August 14, 2008

Petit jeu linguistique

Je vais commencer par préciser:
1. que je ne suis pas linguiste, et
2. que ma connaissance de la langue malgache est proche de zéro, ce que j'avoue toujours avec honte avant d'avancer quelques explications qui n'excusent pas tout, et dont je ferai l'économie aujourd'hui - mon niveau me permet seulement de faire mes courses dans une épicerie de Madagascar où personne ne parle français (et je ne fais pas non plus collection d'injures ou de mots orduriers).

Ceci étant dit, j'ai été frappé tout à l'heure par le titre d'un article comme je n'en lis guère, mais du genre qui ne passe pas inaperçu quand on survole l'info sur Internet:
Elton John et son mari font du shopping à Portofino
Vous imaginez bien ce qui a attiré mon attention: Portofino, c'est où, ça?

Euh... non, pas du tout. L'expression "Elton John et son mari", pour légale qu'elle soit dans les Etats où le mariage homosexuel est pratiqué, reste malgré tout inhabituelle et provoque une demi-seconde d'arrêt devant les mots.

Demi-seconde que je prolonge.

D'autres que moi ont déjà remarqué la confusion que font les Malgaches peu francophones entre "mari" et "femme" (dans le sens d'épouse). Cela arrive tout le temps dans les conversations, et je ne me moque jamais. Il n'y a d'ailleurs aucune raison de se moquer puisqu'en malgache, le même mot, "vady", est utilisé pour les deux sexes.
J'en viens à mon audacieuse conclusion: la langue malgache aurait-elle intégré bien avant la française la possibilité du mariage homosexuel?

Bon, encore une note à ne pas prendre trop au sérieux...

August 12, 2008

Ca fait toujours plaisir...

... même si la modestie doit en souffrir.
Je viens de tomber sur une note postée par Vola dans son blog: Attention site culte (-urel). Je ne connais pas Vola, mais elle est parfaite: elle dit tout le bien que je pense de ce blog-ci et... de moi-même (euh... je précise quand même qu'il ne faut pas prendre ces derniers mots au sérieux).
J'ai pourtant le souvenir de n'avoir pas été trop bon lors de la présentation de Zovy au CCAC en janvier. Si néanmoins, dans la salle, les spectateurs ont été heureux, c'est bien.
Et si je lançais un concours d'éloges?...

August 10, 2008

Bibliothèque malgache électronique / 41 : Le "Décivilisé", de Charles Renel


Je l'avais promis, je l'ai fait: la Bibliothèque malgache électronique (BME) est de retour après une trop longue interruption.
Symboliquement, le 41ème volume est un ouvrage de l'auteur par qui j'avais ouvert la collection: Charles Renel, que vous êtres nombreux à connaître.

"Le Décivilisé" est un classique du roman colonial, et un cas intéressant... Adhémar Foliquet, ancien pion dans un lycée français, est devenu malgré lui instituteur dans un village de la côte est à Madagascar. Il se trouve bien d'une nouvelle vie dans laquelle il s'éloigne progressivement de la civilisation européenne. Et découvre le plaisir qu'il y a à ne pas avoir toujours quelque chose à faire, à ne plus se préoccuper de l'heure.
Bien sûr, il se pose des questions: est-il bien raisonnable de devenir à ce point un autre?
Le livre fourmille de scènes saisies sur le vif et de discussions sur la valeur comparée de différentes cultures. De Charles Renel, la BME a déjà réédité un autre roman, La race inconnue, et un recueil de nouvelles, La coutume des ancêtres.

Et, puisque nous en sommes à une sorte de nouveau démarrage, on peut faire le point sur la circulation de tous ces textes.
Les 41 titres de la Bibliothèque malgache électronique ont été chargés au total près de 30.000 fois, surtout bien entendu par l'intermédiaire d'Ebooks libres & gratuits. Mais il y a aussi dans ce chiffre des consultations sur le site Scribd. Et un peu - ça commence - sur le nouveau site de la maison d'édition Bibliothèque malgache.
En vedette, et dans un ordre décroissant, le Voyage du général Gallieni, avec plus de 1.600 chargements et consultations, puis le texte seul de Madagascar à vol d'oiseau, de Désiré Charnay (mais il y a plus de 2.400 lecteurs de ce volume et du volume illustré, si on les additionne), le Voyage à Madagascar de Louis Catat, d'adolphe Badin, Une famille parisienne à Madagascar...Au pays malgache, d'Emile Blavet, et l'autre Voyage à Madagascar d'Ida Pfeiffer. Ceci pour ceux qui ont dépassé les 1.000 chargements et/ou consultations.
On continue donc, puisque cela semble le mériter...

August 5, 2008

En avant-première, Madagascar dans la rentrée littéraire

Chaque année, je fouine, dans la rentrée littéraire, pour trouver les passages d’ouvrages qui font référence à Madagascar. Honnêtement, je n’ai encore presque rien lu de ce qui va paraître, à partir du 15 août, pendant deux mois – plus de six cents romans, sans compter le reste. Mais j’ai pu, grâce aux vertus particulières du livre électronique, effectuer une recherche dans une trentaine de textes. Le résultat n’est pas très riche, même si Madagascar n’est jamais tout à fait absent.

On aurait pu en attendre une présence moins discrète, cependant, dans les deux ouvrages de Malcolm de Chazal, le Mauricien, publiés par Jean-Pierre Orban dans la collection L’Afrique au cœur des lettres qu’il dirige à l’Harmattan. La Grande Île n’apparaît cependant que dans les commentaires.

Dans le texte de Robert Furlong, d’abord, après l’Autobiographie spirituelle, à propos de l’édition de Sens-Plastique chez Gallimard, à l’initiative de Jean Paulhan :

Jean Paulhan, adepte des hain-teny malgaches – ces poèmes traditionnels courts fonctionnant sur des associations subtiles, qu’il a connus lors de deux années passées à Madagascar comme enseignant et sur lesquels il a publié une étude en 1930 –, aurait-il retrouvé des tonalités similaires dans l’écriture de Chazal, qu’il qualifie dans sa préface à Sens-Plastique de « gerbe d’à la fois science, arts, poésie, psychologie, métaphysique et mystique : secret de la vie, présence de Dieu » ?

Une autre fois, aussi, mais il s’agit d’une redite par rapport à ce qu’on trouve dans l’autre livre, Moïse, où le même commentateur écrit, à propos de cette pièce restée inédite jusqu’à présent et que beaucoup pensaient disparue :

Mais une version dactylographiée de la pièce existait, la pièce ayant dû être tapée en quelques exemplaires pour un enregistrement radiophonique dont la diffusion a eu lieu sur les ondes de Radio Tananarive à Madagascar le 13 décembre 1951.

Un extrait de presse (extrait de Advance) en témoigne d’ailleurs.

Plus inattendu, un personnage du roman de Melanie Abrams, Jeux dangereux (Calmann-Lévy), profite d’une réflexion sur la mort pour faire surgir une image venue de chez nous, et utilisée ici dans le but de séduire :

— Les gens ont des réactions très bizarres face à la mort, conclut-il en lui rendant son manuel. À Madagascar, les Sakalava représentaient sur leurs tombes des hommes et des femmes en postures lascives.

Il laissa sa main posée sur le livre et lui sourit, d’un sourire malicieux qui lui serra le cœur.

— Ça valait le coup d’œil ! commenta- t-il en retirant enfin sa main.

Chez le même éditeur, Xavier Mauméjean décrit un parc floral dans Lilliputia :

Il se trouvait dans un temple vivant aux colonnes fermement enracinées. Angraecum fragrans de Madagascar que l’on infuse avec des feuilles de thé, tubercules d’Inde que l’on réduit en poudre, Spathoglotis plicata qui enivrent les rats de Malaisie, Epidendrum mutelianum refusée aux Lilliputiens car on la surnomme « Orchidée du Haut »…

Bref hommage funèbre aux morts de la campagne des Balkans (1915-1917) dans Zone, de Mathias Enard (Actes Sud), lors d’une visite à la nécropole de Zeitenlick à Salonique :

dans la nécropole se trouvent un carré britannique bien entretenu, un parterre russe, un monument italien, un gigantesque ossuaire serbe, un recoin pour les musulmans d’Algérie, pour les français israélites, pour les bouddhistes d’Indochine, les Malgaches et les Sénégalais le monde entier était venu se faire trucider par les Bulgares sauvages les Allemands et leurs alliés Autrichiens, et le monde entier reposait maintenant entre les cyprès sur l’avenue Langada à deux kilomètres de la mer, dans le soleil d’août

Enfin, et pour être tout à fait complet à propos du corpus visité, j’ajoute une note de bas de page dans la Correspondance entre Jean Malaquais et Norman Mailer qui paraîtra au Cherche midi. Jean Malaquais, en 1953, fait allusion aux événements du Maroc, éclairés par cette note :

Pour avoir soutenu le principal mouvement indépendantiste marocain, Mohammed V fut déposé le 20 août 1953 et contraint à l’exil en Corse, puis à Madagascar ; le 16 novembre 1955, il fut rappelé par le gouvernement Edgar Faure, qui était aux prises avec le conflit algérien naissant.

Je vous parlerai bientôt d'un livre pour la jeunesse et d'un album de bande dessinée, qui nous touchent de plus près.

A suivre, donc.