
10h45 – 11h45 : Laurence Ink, Traitement d'un fonds d'archives familiales : préservation, numérisation, et communication aux chercheurs (illustré de deux courts documentaires réalisés par l'unité multimédia de l'université d'Antananarivo)
11h45 – 12h30 : Almut Seiler-Dietrich, Un amour germano-malgache. Préserver les Calepins Bleus. Historique d'un projet.
12h30 – 14h00 : Déjeuner libre
14h00 – 17h30 : Éditer
14h00 – 14h45 : Liliane Ramarosoa, Les nouvelles frontières de «Planète Libre», à travers le cas Rabearivelo. Le montage institutionnel du projet d'édition.
14h45 – 15h30 : Claire Riffard, Construire un protocole éditorial. Principes scientifiques d'édition
15h30 – 16h00 : Discussions
16h00 – 16h45 : Serge Meitinger, L'Amour la poétique. Genèse de «Lignes», poème liminaire de Sylves (1927)
16h45 – 17h00 : Intervention d'un traducteur de Rabearivelo en français
17h00 – 17h30 : Un mot des co-éditeurs de l'ouvrage
17h30 – 19h00 : Rencontre de presse - Coquetèle

January 13, 2011

Trois questions à Johary Ravaloson

Depuis le mois de novembre qu'il est paru, ou plutôt depuis le mois de décembre où je l'ai lu, je me promets de parler en détail du premier roman de Johary Ravaloson, Géotropiques. J'aurais voulu expliquer en détail ce qui m'y attache et les faiblesses que j'y trouve. Mais le temps me manque et, plutôt que d'attendre de le trouver, je publie les réponses que Johary a faites aux trois questions que j'avais posées à plusieurs écrivains de la rentrée littéraire (pour Le journal d'un lecteur).
Je signale aussi que l'édition dont je montre la couverture n'est pas disponible à Madagascar, où Dodo vole a publié le même livre dans une autre présentation, et où on le trouve donc en librairie.

Vous publiez, dans cette rentrée littéraire, Géotropiques. En même temps que 700 autres romans. Cette abondance ne vous effraie-t-elle pas?

Ces 700 ne sont rien au regard des rayons des bibliothèques que je fréquente. Ce qui m'effraie parfois c'est ma prétention à me faire une place dans cet univers en perpétuelle extension (sûrement fourmillant de tombes et d'autres rebuts).
Il y a quelques années quand j'ai annoncé à mon directeur de thèse que je ne ferais pas long feu dans la recherche et l'enseignement pour me consacrer à l'écriture, elle – c'est une grande dame du droit international, rigoureuse et généreuse à souhait - m'a demandé si j'estimais réellement avoir quelque chose à dire au monde. Je n'avais jamais réfléchi sérieusement à la question de la littérature sous cet angle. J'ai toujours aimé lire et, tout jeune, vers neuf/dix ans, je me disais que j'allais écrire aussi mes livres. C'était en même temps des copies, les 4 amis au lieu des Club des 5, des aventures avec des Dahalo, voleurs de zébus, au lieu des contrebandiers dans la Méditerranée, cependant le sentiment que mes histoires n'avaient jamais été écrites m'animait déjà. Par la suite, c'était devenu une conviction. J'écris à la marge de la périphérie. Et c'est peut-être ma chance! Quand j'ai connu la littérature des fils d'Afrique, de Harlem, de Haïti ou d'autres banlieues de la terre (Sony Labou Tansi, Kourouma, Chester Himes, J.E. Wideman, Glissant, Chamoiseau, Marie Vieux-Chauvet, Dany Laferrière, Marie N'Diaye, Rushdie, Naipaul, Kureishi, etc., il y en a plus de 700), la question du comment m'absorbait déjà davantage. Car il me semble finalement que c'est toujours la même histoire: moi et «la» femme, moi et mon rapport au monde!
Quant au pourquoi, c'est le plaisir pour dire vite. L'acceptation de soi que permet l'écriture. Puis ma culture malgache m'a aidé à répondre au reste. Je veux devenir ancêtre, l'ancienne solution d'être au monde, m'accrocher à la paroi pour ne pas disparaître trop vite. Parfois, comme dans Géotropiques, je réponds (j'espère correspondre) à certains auteurs que j'aime bien, une sorte de reconnaissance de dettes puisque c'est la lecture qui m'a amené à l'écriture. Et là, ce n'est plus une prétention mais un sentiment d'appartenance à une grande famille, même si je me perçois comme le vilain petit canard.

Quel a été le point de départ de votre roman? Une idée, une phrase, une image, que sais-je...?

Géotropiques est mon premier roman publié. J'en ai écrit auparavant deux autres avec des thèmes bien précis, des trames romanesques très élaborées - j'apprenais à écrire -, ils n'ont pas été publiés! Pour celui-ci, je ne voulais d'aucune règle - j'aspirais à devenir écrivain dégagé - et ne désirais parler que de ce qui m'intéressait (ce que j'aime et ce qui me fait peur).
Du surf, du sexe et de la mort. Rien que ça. A la fin de la première journée d’écriture, dans le premier chapitre initial (devenu premier chapitre de la deuxième partie), les personnages ont fait l’amour trois fois et assisté à un meurtre d'une violence préhistorique, j’étais très content de moi. Pour corser, j'ai ajouté un troisième personnage. Un autre homme derrière la femme. Puis des vagues. Quelques jours plus tard, un ami a trouvé la mort au Pic du Diable, un spot du sud de La Réunion que je fréquentais également tous les jours. Le requin-marteau qui a emporté le bras de Sébastien aurait pu emporter le mien, l'océan Indien en quelques minutes aurait absorbé tout mon sang. C’était la fermeture du Pic (titre initial). Alors un premier pourquoi a entraîné d'autres questions: qu'est-ce que je fais là à lambiner sur une planche? Le sens de tout ce cirque qu'est la vie, le bonheur, la recherche du bonheur si loin de chez soi pour un immigré comme moi, l'identité et le rapport à l'autre, la raison des attractions, du déplacement, le géotropisme!
Le sexe était devenu accessoire. Je parle, bien sûr, pour le livre. Demeurent néanmoins les questions. Par ailleurs, la façon dont Djian louange Bret Easton Ellis (très moderne, certes) ou Houellebecq, des auteurs qui jouent beaucoup sur le sexe, m’horripilait. Je voulais réagir. Tout le texte en effet on peut le voir comme une réaction (un tropisme). Sans vergogne.

Avez-vous été, dans votre travail, influencé par d'autres écrivains? Ou par d'autres artistes?

Bien sûr! Même si je ne peux pas rendre compte de tout ce qui a nourri mon écriture. Au départ, je me suis mis à l’ombre de Brautigan et me suis mis à parler fort sans que je m’en rende compte. D'autres auteurs que j'aime bien surgissent également dans le texte. Je peux citer au moins Laferrière pour la liberté de ton. Je dois évoquer également l'école de peinture impressionniste pour la façon dont j'ai livré Géotropiques. Je voulais éviter la chronologie et la description psychologique (évidemment, on ne peut pas s'en dégager tout à fait): j'avançais touche par touche pour dépeindre la vie et les rencontres des personnages, et vague par vague, mes idées - des vagues métaphoriques, le surf demeurant finalement la figure, le trope du roman. Géotropiques évoque en effet les attractions autrefois improbables ou réprouvées, devenues nécessaires sinon obligatoires à notre époque caractérisée par l'intégration globale, la vitesse et l'individuation... un monde de surfeurs.

January 11, 2011

Nivoelisoa Galibert n'est plus

Quelques secondes, mon cœur s'est arrêté de battre, quand je suis arrivé à la page nécrologie des Nouvelles de ce matin. D'abord, le refus d'y croire. C'est pourtant là, devant les yeux: les membres de la famille de Nivoelisoa Galibert font part de son décès survenu le 7 janvier 2011 à Bordeaux à l'âge de 57 ans...
Dur à avaler.
La veille de sa mort, elle intervenait encore dans le groupe Facebook Boky, lieu d'échanges d'informations sur les livres à propos de Madagascar. Nivo était un puits de science, elle partageait tout ce qu'elle savait, photographiait ses livres pour en donner les références, avec la précision d'universitaire qui était la sienne.
Ses publications, articles innombrables et quelques ouvrages, resteront des pistes de travail pour bien des chercheurs. En particulier son indispensable Chronobibliographie analytique de la littérature de voyage imprimée en français sur l'Océan Indien (Madagascar, Réunion, Maurice) des origines à 1896.
Je l'avais rencontrée pour la première fois en 1997, lors d'un colloque à l'Université de Tana. Son enthousiasme et ses connaissances m'avaient autant impressionné que sa gentillesse et sa disponibilité. Depuis, le contact ne s'était jamais rompu. Il a fallu que Nivo disparaisse pour prendre conscience de la place immense qu'elle occupait...


January 8, 2011

Une collection de photographies anciennes


C'est chez Gallica, dont on connaît les ressources nombreuses en documents sur Madagascar. Et, comme je ne référence que les livres, je signale ici une belle collection de presque cent photographies de vues du pays et de personnages malgaches ou hovas (sic).
Outre l'exemple que je vous montre, les autres sont à voir ici.

January 2, 2011

Mes voeux les plus sincères...

Toutes les traditions ne sont pas à jeter, n'est-ce pas? Puisque nous avons mis le pied en 2011, malgré nous mais avec les meilleures intentions du monde, je vous souhaite le meilleur pour les douze mois à venir - et la suite aussi, bien sûr, pourquoi se limiter à douze mois.
Si j'ai la chance d'avoir une petite place dans vos pensées, souhaitez-moi une connexion Internet plus fiable, je galère depuis des semaines et la période des fêtes n'est pas la plus propice à la mobilisation des compétences requises pour arranger cela.
La Bibliothèque malgache devrait quand même vous proposer quelques nouveautés dans les jours qui viennent...