June 28, 2016

Il y a 100 ans : Dans le port de Tamatave

Nous avions annoncé, la semaine dernière, qu’un cyclone s’était abattu sur Madagascar.
Le phénomène a traversé la Grande Île au sud de Vohémar, dans la région d’Antalaha, et s’est ensuite dirigé vers le canal de Mozambique, en passant par Mandritsara et le sud de Majunga.
Au cours de ce cyclone, la mer a démoli la berge de Tamatave, près des casernes.
Il y a quelques années, un raz de marée avait ravagé le boulevard Galliéni, démolissant la culée du quai et enlevant une partie du boulevard à la pointe Tanio. La culée du quai avait été solidement reconstruite et une forte digue en bois dur avait été établie aux endroits sinistrés.
Les flots, se riant des travaux qu’on leur avait opposés, sont allés, tout simplement, perpétrer leurs forfaits un peu plus loin.
Ne pourrait-on, tout de suite, prendre les mesures nécessaires pour empêcher le retour de semblables événements ?

Pour la production graphite de Madagascar

M. Garbit, gouverneur général de Madagascar, a fait connaître au président des chambres consultatives de la Grande Île que, les besoins graphites de la défense nationale devenant de plus en plus pressants, il était accordé, à l’embarquement, une priorité absolue à ce produit (quand il est à destination de la métropole) sur tous les autres chargements.

Un don de Nossi-Bé

Nous apprenons que nos compatriotes de Nossi-Bé ont décidé d’offrir à l’aviation militaire de la mère patrie un avion qui porterait le nom de leur île.
L’exemple serait bientôt suivi, dit-on, par d’autres colonies.

Les Austro-Boches internés à Madagascar

Les Austro-Boches internés à l’îlot Prune ont pris passage à bord du Gange, qui les a conduits à Diégo-Suarez où ils ont rejoint leurs compatriotes déjà logés à la maison d’arrêt.
Il convient de remarquer que ces peu intéressants personnages ont demandé eux-mêmes, comme une faveur, qu’on les laissât à Madagascar, ils croyaient alors être bientôt délivrés par l’Allemagne victorieuse.
Ils doivent regretter amèrement aujourd’hui leur décision.

Le Courrier colonial

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 48 titres parus à ce jour.

June 26, 2016

Il y a 100 ans : Le carnet d’un boto de pousse-pousse

Je n’ai jamais eu jusqu’à présent l’occasion de parler de la guerre et des opérations militaires. Ce n’est pas aujourd’hui que je vais commencer, j’aurais peur de dire des bêtises et j’estime qu’il vaut mieux admirer nos troupes et nos généraux sans restriction que de se lancer dans des discussions fatalement idiotes. Il y a beaucoup de gens à Tamatave qui devraient suivre ce conseil ; c’est insensé ce que j’ai entendu dire d’âneries depuis l’attaque des Allemands sur Verdun. C’est au moment où toutes les lettres, tous les journaux qui arrivent de France respirent la plus grande confiance dans la victoire, que nos stratèges en chambre jettent sans s’en douter le découragement ; les gens intelligents haussent les épaules, mais d’autres malheureusement s’y laissent prendre et j’ai entendu soutenir très sérieusement que les Boches avaient fait un bond de 17 kilomètres à travers nos tranchées et nos forts. C’est bête à faire pleurer au point que les Malgaches eux-mêmes y ajoutent si peu foi qu’un des derniers contingents à destination de France s’est embarqué en chantant la Marseillaise.
Sarah B.
La Dépêche malgache

Ça continue

Deux élèves indigènes se retirent volontairement de l’École « Le Myre de Vilers » – qui, on le sait, est l’école préparatoire aux diverses carrières « libérales » réservées aux Malgaches.
Bien entendu, leurs parents auront à rembourser au gouvernement la portion consommée de la bourse dont ils jouissaient.
On le voit, le mouvement d’épuration était utile puisque l’on y constate de la spontanéité. Deux futurs fonctionnaires de moins : deux unités de plus pour la rizière, le graphite, le commerce, l’industrie. – La logique finit toujours par triompher.

En route

Il nous revient qu’un des Sakelika déportés par mesure administrative n’a pas pu aller plus loin, sur la route de l’exil, qu’à Diégo-Suarez. Miné par la nostalgie, le chagrin, à défaut du remords, il a été débarqué malade et y est décédé.
Pauvre race houve, falote, travaillée de tares, incapable de s’aventurer hors de l’ambiance mitigée des hauts plateaux, et qui a pourtant rêvé de mordre en sourdine le bras de la France venue ici pour la soutenir, la réconforter, refaire physiologiquement sa physiologie défaillante !

Le Tamatave

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June 24, 2016

Il y a 100 ans : Autour du complot, une solution inattendue (2)

(Suite et fin.)
On lui a fait la part douce.
Les rebelles gasy iront aux travaux forcés.
Ce n’est pas la solution que le bon sens populaire dictait.
Ce bon sens réclamait le poteau pour les chefs de la rébellion.
Quand on conspire pour renverser un régime et rétablir un pouvoir, on accepte d’avance la mort en cas d’échec.
On ne mérite pas l’infamie.
Les Malgaches avaient mérité la mort, mais pas le bagne.
Leur exécution eût produit un effet spectaculaire.
Leur exil ne signifiera rien.
On les verra un à un, par le poison, se soustraire au châtiment, se donner eux-mêmes la fin obscure.
Qu’on se souvienne des assassins du regretté colon français M. Bonnemaison !
Une rébellion s’étouffe dans l’œuf, immédiatement, à coups de fusil…
C’est la manière forte.
Une rébellion ne s’étouffe pas dans le maquis d’une vague procédure.
C’est la manière faible.

Sus aux embusqués !

Sus aux embusqués ! C’est la devise d’une Société de femmes fondée en France. On dit qu’une succursale de cette Société va se fonder à Tamatave où, paraît-il, il y a pas mal d’embusqués.

Tamatave pue

La ville s’embellit de jour en jour : on aligne les rues, on leur met des trottoirs, etc. Et malgré cela, Tamatave pue parce qu’elle est d’une malpropreté dégoûtante. Certaines rues sont transformées en dépotoirs. Les cours, les cabinets d’aisance sont des nids d’infection. L’eau que l’on boit est contaminée, de plus, par sa nature, l’eau que l’on puise dans le sous-sol de Tamatave est impropre à la consommation. D’autre part, il y a trop d’arbres dans la ville, partant beaucoup d’humidité. Et on s’étonne que l’état sanitaire de la ville soit mauvais !

La hausse des prix

Qui pourra dire pourquoi certaines denrées de première nécessité ont subi une hausse au marché ? Cependant ce sont des denrées qui ne s’exportent point. Il y a des gens qui savent tirer avantage même de la guerre. L’administration devrait y mettre bon ordre.

La Dépêche malgache

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June 20, 2016

Il y a 100 ans : Autour du complot, une solution inattendue (1)

Notre excellent confrère La Dépêche de la Réunion, qui a longtemps résidé à Madagascar, qui connaît à fond le pays et particulièrement la mentalité malgache, est de notre avis et de celui de la majorité des colons de l’île à propos des condamnations prononcées.
L’administration s’est montrée trop, beaucoup trop indulgente, vis-à-vis des auteurs principaux d’un complot contre la sûreté de l’État.
Traduits devant le Tribunal indigène du 2e degré sous l’inculpation de : « Provocation à la révolte », ils tombaient sous le coup de l’article 1er du code malgache dit des 305 articles.
Pourquoi alors n’avoir pas appliqué la pénalité prévue et avoir pris à leur égard une demi-mesure ?
Pourquoi s’est-on montré si clément à l’égard de ces bandits qui en voulaient non seulement à l’État mais encore à la vie de chacun de nous et qui, quoi qu’on en dise, n’auraient reculé devant aucun crime pour mettre à exécution leur projet.
Nous avons été faibles ; puissions-nous un jour, bientôt peut-être, n’avoir pas à nous repentir de cette faiblesse.
Voici ce qu’écrit à ce sujet La Dépêche de la Réunion :

Beaucoup de gens trouveront inélégante la solution de la grande affaire malgache. Le code français prévoit le bannissement et la détention perpétuelle pour le traître à sa patrie en temps de paix. C’est ainsi qu’Ulmo, ancien officier de marine, expie à l’île Nou sa honteuse trahison. On ne l’a pas envoyé au bagne avec les voleurs et les criminels.
Or les gens qu’on vient de condamner à Tananarive ne sont ni des voleurs ni des assassins. Ils trahissaient la France et mettaient en péril notre occupation. Il fallait alors les adosser au mur et les faire tomber pour leur perfide idée. C’est la guerre… Mais les envoyer aux travaux forcés avec les bandits, c’est là une solution qui choque nos principes chevaleresques français. Ces hovas ont eu le tort de méconnaître notre autorité, nos lois, nos bienfaits, mais ils n’ont trahi que leur nouvelle patrie. Ils sont moins coupables que l’officier français ayant souillé son uniforme dans une combinaison d’espionnage boche.
Et cependant ce misérable vit en paix, banni et isolé.
(À suivre.)

La Dépêche malgache

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June 19, 2016

Il y a 100 ans : Le bassin de natation

Tamatave, entouré par l’Océan Indien presque de tout côté, est dans l’impossibilité de prendre des bains de mer, à cause des nombreux requins qui y pullulent.
Il y a quelques mois, la Commission consultative, à laquelle s’est joint le Comice agricole, fit observer à M. le Gouverneur Général qu’il y aurait convenance à creuser, dans le récif de la Pointe Hastie, un bassin permettant à la population d’aller sans danger s’ébattre dans l’eau salée. Selon son habitude, M. Garbit s’empressa de donner satisfaction à ce désir.
Peu après, les travaux furent commencés, mais trop près du bord du récif, en un point où déferlaient encore les vagues de haute mer, à tel point qu’un requin vint visiter les travailleurs qui n’eurent que le temps de se sauver.
Les travaux, abandonnés depuis lors, vont être repris, mais cette fois dans l’intérieur du récif, à la pointe même, à la grande satisfaction de la population de Tamatave qui, bien qu’entourée d’eau, se voyait ironiquement privée du moyen souverain d’hygiène qu’est le bain de mer.
Si nos renseignements sont exacts, le futur bassin, sur 50 mètres de large, aura 200 m. de long et les coraux provenant de son creusement seront disposés en murs épais sur tous ses côtés, de manière à en interdire l’accès aux squales les plus hardis.
Inutile de rappeler la satisfaction de la population à inaugurer ce bassin qui lui permettra de se baigner autrement que sur la pointe aigüe des coraux.

Départ de troupes

Se sont embarqués lundi dernier sur Ville d’Oran à destination de Marseille 351 ouvriers de l’Intendance.
Sur le Crimée doivent partir 80 tirailleurs pour France et 280 pour Diégo-Suarez.
Le Tamatave

La mort du général Gaudelette

Le général Gaudelette qui vient de mourir fut un des premiers pionniers de Madagascar, alors qu’il n’était que capitaine.
En 1895, on le revoit sur cette même terre où il est l’un des meilleurs chefs de la phalange héroïque qui devait planter notre drapeau sur les palais de Tananarive.
Sa perte a été vivement ressentie dans le monde colonial.

Le Courrier colonial

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June 17, 2016

Il y a 100 ans : La main-d’œuvre minière de la Grande Île

Dans une de ses dernières séances, la Chambre des Mines de Madagascar a étudié la question de l’irrégularité de la main-d’œuvre, surtout depuis que l’administration exige le payement de la taxe personnelle dans le premier trimestre.
Les deux ou trois premiers mois de l’année, il y a abondance de travailleurs, mais dès que leur taxe personnelle est payée, ils disparaissent et certaines exploitations voient de ce fait leurs chantiers désorganisés, ce qui a de graves conséquences pour l’industrie, notamment dans la région graphiteuse de Vatomandry.
L’assemblée, ayant eu connaissance de ce fait, a décidé de chercher à stabiliser la main-d’œuvre par la commission désignée à cet effet par le gouverneur général. Après s’être entourée des divers renseignements émanant des Chambres consultatives, des Comices agricoles, des Syndicats miniers, du Congrès minier et du Congrès de l’Afrique Orientale, des rapports des administrateurs relatifs aux essais officiels effectués dans certaines régions côtières, la commission est arrivée aux conclusions suivantes :
1° Création d’un livret d’ouvrier et de travail devant être tenu à jour, ce qui constituerait une garantie pour l’indigène en retard avec ses impôts.
2° Création de timbres mobiles pour permettre à l’employeur d’acquitter régulièrement les impôts de ses ouvriers suivant l’importance des sommes dues à ceux-ci. (Les timbres demandés sont déjà en circulation, mais devraient comporter des coupures de 1 franc.)
3° Un projet de décret pour réglementer le contrat d’engagement. (Le contrat serait passé devant l’administrateur ou son représentant. Il serait fait en double et porterait toutes les indications utiles : durée, conditions, etc.) Le projet de décret prévoit des indemnités à payer par l’employeur en cas de rupture de contrat par sa faute. Dans le cas contraire, l’employé indigène serait passible de peines de l’indigénat.
Ce projet de décret a été soumis au département.
La Chambre des mines espère que cette réglementation rendra la main-d’œuvre plus stable et donnera satisfaction aux prospecteurs.

Le Courrier colonial

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June 16, 2016

Il y a 100 ans : Le chemin de fer Tananarive-Antsirabe

Ainsi que nous l’avions annoncé, c’est en janvier dernier qu’a eu lieu l’inauguration du premier tronçon de chemin de fer Tananarive-Antsirabe, dont le terminus est Ambatofotsy, à 17 kilomètres de la capitale.
M. Garbit, gouverneur général, avait invité à cette fête M. Porter.
À la gare d’Ambatofotsy s’était massée une foule d’indigènes. Les honneurs furent rendus au gouverneur général par la milice d’Andramasina. À ce moment, M. Garbit prit la parole, et félicita très vivement l’ingénieur en chef M. Girod et ses collaborateurs. Il exprima le regret de ne pouvoir actuellement poursuivre la construction de la voie, le matériel faisant défaut. On a utilisé, en effet, jusqu’au dernier mètre de rail.
M. Porter, consul d’Angleterre, exprima au gouverneur général tout le plaisir qu’il éprouvait d’assister à cette fête, attestant, une fois de plus, l’effort accompli en vue du développement économique de la Grande Île.

La route de Majunga

Nos compatriotes de Madagascar réclament avec insistance que la route de Majunga (notamment de Tananarive à Ambohidratimo) devienne un peu moins impraticable aux automobilistes, motocyclistes et cyclistes, qui n’osent plus circuler librement par suite du nombre sans cesse croissant des animaux en divagation, dans les villages traversés par cette route.
Les accidents devenant de jour en jour plus nombreux, il serait à désirer que l’administration compétente y mette bon ordre, afin d’éviter un accident qui peut être mortel.

Ouverture de crédits pour Madagascar

Un décret approuve les arrêtés du gouverneur général de Madagascar du 27 novembre 1915, portant, pour l’exercice 1915 :
1° Ouverture du compte du budget local, chapitre 9, article 3, d’un crédit supplémentaire de 2 500 francs ;
2° Ouverture du budget annexe de l’assistance médicale indigène d’un crédit supplémentaire de 68 558 francs, dont 38 558 francs au chapitre 4 (Travaux) et 30 000 francs au chapitre 7 (Dépenses diverses et imprévues).

Le Courrier colonial

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June 15, 2016

Il y a 100 ans : Le carnet d’un boto de pousse-pousse

Il y a quelques jours, mon patron m’avait donné une lettre à destination de Tananarive que je devais déposer à la gare à l’heure du départ du train. Pourquoi cette fantaisie ? Je l’ignore ; sans doute qu’il avait ses raisons. À la gare, le wagon-poste se trouvait juste face à l’entrée. Je n’avais qu’à tendre le bras pour donner mon pli. Un cerbère se dresse devant moi et me demande deux sous, je ne possédais pas cette somme ; il a fallu me débrouiller pour faire ma commission, c’était du reste facile, il n’y a qu’à faire le tour du hall pour se trouver sur le quai sans délier les cordons de sa bourse. Ma commission faite, j’ai attendu le départ du train. J’ai vu des Malgaches bourrer les wagons de colis hétéroclites passé par-dessus les barrières, j’ai vu le cerbère faire payer 2 sous à un malheureux colon, pour le boto qui portait la soubique contenant son repas, je l’ai vu, par contre, s’effacer poliment devant quatre autres, chargés des nombreux bagages de main d’un monsieur fortement galonné. Je l’ai vu refouler une petite caisse portée par un voyageur malgache sous prétexte que les caisses ne comptent pas comme bagage de main et aider le passage d’une énorme valise appartenant à un voyageur de 1ère classe, un fonctionnaire cela va de soi.
Pendant ce temps, le personnel de la gare est sur les dents et n’y peut rien. La faute n’en est pas à lui, mais à ceux qui nous ont construit l’ignoble édifice qualifié de gare.
Il est vrai que ce n’est que du provisoire… c’est justement ce qui m’inquiète.
Sarah B.

État sanitaire

L’état sanitaire laisse à désirer, il y a actuellement de nombreux malades en ville.
Plusieurs cas de dysenterie cholériforme se sont terminés fatalement.
Un père de famille a perdu trois jeunes enfants de cette maladie en l’espace de quinze jours.
N’y aurait-il pas lieu de prendre des mesures sérieuses pour enrayer ce mal qui est, dit-on, très contagieux ?

Empoisonnement

On nous signale de Diégo qu’un des internés boches, le nommé Webs, s’est empoisonné en absorbant du sublimé.
Comment cet interné s’est-il procuré ce poison ? La surveillance ferait-elle défaut ?

La Dépêche malgache

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June 14, 2016

Il y a 100 ans : Autour d’un kabary (2)

(Suite et fin.)
Allez à vos rizières, à vos cultures, à vos affaires, leur a-t-on dit, et secondez les Européens qui ont apporté ici leurs capitaux et leur expérience ; aidez-les, dans votre propre intérêt, à mettre en valeur les richesses de ce pays.
Puissent ces conseils ne point rester paroles de kabary et être enregistrés, affichés même dans tous les gouvernements où l’on en prit, jusqu’ici, trop souvent le contre-pied.
Nous avons entendu également le chef de la colonie indiquer aux Malgaches pourquoi certaines mesures avaient été prises récemment.
Avaient-ils vraiment besoin de le savoir ? Nous admettons cependant parfaitement qu’ils aient été mis à même d’apprécier les conséquences utiles de ces décisions, mais lorsqu’un papa donne quelques chiquenaudes « a posteriori » à Monsieur son fils, il lui dit simplement : Tâche de ne pas recommencer, que la leçon te serve.
Les indigènes n’entendent pas comme nous et donnent aux mots un sens qu’ils n’ont pas. Alors…
Répondirent au Gouverneur Général les indigènes dont les noms suivent et les paroles, interprétées, furent vigoureusement applaudies :
Rainianjanoro, Tananarive ;
Rainikambana, Tananarive (Zone suburbaine) ;
Rainiboto, Ambohidratimo ;
Randriamirado, Arivonimamo ;
Rafatro, Andramasina ;
Prince Ramahatra.
Ces discours, ou plutôt ces harangues, nous en connaissons la facture, elles sont cependant l’écho fidèle des sentiments des populations au milieu desquelles vivent les Ray aman-dreny qui les ont prononcées.
Du discours du prince Ramahatra, nous ne dirons rien. Cependant, il nous semble, à d’autres aussi, lui avoir entendu dire, en malgache, que, au nombre des bienfaits apportés par la France à Madagascar, il fallait compter l’impossibilité, pour qui que ce soit, de faire obligation du travail à l’indigène.
D’un autre côté, on nous dit que ce n’est pas tout à fait cela.
La mauvaise acoustique aura contribué à nous faire mal entendre, à moins que pour mettre tout le monde d’accord on ne s’arrête à cette formule : ce qu’il a voulu dire eût été préférable à ce qu’il a dit.
Un ancien.

Le Tamatave

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June 13, 2016

Il y a 100 ans : Autour d’un kabary (1)

À l’occasion des récents événements et comme suite aux sanctions intervenues, M. le Gouverneur Général a fait, dimanche dernier, 27 février, au Champ de courses de Mahamasina, un kabary aux indigènes.
Des places y avaient été réservées aux membres des corps consulaires, ainsi qu’à ceux de tous les corps constitués, de la presse et des diverses administrations, aux chefs de société, aux colons, etc.
Devant la tribune, des milliers d’indigènes, devant lesquels se tenaient rangés les Anciens, qui reprennent enfin la place prise en ces dernières années par des notables trop jeunes et de mentalité spéciale. Cette modification à un usage aujourd’hui désuet n’a pas échappé aux indigènes.
Voici, d’après La Tribune, le compte rendu de cette cérémonie.
Les Européens, en grand nombre, avaient tenu à assister au kabary fait dimanche dernier par M. le Gouverneur général.
Les colons, premiers intéressés à ce que l’ordre et la tranquillité règnent dans ce pays où ils sont essaimés de par la brousse, et trop souvent complètement isolés, attendaient avec curiosité, avec intérêt, les paroles que le gouverneur ne manquerait pas de faire entendre aux indigènes, à propos des incidents récents.
Ils ont été satisfaits des conseils et des avertissements donnés.
Les avertissements s’adressaient aux sakelika honteux qui se sont laissés endoctriner par les raccrocheurs de feu la V. V. S.
Ils s’adressaient à ceux que la police ne découvrit point et qui, demain, sans doute, comprendront qu’il est de leur intérêt de s’en aller, penauds, demander l’aman, jurant, mais un peu tard, qu’on ne les y reprendrait jamais, jamais, jamais. Et il leur sera beaucoup pardonné dans le silence du cabinet.
Les indigènes furent également avertis que le tribunal se montra indulgent, – si l’on s’en rapporte aux sévérités du gouvernement malgache, – vis-à-vis de ceux qui attendent la décision de la Chambre d’homologation et de certains envoyés à Nosy-Lava ; il n’en serait pas de même en cas de récidive.
Les conseils étaient d’à-propos.
(À suivre.)

Le Tamatave

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June 12, 2016

Il y a 100 ans : Un complot malgache ?

Au mois de janvier dernier furent jugés à Madagascar un certain nombre d’indigènes coupables, d’après l’accusation, d’avoir voulu comploter contre la sécurité de l’île. Au cours du procès, trois Malgaches résidant à Paris furent dénoncés comme faisant partie de la Vivato Saberana (société pour le relèvement de l’île). L’un, Solofo Rabefierana, médecin indigène, terminant ses études à la faculté, fut arrêté le 10 février dernier. Les deux autres, également étudiants en médecine, Rajoafera et Guy Parson, furent laissés en liberté.
Hier, en présence de Mes Bonzon et Marchal, M. Cail, juge d’instruction, a procédé à l’interrogatoire de Rabefierana, qui serait venu à Paris pour entrer en relation avec les agents des puissances ennemies de la France : Allemagne, Autriche, Bulgarie, Turquie et… le Japon.
Le médecin indigène a vigoureusement protesté de son innocence ; il a déclaré ignorer la Vivato Saberana, ajoutant avoir refusé d’entrer dans une société de ce genre comme la proposition lui en fut faite un jour.
Une particularité, et non des moins drôles de l’affaire, est que les inculpés sont poursuivis en vertu de l’article premier du code malgache établi en 1880, c’est-à-dire quinze ans avant la prise de Madagascar par les Français, article prévoyant la peine de mort, pour toute une série d’infractions contre l’État, et cela par un magistrat français.
L’Humanité

Le complot malgache avorté

On se souvient que, dans le courant de janvier, quelques Malgaches, qui avaient comploté de rendre son indépendance à l’île de Madagascar, furent condamnés par la justice indigène en vertu de l’article 1er du Code malgache, qui punit les attentats contre l’ordre public.
L’instruction fit découvrir l’existence d’une société secrète, dite Vivato Saberana (le Relèvement de l’île), dont certains émissaires habitaient Paris. Sur commission rogatoire du président du tribunal indigène du deuxième degré, M. Caill, juge d’instruction, a fait arrêter le docteur Solofo Rabiéférana et l’a soumis, hier, à un interrogatoire. Le docteur nie s’être affilié à aucune société secrète.
Le juge d’instruction entendra prochainement deux autres Malgaches, le docteur Rajoaféra, de l’École de médecine de Tananarive, et le docteur Guy Parson, docteur auxiliaire des troupes coloniales.

Journal des Débats politiques et littéraires

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June 11, 2016

Il y a 100 ans : Les ponts sur la route de Melville (2)

(Suite et fin.)
Sur ces blocs on jeta du sable jusqu’à former une chaussée au niveau de la rue. Et c’est là le premier pont provisoire de la route de Melville. Mais, – il y a un mais, – ce sable, répondant fort mal aux intentions de l’auteur du pont, se permet de dégringoler à travers les blocs de pierre et de boucher les buses. De ce fait l’eau est montée, jusqu’au point d’enlever la chaussée.
Combien de fois ce pont, – tout provisoire qu’il était, – a-t-il été refait ? Je n’essaierai pas de le compter.
Fatigué sans doute de toujours recommencer ce travail de Pénélope, M. Lebureau a imaginé d’y colloquer une buse véritable en ciment. Mais celle-ci, placée trop haut, n’a pas eu meilleur sort que les précédentes, et l’eau monte toujours, car ce pseudo-pont forme une digue véritable.
Que ce pont, puisqu’il n’est que provisoire, ne serve que par intermittence, le mal ne serait pas très grand. Mais, comme il a été dit, il est placé sur un collecteur qui draine les marais avoisinants. Or, l'eau, ne s’écoulant plus, reste dans les marais, et les eaux stagnantes et noires comme de l’encre du collecteur, qui ont recueilli en chemin tous les détritus et toutes les immondices du voisinage, répandent des émanations… dont les passants et les voisins peuvent donner des nouvelles.
Et l’hygiène et l’assainissement en plus de la sécurité, M. Lebureau, qu’en faites-vous ? Vite, un pont, – provisoire, – mais en bois, comme ses confrères de la route de Melville, dont il est le premier.

En route pour Madagascar

Le 17 février se sont embarqués à Marseille sur l’Ispahan, à destination de Madagascar, le sous-lieutenant Schneider, 2 adjudants, 2 sergents et 18 brigadiers et caporaux.
Ce serait là un premier contingent d’officiers et gradés venant du front, qui, – dit-on, – viendraient ici remplacer des hommes du même grade, afin de permettre à ceux-ci d’aller à leur tour combattre les Boches sur le front. Cette mesure répondrait à des instructions formelles données par le Général Galliéni.

Le Tamatave

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 48 titres parus à ce jour.

June 10, 2016

Il y a 100 ans : Les ponts sur la route de Melville (1)

À la dernière réunion des Comice agricole et Commission consultative, sur une question qui a été posée, la Direction des T. P. a fait connaître que les ponts prévus sur la route dite de Melville ne pouvaient être exécutés, parce qu’il était impossible de recevoir d’Europe les matériaux nécessaires, soit fer et ciment, et que, pût-on se les procurer, le prix de ces matériaux a augmenté de telle façon que l’exécution de ces travaux serait des plus onéreuses pour la Colonie.
À l’unanimité, les membres présents ont émis l’avis que ces ponts fussent construits en bois dur du pays, dont la durée permettrait largement d’attendre que les prix du fer et du ciment fussent redevenus abordables.
Par lettre qui a été communiquée aux membres ci-dessus, M. le Chef du service régional a fait connaître que cette proposition avait été agréée par la Direction, et qu’incessamment on allait procéder à la construction de ces ponts. Les colons intéressés ne peuvent que se réjouir de cette décision.
D’ailleurs, dans ce bas monde il n’y a, dit-on, que le provisoire qui dure.
Cependant ce dicton vient de recevoir un démenti formel, à propos d’un autre pont sur cette même route de Melville.
Lors de la création du village de Tanambao, – il y a quelque vingt ans, – un collecteur fut creusé pour drainer les eaux des marais avoisinants. Ce collecteur traverse le village et, au point où il coupe la route principale, on établit un pont, – très provisoire, bien entendu, – je le répète, il n’y a de cela qu’une vingtaine d’années. Un fétu, – dans la vie d’une nation. Or ce pont, – provisoire, – se permet de protester, à sa façon, contre ce provisoire qu’il a l’audace de trouver très long. Peut-être son excuse est-elle dans ce fait qu’il n’est pas un pont méritant réellement ce nom, et il convient de faire connaître comment il fut construit.
Des blocs de pierre furent jetés dans le fond du canal. Ces blocs, quoique placés au hasard, sans symétrie, étaient destinés, suivant les calculs de l’auteur du pont, à former des buses par lesquelles s’écoulerait l’eau du collecteur.
(À suivre.)

Le Tamatave

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June 5, 2016

Il y a 100 ans : Les « Sakelika » en balade

Dans la journée de mercredi dernier, les habitants de Tamatave ont pu voir défiler sur nos boulevards, se rendant au quai d’embarquement, les 221 indigènes condamnés à l’internement dans l’île de Nosy-Lava.
En les voyant passer en rangs serrés encadrés par des miliciens baïonnette au canon, l’œil morne, le corps affaissé et généralement grêle et de petite taille, on se demandait si c’étaient là les terribles cons-pi-ra-teurs qui avaient fait trrrembler des cœurs si vaillants.
La curiosité nous a fait rechercher à quelles classes sociales appartenaient ces grrrands criminels. Voici, par importance, le résultat obtenu :
38 élèves des écoles supérieures, principalement de l’école Le Myre de Vilers.
37 étudiants en médecine.
31 commerçants ou employés de commerce.
24 cultivateurs.
Puis viennent, mais en chiffres très réduits, les représentants de toutes les classes sociales, peut-on dire : 1 propriétaire, 1 marchand de bestiaux, 6 bouchers, 1 cuisinier, 1 boulanger, 1 pâtissier, 2 médecins, 2 infirmiers, 1 pharmacien, 1 dentiste, 1 gardien de léproserie, 6 tailleurs, 2 cordonniers, 2 coiffeurs, 1 blanchisseur-jockey, 4 photographes, 6 instituteurs, 1 artiste, 3 menuisiers, 2 charpentiers, 1 ferblantier, 4 forgerons, 1 dactylographe, 1 secrétaire, 1 planton, 1 professeur de musique, 1 peintre, 3 jockeys, 1 caissier, 1 porteur, 5 écrivains interprètes, 1 commis topographe, 3 surveillants de travaux, 3 contremaîtres, 1 chef cantonnier, 1 chauffeur, 1 conducteur d’autobus, 1 percepteur de marché, 1 chef de canton, 1 mpiadidy et, enfin, représentant le spirituel, 1 pasteur protestant. De quoi former une colonie complète.
Ce qui frappe particulièrement à méditer sur cette liste, c’est que ce sont les intellectuels qui y occupent la plus grande part, c’est-à-dire ceux qui ont reçu le plus de libéralités du gouvernement français.
C’est en vain que la presse, se faisant l’écho des colons, ne cessait de crier que les Malgaches étaient bien loin encore de mériter les faveurs dont ils étaient l’objet. L’administration n’en a tenu aucun compte.
Parmi les condamnés à l’internement au Pénitencier d’Anjanamasina, on compte, sur 42 internés, trente-huit élèves, en grande partie de l’école Le Myre de Vilers.
Pauvre enseignement officiel !… Quelle désillusion !…

Le Tamatave

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June 4, 2016

Il y a 100 ans : Les sociétés indigènes à Madagascar

Entre un arrêté capital de M. Gaston Doumergue concernant l’exportation des os et des fruits à noyaux et une décision de M. Hubert Garbit, nommant une dactylographe auxiliaire au Gouvernement général, le Journal Officiel de Madagascar du 15 janvier rapporte deux arrêtés autorisant la constitution de « l’Association amicale du personnel de l’Enseignement officiel de Madagascar et Dépendances » et la formation, à Tananarive, de « l’Association dénommée la Reconnaissance nationale ».
Enfin, par un arrêté du 19 janvier dernier, M. Garbit a restreint les facilités accordées aux fonctionnaires indigènes de s’affilier à telle ou telle Société : ils ne pourront plus le faire sans autorisation.
Et voilà, grâce à la prévoyance et à la vigilance de M. Garbit, à quoi se réduit la colossale insurrection de l’Île. La montagne en travail accouche d’une souris, et c’est heureux.

La barbe et Caruso à Tamatave

Un homonyme du grand ténor italien tient modestement boutique de perruquier à Tamatave et toutes les élégances masculines et féminines (ondulations et postiches pour dames) vont chez le grand Caruso, au Salon de Coiffure Parisien.
Caruso, la barbe !
Qui eût osé le dire, il y a trois ans, au réputé artiste lorsqu’il chantait devant les snobs extasiés du Wagner à l’Opéra.

Le chemin de fer Tananarive-Antsirabe

L’inauguration du premier tronçon du chemin de fer Tananarive-Antsirabe a eu lieu dans la première semaine de janvier. C’est véritablement un événement dans la vie économique de la Grande Île.
Le Gouverneur général Garbit assistait à cette inauguration, à laquelle il avait convié le consul britannique, M. Porton. Tous les chefs de service et de nombreux fonctionnaires s’y trouvaient également.
M. Garbit félicita vivement ceux qui avaient participé aux travaux de la ligne, et principalement l’ingénieur en chef Girod. La voie semble remarquablement assise et les travaux d’art exécutés à la perfection.
M. Garbit, répondant à une harangue à lui adressée par un indigène, assura la population laborieuse de toute la sollicitude protectrice de la France, et déclara également que les fauteurs de troubles seraient exemplairement punis.

Les Annales coloniales

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June 3, 2016

Il y a 100 ans : Échos

À Madagascar vient de mourir un vieil ami de la France, l’ancien sultan de la Grande-Comore, Saïd-Ali, qui avait donné les plus grandes preuves de son dévouement à notre pays.
Saïd-Ali n’était point un inconnu pour les Parisiens. Il nous rendit visite, il y a six ans, en compagnie de son frère Saïd-Ina et de deux autres membres de sa famille ; et on n’a certainement pas oublié les promenades sur les boulevards de ces quatre personnages vêtus d’amples robes de velours et de soie brodées d’or et ornées de cabochons en pierres précieuses, et coiffés de larges turbans, tenue qui rehaussait d’un pittoresque des « Mille et une nuits » la fière allure de ces hommes très grands au teint cuivré.
Saïd-Ali n’était venu que pour saluer M. Fallières et voir la tour Eiffel. M. Fallières lui donna la cravate de commandeur, et la tour Eiffel une vision de Paris qui lui parut suffisante. Il repartit au bout de deux jours, satisfait et déclarant que désormais il mourrait heureux.
Le Figaro

Le complot de Madagascar

Les journaux de Madagascar ont apporté en France l’écho, très grossi, de nouvelles inquiétantes : un complot avait été découvert dans la grande île, complot qui devait aboutir à une révolution. Des centaines d’arrestations avaient été opérées.
En réalité, les faits sont heureusement moins graves. À la fin du mois de décembre dernier, M. Garbit, gouverneur général de la colonie, fut avisé que quelques élèves des écoles, deux ou trois prêtres et deux ou trois pasteurs indigènes avaient formé une société secrète.
Quel but poursuivaient-ils ? Il a été assez difficile de le préciser. Les meneurs eux-mêmes ne semblaient pas très fixés sur ce point.
Quoi qu’il en soit, quelques exaltés ayant tenu des propos fort répréhensibles, ayant aussi essayé de provoquer des soulèvements, furent livrés à l’autorité judiciaire.
Une instruction fut ouverte, à la suite de laquelle vingt-trois individus furent traduits devant la cour d’assises, qui en acquitta sept et en condamna seize à des peines variant des travaux forcés à la prison.
Ces condamnations mettront fin à un commencement d’agitation qui menaçait de troubler la tranquillité de notre grande colonie africaine.

Le Matin

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