January 31, 2018

Il y a 100 ans : Les ports de la Grande Île

Nos colonies songent toutes à s’organiser pour l’après-guerre afin de reprendre leur essor, arrêté par la guerre, et le premier objectif dont elles se préoccupent est l’outillage de leurs ports.
C’est ainsi qu’à Madagascar, l’importance du port de Tamatave tend à s’accroître d’année en année.
L’exploitation des nombreuses richesses des hauts plateaux et de la côte, favorisée par le chemin de fer, l’amélioration du port sont de nature à faire de Tamatave la capitale commerciale de la colonie.
La présence de gisements aurifères très riches dans la région de Diego-Suarez, l’exploitation régulière et féconde de vastes salines, l’existence de troupeaux de bœufs qui s’accroîtront considérablement lorsque l’hydraulique agricole aura fait les progrès voulus, sa situation de port d’escale et de ravitaillement par excellence font de Diego-Suarez un centre commercial très important. Le commerce de ce port a plus que doublé depuis six ans et promet de s’accroître à mesure que l’exploitation des richesses locales sera favorisée par un outillage économique dont le perfectionnement se poursuit.
À Majunga, l’exploitation intensive de l’industrie des viandes a provoqué dans cette région une activité incessante, source de richesses pour la population européenne et indigène. Les exportations de riz et de raphia contribuent à augmenter ce mouvement économique.
Par la richesse de la région dont il est le débouché et par la situation qu’il occupe par rapport aux pays de la côte africaine, le port de Majunga a acquis une importance qui ne peut plus s’accroître. Du moins, les Majungais sont-ils déterminés à maintenir cette enviable situation.
La région de Fort-Dauphin ne manque pas de produits. Les légumes secs, le manioc, la cire, le caoutchouc peuvent y être exploités avec succès. Les troupeaux de bœufs, fort nombreux, peuvent apporter au commerce des peaux un appoint sérieux. Ces considérations laissent supposer que, lorsque le calme sera rétabli, le port de Fort-Dauphin sera le point de sortie de produits aussi riches que variés. Il conviendra pour cela que les courriers annexes le fréquentent régulièrement, ce qui est peut-être beaucoup demander, et que les exportateurs trouvent ailleurs qu’en Allemagne le placement de ces produits.

Le Courrier colonial

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 71 titres parus à ce jour.

January 29, 2018

Il y a 100 ans : L’avenir industriel de la Grande Île (2)

(Suite et fin.)
Les exploitations forestières sont nombreuses ; une douzaine d’entre elles possèdent des scieries mécaniques.
Mais la plus prospère de toutes les industries, celle qui fait vivre le plus d’Européens et d’indigènes, est l’industrie minière grâce au développement pris dans ces deux dernières années par l’exploitation du graphite. La nécessité d’enrichir le minerai tel qu’il sort de la mine a fait naître sur place une douzaine d’usines ou ateliers disposant d’une machinerie appropriée permettant de séparer du minerai les impuretés qui en diminuent la valeur.
Le nombre de ces installations ne pourra qu’augmenter en raison du développement considérable pris par l’exploitation du graphite.
Enfin, on annonce la création d’établissements pour le traitement des écorces de palétuviers, pour l’extraction de matières tannantes et la fabrication de la pâte à papier, de certains tissus et pour l’utilisation des peaux et de l’huile de crocodile.
L’avenir industriel de la colonie est en bonne voie.
Nous n’avions jamais dit autre chose.

Le zébu de Madagascar

Du Figaro :
Les bœufs de Madagascar ont, en ces jours-ci, au Sénat, les honneurs de la séance ; il en pourra coûter la vie à un grand nombre d’entre eux. En effet, en un moment où l’on a à résoudre le difficile problème consistant à nourrir la population tout en ménageant le troupeau national (si improprement nommé le cheptel national), il est naturel de recourir aux ressources alimentaires de notre grande colonie.
Le bœuf de Madagascar, nommé zébu, porte sur le garrot une ou deux bosses, mais là s’arrête la ressemblance avec le dromadaire ou le chameau, car sa chair est excellente. Un de nos amis, qui a reçu dernièrement une boîte de conserve contenant une langue et un filet de zébu, déclarait qu’il n’y avait pas de singe qui fût comparable à cela.
Puisse le zébu colonial sauver le bœuf national.

Pour les Œuvres de guerre

On nous écrit de Majunga que la soirée donnée à Boanamary au profit des Croix-Rouges anglaise et française a produit plus de 5 000 francs. Tout le personnel de l’usine a prêté son concours à cette fête qui fut des plus réussies.

Le Courrier colonial

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January 27, 2018

Il y a 100 ans : L’avenir industriel de la Grande Île (1)

Dans cette vaste et nouvelle colonie, dont l’étendue dépasse celle de la France, l’industrie est encore, par la force même des choses, embryonnaire ; très vaste est le champ qui reste ouvert à l’activité européenne.
L’extension du réseau ferré, l’ouverture de nouvelles voies navigables en activeront le développement ; l’élévation du fret aura la même influence. Pour éviter le fret pauvre et encombrant, on sera amené, automatiquement, à transformer le plus possible la matière première sur place, à lui faire subir au moins un dégrossissement pour n’expédier qu’un fret payant. À cet égard, voici un aperçu des industries déjà existantes :
Les usines pour la production de conserves de viandes et de viandes frigorifiées sont au nombre de cinq auxquelles s’ajoutent deux établissements pour la salaison des porcs et la production du saindoux. Au fur et à mesure que se développe la culture du riz naissent de nouvelles usines pour décortiquer ce produit ; on en compte actuellement dix dont quatre situées à Tananarive ou aux environs ; il ne tardera pas à s’en créer d’autres car c’est une industrie de grand avenir. Parmi les industries plus particulièrement susceptibles de prendre un certain essor, nous pouvons citer celles qui se rapportent soit à la transformation du manioc en fécule, en farine ou en tapioca, soit à la dessiccation sous forme de cossettes s’il est destiné à l’alimentation du bétail, sous forme de rondelles s’il est destiné à la fabrication de l’alcool.
En outre, six usines produisent de la fécule et du tapioca, trois autres fonctionnent uniquement comme féculeries, quatre font la dessiccation du manioc. Le froment importé à Madagascar il y a quelques années y a assez bien réussi, notamment la variété provenant de Médéah ; deux minoteries construites à Antsirabe le transforment en farine.
Déjà importante, l’industrie de la distillerie compte quatre distilleries de rhum, quatre de plantes à parfums, d’autres pour la production de l’alcool industriel. Les sucreries sont au nombre de quatre dont trois aux Comores. Des salines sont exploitées dans le nord et dans le sud de l’île. Une tannerie existe à Tananarive.
(À suivre.)

Le Courrier colonial

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January 23, 2018

Il y a 100 ans : La question des cuirs dans la Grande Île (2)

(Suite et fin.)
La spéculation ne serait nullement à craindre puisque les prix seraient fixés d’avance. En tout cas, ce serait la liberté rendue à une branche de commerce qui a pâti énormément de cette réquisition inconsidérée ; ce serait surtout le retour au bon sens.
D’aucuns ont pensé un moment que l’Intendance, comme toute émanation des pouvoirs irresponsables, ne voulait pas reconnaître s’être trompée et qu’elle persistait dans son erreur pour démontrer que cette erreur était la vérité.
On se trompait, l’Intendance a daigné répondre.
Devant les protestations successives des chambres consultatives de Tananarive, de Majunga, d’Ananalave, de Tuléar et autres, l’Intendance a ordonné une enquête dans la Grande Île, enquête qui dure depuis plusieurs mois, mais si l’on connaît la date de son ouverture, on ne pourra peut-être pas préciser aussi bien celle de la clôture. Le commerce malgache attend un remède à ses maux. C’est d’ailleurs le conseil que lui a donné l’Intendance elle-même. Attendez le résultat…
Pendant ce temps, les moyens de transport sont entrés dans une crise dont la gravité est connue de tous, et commerçants et éleveurs voient avec terreur leur situation empirer. Quant aux indigènes plus malins, ils ont trouvé le moyen de ne pas voir leurs cuirs réquisitionnés : au Zoma, ils débitent la viande de leurs animaux avec la peau attenant après.
Le mal est grand ; la Chambre consultative d’Ananalave l’a concrétisé en quelques chiffres dont l’éloquence devrait ouvrir les yeux avant qu’il ne soit trop tard. Au 31 juillet 1916, il y avait dans la région une production mensuelle de 2 850 cuirs environ ; cette moyenne est tombée à 360 en 1917, soit une diminution de 87 %.
Si l’Intendance a véritablement ouvert une enquête dans le but d’aboutir et d’enrayer la crise qui menace l’élevage malgache, qu’elle se hâte de conclure, les commerçants de la Grande Île ne peuvent attendre plus longtemps.

Le Courrier colonial

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January 22, 2018

Il y a 100 ans : La question des cuirs dans la Grande Île (1)

On en parlera, grand’mère, sous le chaume bien longtemps, disaient les enfants en contemplant la redingote et le petit chapeau de l’« Autre ». La question des cuirs à la Grande Île semble ambitionner la même renommée car depuis près de deux ans que la Commission de l’Intendance effectue ses réquisitions, le mécontentement des colons et des commerçants de Madagascar ne fait que croître et embellir.
Nous avons tenu nos lecteurs au courant des diverses phases de cette question, et nous avons même publié ici la lettre d’une des hautes personnalités de la colonie qui, n’ayant à prendre parti ni pour l’Intendance ni pour les commerçants, était bien placée pour en connaître et en parler avec impartialité. Le témoignage de notre distingué correspondant ne fut pas, d’ailleurs, favorable à l’Intendance, parce que les réquisitions étaient faites sans méthode et surtout sans économie. Nous nous sommes également fait l’écho du commerce local, indisposé par la façon dont on voulait méconnaître ses intérêts les plus légitimes, et qui ne demandait, somme toute, rien qui ne fut admissible.
Une fois de plus, nous allons rapporter ici ses desiderata ; peut-être finira-t-on par les prendre en considération dans la métropole puisqu’à la colonie, il n’en est tenu aucun compte.
Tout d’abord, les commerçants demandent la liberté, comme avant, des transactions locales, et que l’exportation des cuirs réquisitionnés soit limitée à la France. On se rappelle qu’une bonne partie des cuirs recollés (n’ayant pu être exportés pour une raison ou pour une autre) avait été envoyée à Maurice. De fait, il est inadmissible qu’on prive de ses cuirs la Grande Île pour les envoyer dans l’île voisine ; d’autre part, puisque le gouvernement réquisitionne tous les cuirs susceptibles d’être utilisés pour les besoins de la Défense Nationale, pourquoi ces cuirs ne sont-ils pas partis pour la France ?
Le commerce malgache pense qu’il serait plus sage de ne réquisitionner que les cuirs reconnus vraiment nécessaires – afin de ne pas encombrer comme on l’a fait les docks de Majunga où ils s’avarient – et laisser les commerçants acheter les cuirs rejetés qu’ils expédieraient eux-mêmes, comme autrefois, sur les marchés anglais et italiens où on l’habitude de les travailler.
(À suivre.)

Le Courrier colonial

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January 14, 2018

Il y a 100 ans : Vanille et vanilline (4)

(Suite et fin.)
Cette année, elle promet d’être aussi bonne. Il ne semble donc pas que les cours de 17 à 19 francs le kilogramme, pratiqués l’an dernier aux conditions de Paris pour les lots de bonne qualité, puissent s’élever si la vanilline continue à entrer en France, si le Mexique peut toujours nous expédier ses produits.
Au cas où l’interdiction que nous réclamons serait appliquée, nos colons auraient la satisfaction d’écouler rapidement leur récolte à des cours qui seraient un peu plus rémunérateurs, sans atteindre toutefois ceux qu’ils ont connus il y a quelques années.
Le consommateur français ne s’apercevrait guère de la différence, et une culture coloniale particulièrement intéressante ne risquerait pas de perdre de son importance.
Nous voulons espérer que M. René Besnard, dont nous connaissons toute la bonne volonté, s’emploiera pour faire cesser une situation si préjudiciable à nombre de ses administrés.
Que l’on n’invoque pas ici les difficultés de transport. Amener les vanilles du Mexique ou celles de nos colonies, c’est exactement la même chose.
Quant à la vanilline, les 750 000 francs d’or qu’elle fait sortir annuellement de France valent bien que l’on accorde à nos colons, sur nos bateaux, l’infime place nécessaire pour envoyer dans la métropole leur récolte de vanille.
Jean Peyraud.

Le coup d’œil des Malgaches

Les qualités de race des Malgaches, l’acuité de leur vue, la subtilité de leur ouïe et de leur odorat, leur souplesse et l’habileté qu’ils déploient à ramper sans bruit, les rendent particulièrement aptes au métier de patrouilleur. Mais, surtout, ils excellent au lancement des grenades. Il ne faut pas oublier que, pasteurs de troupeaux pour la plupart, ils ont accoutumé de ramener les bêtes qui s’écartent en leur jetant un caillou et ils arrivent à une précision telle que le caillou atteindra très exactement et souvent de fort loin le point visé, la corne droite du bœuf, par exemple… Tirailleurs, ils se servent de leurs grenades avec la même virtuosité que, pasteurs, leurs cailloux.

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January 13, 2018

Il y a 100 ans : Vanille et vanilline (3)

(Suite.)
Suivant les dernières statistiques que nous avons consultées, il entre encore annuellement en France plus de 5 000 kilogrammes de cette mixture chimique au prix de 150 francs le kilogramme.
C’est donc 750 000 francs d’or qui sortent pour que la malfaisante vanilline puisse entrer.
Est-ce admissible ? Alors que tant de choses dont l’utilité ne saurait être contestée ne peuvent plus être achetées à l’étranger, parce qu’il faut ménager nos ressources en or, la vanilline continue à jouir d’un régime de faveur.
Il faut croire que les rois de la chocolaterie sont bien puissants !
Cependant, ce n’est pas un secret pour personne que la vanilline nous vient d’Allemagne par des voies plus ou moins indirectes. Même en temps de guerre, les usines boches réussissent à introduire chez nous cette drogue dont les effets nocifs ne sont même plus discutés !
Nous demandons avec insistance aux Pouvoirs Publics de mettre fin à ce scandale, de réserver l’or de la France pour un meilleur usage, d’interdire rigoureusement l’importation de la vanilline.
En même temps, ils rendraient service à nos colons dont la vanille trouverait des débouchés à des prix qui ne seraient pas tout à fait des prix de famine.
D’autre part, ne doit-on pas interdire l’introduction en France des vanilles du Mexique ? À vrai dire, nous savons qu’il en est question, mais il faudrait se hâter de prendre cette mesure, car ici encore, c’est notre or qui s’en va à l’étranger sans aucune nécessité, puisque les vanilles de nos colonies sont d’assez bonne qualité pour que les consommateurs puissent se passer des vanilles du Mexique. Celles de la Réunion notamment peuvent rivaliser avec elles.
Et puis, quand bien même nos vanilles coloniales seraient un peu moins finement parfumées que leurs concurrentes du Mexique, les nez les plus délicats ne doivent pas oublier que nous sommes en temps de guerre et qu’ils peuvent bien faire quelques sacrifices aux dépens de leur nerf olfactif !
Précisément, la récolte de la vanille a été très abondante l’an dernier, elle fut même au-dessus de la normale tant à Bourbon qu’à Madagascar et aux Comores.
(À suivre.)
Jean Peyraud.

Le Courrier colonial

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January 10, 2018

Il y a 100 ans : Vanille et vanilline (2)

(Suite.)
La tôle manque, alors construisons des navires en bois, comme le fait l’Angleterre. Rien qu’en Cochinchine, il est possible de construire des navires à l’arsenal de Saïgon, aux chantiers des Messageries Fluviales, aux ateliers de construction mécanique de la Société de dragages de Mytho dont le directeur général, M. Dessoliers, est mobilisé en France.
En Annam, le port de Cam-Ranh, œuvre de l’actif marquis de Barthelemy, se prêterait également à la mise en chantier de bateaux de petit tonnage.
Madagascar, la Réunion, les Antilles, l’A. O. F., l’A. E. F., Cap Lopez en particulier, peuvent également construire des navires si le sous-secrétaire d’État aux transports maritimes, M. de Monzie, qui y paraît d’ailleurs résolu, demande à ces colonies de le faire.
Ainsi se créerait cette flotte marchande coloniale que nous réclamons depuis si longtemps avec tous les esprits avertis. Jamais elle ne fut plus nécessaire, jamais aussi l’occasion ne fut plus favorable pour doter nos possessions d’outre-mer des moyens de transport indispensables à leur développement.
Pour mieux faire toucher du doigt à nos lecteurs l’acuité de la crise des transports entre la métropole et nos lointains territoires, nous laisserons de côté les doléances de nos colons dont les produits sont encombrants et occupent une place considérable dans les cales des navires, pour ne nous occuper que des lamentations des planteurs de vanille dont les produits – tout le monde le sait – exigent le minimum de place à bord.
Or, la vanille elle-même de la Réunion, de Madagascar, des Antilles, de Tahiti, etc., ne peut être amenée en France, ou, si elle l’est, elle arrive avec une telle lenteur que les producteurs éprouvent de ce fait le plus sérieux préjudice !
Cependant, la vanille est une des cultures particulièrement précieuses de notre empire d’outre-mer ; de toute nécessité il faut la protéger, l’encourager.
Or, le croirait-on ? La rivale de la vanille, la vanilline, ce produit essentiellement boche contre lequel le Courrier Colonial mène depuis bientôt dix ans une inlassable campagne, a conservé chez nous tous ses débouchés d’avant-guerre.
 (À suivre.)
Jean Peyraud.

Le Courrier colonial

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January 8, 2018

Il y a 100 ans : Vanille et vanilline (1)

Dans son dernier numéro, ce journal s’est fait l’écho des doléances de nos colons, invités à surproduire par l’administration, alors que les rares navires envoyés par la métropole ne peuvent même pas enlever une production normale.
Produits du sol et produits du sous-sol sont comme sœur Anne : ils ne voient jamais rien venir !
Le ministre du ravitaillement, M. Maurice Long, – nom qui semblait le prédestiner à ce poste ingrat, – annonçant à la Chambre qu’il réduisait le nombre des bateaux assurant les transports entre Madagascar et la France, ajoutait qu’il comptait sur le patriotisme de nos colons pour les empêcher de se plaindre d’une pareille mesure.
Nos compatriotes auraient tort de se lamenter, car leurs lamentations seraient sans résultat. Ils le savent et ne perdront pas leur temps en jérémiades quand bien même ils ne sauraient que faire de leurs loisirs.
Mais ils ne s’attendaient vraiment pas à voir leur patriotisme mis à l’épreuve de cette manière. Ils étaient décidés à venir par tous les moyens possibles en aide à la métropole ; leur activité, leur dévouement, leur expérience étaient à son service, et alors qu’ils étaient si bien disposés, on leur dit de rester inactifs par patriotisme !
Ne faites rien, ne produisez rien, voilà l’effort qui est demandé à nos possessions d’outre-mer quand tous les coloniaux et nombre de métropolitains sont d’accord pour affirmer que la métropole ne pourra subsister qu’avec l’existence de ces lointains territoires. Le blé, l’orge, le riz, le maïs, le manioc, le sucre qu’ils doivent produire en abondance pour suppléer à l’insuffisance de la production de la mère patrie semblent devenus quantité négligeable, si l’on en croit M. Maurice Long.
Voilà qui est bien fait pour encourager nos colons et attirer vers nos possessions les immigrants et les capitaux qui leur seront indispensables après la guerre.
Les bateaux se font rares. Soit. Que l’on se hâte alors d’en construire dans toutes nos colonies possédant le bois et la main-d’œuvre nécessaires.
(À suivre.)
Jean Peyraud.

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January 6, 2018

Il y a 100 ans : Les tirailleurs malgaches (2)

(Suite et fin.)
Le bataillon vient, cette fois, de monter tout entier dans le sous-secteur nord du bois de Quiney. À cette occasion, beaucoup d’indigènes, qui faisaient partie de la S. H. R., ouvriers ou conducteurs, ont demandé à quitter la section pour monter en ligne avec leurs camarades, parce qu’ils veulent « gagner la croix de guerre et puis aller après à Paris ». Ceci rappelle qu’en arrivant à Soissons, un Malgache, fusilier-mitrailleur, qui voyait qu’au lieu de participer comme combattant à l’offensive, on l’employait à casser des cailloux sur les routes, a déserté le bataillon et est allé, le 16 avril au matin, se présenter, avec son fusil-mitrailleur, au colonel commandant le ne colonial, pour lui demander de l’utiliser, lui et son fusil.

Le pain de riz

Dans une intéressante étude sur le riz de Madagascar, M. Petré établit la composition et la valeur chimique du blé comparée avec le riz de la Grande Île et celui de Saïgon ; il conclut à la possibilité de l’admission de 10 à 15 % de farine de riz dans la fabrication du pain, sans qu’il en résulte le moindre inconvénient pour la santé publique.
La presse locale demande que ces considérations soient prises en valeur (étant donné les difficultés que l’Administration rencontre pour se procurer de la farine) et qu’on intensifie la culture du riz dont la farine aura un placement assuré.
Nos lecteurs se souviennent vraisemblablement que notre directeur avait eu déjà cette idée et qu’il avait énergiquement préconisé cette addition du riz au blé de froment, sans aucun succès d’ailleurs.
Souhaitons que nos confrères de la Grande Île soient plus heureux car notre colonie de l’océan Indien ressemble à sa métropole. Ce ne sont pas les excédents de farine qui l’encombrent.


À Majunga

À Majunga, un Indien de Marovoay, employé de commerce, augmentait sa matérielle en prenant une « petite commission » sur le change des billets de banque.
S’étant fait prendre flagrante delicto au moment où il faisait payer un change pour un billet de 50 francs, il a été condamné à 1 500 francs d’amende et à l’affichage du jugement à Majunga, dans chaque district et dans chaque canton de la province.

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January 5, 2018

Il y a 100 ans : Les tirailleurs malgaches (1)

On sait que, parmi les bataillons que le recrutement de Madagascar fournit actuellement sur notre front, les uns combattent, les autres sont uniquement employés comme bataillons d’étapes. Un de ces bataillons a été constitué au camp de Saint-Raphaël, conformément à la décision ministérielle du 8 décembre 1916, et dès le 4 avril 1917, joyeux et plein d’entrain, il quittait le camp pour être dirigé vers la zone des armées. Il débarqua à Soissons et fut mis du 10 au 30 avril à la disposition du génie et de l’artillerie pour des travaux routiers et des manutentions de matériel et de munitions.
Tandis que le reste du bataillon devait être employé au ravitaillement des unités d’assaut, une de ces compagnies fut désignée avec la compagnie de mitrailleuses, pour participer aux attaques contre le canal de l’Aisne et voie ferrée de Soissons-Laon. Les deux compagnies furent engagées, le 5 mai, par le colonel du R., sous les ordres de qui elles avaient été placées ; elles s’élancèrent, comme à l’exercice, à l’assaut de la tranchée « Aviatik » qui leur avait été assignée comme objectif, l’atteignirent, mais ne purent s’y maintenir, notre progression sur le mont des Singes ayant été arrêtée par des mitrailleuses allemandes qui n’avaient pu être réduites. Quelques jours après, le bataillon de tirailleurs malgaches attaché à la … D.I. fut de nouveau employé par moitié en ligne et par moitié pour le service routier et les ravitaillements.
Les services rendus depuis cette date par le bataillon malgache ont été reconnus par le général commandant le D.I. dans son ordre du 13 août 1917.
« Au moment où le bataillon de tirailleurs malgaches va quitter le D.I., le général de division tient à lui exprimer ses regrets de se séparer d’une belle troupe qui lui a donné toute satisfaction.
« Par leur tenue, leur attitude, leur discipline, leur bonne volonté au travail, les tirailleurs malgaches n’ont mérité que des éloges et les unités mises en secteur ont tenu très honorablement le front qui leur a été confié.
« Le général est persuadé que le bataillon continuera à rendre d’excellents services partout où on l’emploiera et il lui adresse son adieu, avec les meilleurs souhaits pour tous. »
(À suivre.)

Le Courrier colonial

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January 2, 2018

Il y a 100 ans : La question du riz à Madagascar

Nos lecteurs se souviennent-ils que nous leur avions parlé de l’initiative de certains colons qui, pour remédier à la pénurie du riz dans la Grande Île, avaient pris les mesures nécessaires pour en faire venir d’Indochine ? Par ailleurs, deux maisons de la colonie avaient manifesté l’intention de faire venir 5 000 tonnes de riz de notre France d’Asie ou de l’Inde britannique, afin d’enrayer la hausse constante du précieux aliment.
À ce sujet, notre confrère la Tribune de Madagascar écrit que la réussite de cette tentative ne pourra se réaliser effectivement que par une intervention pécuniaire du gouvernement pour résoudre la crise du fret.
La question du riz est devenue si aigüe dans la Grande Île que le premier acte de M. Merlin, le nouveau gouverneur général, a été de chercher à remédier à cette situation.
Comme il paraît que dans certaines régions, notamment à Majunga, il y a des stocks de riz, on envisage leur transfert dans les districts où le riz fait défaut, ce qui arrêterait sensiblement la crise actuelle.
Cette question du riz a eu sa répercussion – inattendue – sur le tronçon de voie ferrée déjà posé à Tsiafahy.
L’impossibilité de se procurer le matériel nécessaire pour pousser le rail jusqu’à Antsirabe justifiait en quelque sorte cette mesure, mais la rareté du riz a conduit l’administration à reporter les rails enlevés à la ligne Moramanga-Alaotra.
Jusqu’ici cette région a été considérée comme devant produire intensivement le riz le jour où les prix des transports seront abaissés ; elle pourra donc de la sorte intensifier ses cultures vivrières et contribuer à l’alimentation des tobys où toute une armée d’ouvriers travaillent aux carrières de graphite.
Cette mesure qui, un moment, a pu inquiéter les colons ayant des intérêts dans la vallée d’Ambatolampy, n’empêche nullement l’administration de s’intéresser à leurs droits puisqu’elle se préoccupe actuellement de se procurer le matériel nécessaire à la ligne d’Antsirabe ; mais la question du riz imposait en quelque sorte cette opération.
En outre, quels qu’aient été les frais qu’elle a occasionnés, peu considérables d’ailleurs, il est assuré qu’ils seront vite récupérés par le rendement du fret qui descendra de la région du lac Alaotra.

Le Courrier colonial

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 71 titres parus à ce jour.

January 1, 2018

Il y a 100 ans : La perception des impôts dans la brousse

Dans sa séance du 20 août, le Comice agricole de Tananarive s’est joint au Comice agricole de Mananjary pour demander que la perception des impôts s’effectue sur les tobys et les plantations d’une façon régulière et légale ; il a été également demandé que les miliciens ne soient pas en service dans leur district d’origine.
De son côté, le Comice agricole de Tamatave avait formulé les mêmes desiderata et joint une protestation indignée à celle des colons et des corps constitués de Mananjary. Tout ceci afin d’éviter les invasions nocturnes d’agents de perception lâchés en meutes sur des camps d’ouvriers.
Que s’était-il donc passé ?
Peu de chose : un acte illégal.
Voici les faits rapidement résumés :
Dans la nuit du 26 au 27 mai dernier, des miliciens en armes sous les ordres d’un caporal (ancien ouvrier de la Compagnie Lyonnaise renvoyé pour indélicatesse) firent irruption dans les habitations des ouvriers de cette compagnie à Ampagarinamazo et les firent sortir avec… douceur. Le prétexte de cette « mission » était de rechercher les « sans-carte », c’est-à-dire les ouvriers en retard dans le paiement de leur impôt de capitation.
Or, sur 553 ouvriers qu’emploie la Compagnie Lyonnaise, il ne s’en est trouvé que 11, arrivés tout nouvellement au chantier et qui s’étaient précisément engagés pour payer leur taxe. Ces faits ne pouvaient donc justifier aucunement l’inqualifiable agression de la milice, mais s’il faut en croire l’opinion générale, il s’agit là d’un fonctionnaire, mécontent de la compagnie et qui voulait se venger.
Et voilà pourquoi les comices agricoles de Tananarive, de Tamatave et de Mananjary ont exprimé les doléances exposées plus haut. Avouons qu’elles sont justifiées.
Le Courrier colonial

Santé et assistance médicale

Par décision du 28 septembre 1917, l’exercice de la médecine est interdit pendant quatre mois au médecin indigène Rakotomanga (Titus), qui s’est rendu coupable de manquements professionnels graves.
Par décision du 29 septembre 1917, l’exercice de la médecine est interdit pendant quinze jours au médecin indigène Ratrimosalama, pour manquements professionnels et négligence dans son service.

Journal officiel de Madagascar et dépendances

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